La lettre annuelle de l’évêque remet en mémoire le célèbre discours historique de Dr Martin Luther King Jr / MLK

L’évêque White, le premier directeur général de la Commission Générale Religion et Race, écrit une "lettre d'anniversaire" chaque année pour le révérend Martin Luther King Jr., où il décrit l'état d'avancement de l'égalité raciale aux États-Unis.

Cher Martin,

Je vous écris cette année au moment même où nous allons célébrer le 50eanniversaire de votre discours «I Have a Dream» prononcé lors de la marche historique sur Washington, le 28 août 1963.

Il est difficile de croire que c'était il y a 50 ans. Je me souviens avoir été dans l’un des nombreux bus qui ont quitté Detroit pour rejoindre de nuit la capitale de notre nation. Je partageais un siège avec un pasteur méthodiste et camarade d’études à l'Université de Boston, qui est malheureusement décédé quelques jours auparavant. Il a été attaché à la cause de la justice raciale, comme tant de milliers de Blancs de tous bords, qui faisaient partie de la Marche.

Nous sommes arrivés à la levée du jour. Les rues étaient désertes et calmes, occupées du moins d’une série de bus comme le nôtre remplis de gens venant de tous les coins du pays. Notre bus et plusieurs autres bus ont été dirigés vers une église locale, où nous a été servi le petit déjeuner. L'air était rempli d'espérance.

Au fur et à mesure, le National Mall a commencé à se remplir de milliers de personnes. Je me souviens qu'il est un des rassemblements multiraciaux et inter-religieux les plus importants que j'ai jamais vus. Une multitude d'organisations y étaient représentées, avec des membres portant des pancartes de leur groupe et leurs revendications particulières.

De nombreux membres du clergé étaient facilement identifiables, comme les protestants et les catholiques avec le col romain. Mais il y avait là des représentants d’autres groupes religieux. Dans la foule, on pouvait entendre bien des accents et langues différents. C'était une Pentecôte moderne!

La scène est devenue une occasion festive avec de parfaits inconnus engageant des amitiés rapidement, facilement. Il nous semblait évident que ce n'était pas une manifestation publique ordinaire, en fait, elle a rapidement été enregistrée comme le plus grand rassemblement de ce type jamais réuni à Washington, DC. Pourtant, à première vue, aucun de nous n'avait la moindre idée de la façon dont il allait devenir un événement historique sans précédent. Et bien sûr, personne ne s'attendait à entendre un discours qui serait considéré comme l'un des plus importants du 20e siècle!

Martin, je me souviens que c'était en plein milieu de l'après-midi que vous êtes monté sur le podium pour prendre la parole. Nous avions déjà entendu une série de mini-sermons et différentes sortes de discours. Nous avions été divertis, inspirés, encouragés et mis au défi. Mais quand vous avez commencé à parler, quelque chose s'est passé. Vous avez pris cette foule humaine à un autre niveau. Elle était Eglise!

Et pourtant, il y avait encore plus. D'une certaine manière, vos paroles concrétisaient la vision d'un mouvement pour la justice et l'égalité raciale, et rendaient plus tangibles l'idéal d'une nation et l'espoir d'un peuple. Vous avez dépeint l'Amérique de vos rêves et plus de 200.000 d'entre nous se sont rendu compte que c'était aussi notre rêve !

Martin, ce jour-là, vous avez commencé à faire fondre le cœur d'une nation. Vous avez clarifié un impératif moral qui n'était pas seulement le vôtre, mais qui, comme vous l'avez dit, était «profondément enraciné dans le rêve américain». C'était un rêve d'espoir. C'était un appel à l'action. C’était la reconnaissance que la ségrégation raciale et la discrimination comme mode de vie étaient l'antithèse de la démocratie américaine.

Quelle journée. Quel discours. Quel rêve. Il y a cinquante ans! Et cette année nous rappelons ce moment historique.

Martin, cette dernière année a été d'une part un temps d'accomplissement, - nous observons que la nation se rapproche d'une pleine réalisation de "The Dream". D'autre part, nous avons aussi entendu une rhétorique laide, mesquine, raciste qui nous ramène aux jours que beaucoup avaient cru disparus depuis longtemps. Les préjugés raciaux ont la vie dure.

Martin, tu étais fier de dire, «Aucun mensonge ne ​​peut vivre éternellement." Mais ce que j'ai observé, c'est que le mensonge peut vivre longtemps, très longtemps, très longtemps! L’histoire et la vie des Noirs / Blancs en Amérique du Nord est vieille de plus de 400 ans, plus ancienne que la nation elle-même. Les Noirs ont été diversement définis comme des sous-hommes, comme des biens, comme les trois cinquièmes d'une personne et plus récemment comme «autres». Ce ne sont pas de "vrais Américains". Ce récit est né de l'idée que les Noirs et les gens d’autres couleurs sont naturellement inférieurs, que leur existence même n'est pas égale à celle d'une personne de race blanche. C'est la vieille histoire américaine qui est ce qu'elle a toujours été: un mensonge.

Toutefois, une nouvelle histoire américaine se dessine. Des millions d'Américains de toutes races, ethnies et religions sont en train d’écrire cette nouvelle histoire. Martin, votre «rêve» à bien des égards, est devenu une réalité. Il y a ceux qui vivent cette réalité tous les jours, en effet, certains sont assez jeunes pour avoir jamais connu autre chose.

Mais pas partout, et pas tout le monde. Malheureusement, il y a ceux qui refusent d'accepter la nouvelle histoire américaine. Ils sont coincés dans la vieille histoire, dans leur cœur et leur esprit! Certains font des tentatives pour nous ramener en arriève, bien qu'ils ne puissent jamais plus nous ramener à un stade qui n'est plus. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire. Nous devons trouver un moyen de les aimer dans la nouvelle histoire américaine.

Votre rêve continue d'être une vision de l’Amérique du futur. Cette année, nous nous rappelons, comme nous nous souvenons de vos paroles tonnant dans une foule humaine il y a 50 ans. Un rêve non seulement «profondément enraciné dans le rêve américain», mais aussi dans la volonté de Dieu pour la création.

Joyeux anniversaire, Martin.

Woodie

PS, j'ai presque oublié. Le président Barack Obama a été élu pour un second mandat! Time l'a désigné comme la personnalité de l'année, en notant, «En 2012, il a trouvé et forgé une nouvelle majorité, transformant la faiblesse en opportunité et cherchant, au milieu d'une grande adversité à créer une union plus parfaite». Par coïncidence, l'investiture du président Obama aura lieu le lundi 21 janvier, Jour férié, le jour même où la nation célèbre cette année votre anniversaire. Et enfin, en 2013, nous célébrons le 150e anniversaire de la Proclamation de l'émancipation, signée par Abraham Lincoln, mettant fin à l'esclavage aux États-Unis d'Amérique, le 1er Janvier 1863!

L’évêque White est évêque à la retraite en résidence à la Faculté de Théologie Candler de l'Université Emory à Atlanta.

17 janvier 2013

Traduction eemni

The United Methodist Reporter