FRANCE, STRASBOURG: un comité protestant dénonce une "escalade antireligieuse"

 Le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine (CPDH) a dénoncé samedi "l'escalade antireligieuse de certains courants de notre société", estimant qu'une éventuelle loi pour interdire tout signe religieux à l'école "ne rendrait pas les Français plus tolérants". 


"L'intégrisme laïque interroge, autant que l'intégrisme religieux", estime dans un communiqué cette organisation basée à Strasbourg. "Il ne faudrait pas (...) qu'à partir de la crainte de l'ostentatoire se développe une attitude attentatoire à la liberté de conscience et de religion, droit humain fondamental", ajoute le CPDH. 


"Ce n'est pas en interdisant le port de signes religieux qu'on rendra les Français plus tolérants. Ne prenons pas le risque de transformer la fracture sociale actuelle en nouvelle fracture religieuse", estime encore le Comité. 


Cette prise de position dans l'actuel débat sur la laïcité survient après celle des responsables de l'Eglise catholique. Le 10 novembre, le président de la conférence des évêques de France, Mgr Jean-Pierre Ricard, avait estimé qu'une loi interdisant le voile à l'école constituerait une "régression de la liberté religieuse"


le texte du communiqué de presse dans son intégralité:


POUR UNE LAÏCITÉ CONSTRUCTIVE

Contre l'interdiction de tous signes religieux


Le CPDH - Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine -rejoint les nombreuses voix qui s'élèvent actuellement afin de dénoncer l'escalade antireligieuse de certains courants de notre société. L'intégrisme laïque interroge, autant que l'intégrisme religieux.


Il ne faudrait pas, comme avec la loi Aboud Picard sur les sectes, que des peurs exploitées, fondées ou non, ne soient que prétextes à un contrôle et à une limitation du fait religieux; qu'à partir de la crainte de l'ostentatoire se développe une attitude attentatoire à la liberté de conscience et de religion, droit humain fondamental.


Pour préoccupante qu'elle soit, l'affaire des foulards islamiques est davantage l'expression de la fracture sociale qui s'accentue dans notre pays et qui renforce la montée de certains communautarismes.


Ce n'est pas en interdisant le port de signes religieux qu'on rendra les Français plus tolérants.


Ne prenons pas le risque de transformer la fracture sociale actuelle en nouvelle fracture religieuse.


C'est pourquoi le C.P.D.H. encourage tous les acteurs à rechercher comment associer à la vie nationale les apports constructifs de tous, y compris des groupes religieux; à trouver le passage d'une laïcité d'abstention vers une laïcité de participation qui demandera certes un long travail d'ouverture, mais qui seule assurera la cohésion sociale dont notre pays a tant besoin.


Développement complémentaire:


La laïcité est non seulement une protection fondamentale des convictions de chacun, mais aussi la garantie que les convictions des autres ne leur seront pas imposées. Il ne peut être que fécond de dépasser les débats d'école pour prêter attention aux signes si nombreux de la vie religieuse dans la société d'aujourd'hui. Le religieux revendique un rôle dans l'espace public. Il ne laisse plus à la seule pensée laïque le monopole d'éclairer la marche de la société et réclame que les libertés fondamentales de la république soient respectées.

L'exercice de la liberté religieuse cultive en général le sens des autres et permet ainsi à l'individu qui professe sa foi de vivre avec son prochain dans une relation juste. Il est aussi facteur d'intégrité morale assurant la société civile de repères stables et constructifs.