LE COE ET L’ANNULATION DE LA DETTE D’HAITI


Une femme attend de la nourriture et des fournitures d'urgence de la Fédération luthérienne mondiale, au camp Saint Thérèse à Petionville, Haïti. Photo: Paul Jeffrey/ACT Alliance

DEMANDE PRESSANTE 

Une "annulation immédiate et complète" de la dette extérieure d’Haïti serait "seulement un premier pas": le pays frappé par le séisme a besoin en outre d’un plan d’ensemble visant à "soutenir le relèvement, l’éradication de la pauvreté et le développement durable", affirmait alors le pasteur Tveit. 

Un tel plan "doit être élaboré avec l’adhésion pleine et entière de la population d’Haïti, soutenu par la communauté internationale et coordonné par les Nations Unies", ajoute-t-il. 

En plus de l’annulation de la dette et de la fourniture d’aide d’urgence à court terme, Haïti a besoin de programmes "de reconstruction et de développement durable à moyen et à long terme". Cependant, "toute assistance financière devrait prendre la forme de dons, et non de prêts qui ne feraient qu’accroître l’endettement du pays", poursuit le secrétaire général du COE. 

Haïti, pays le plus appauvri de l’hémisphère occidental, est aussi un pays lourdement endetté. Bien qu’une dette extérieure d’environ USD 1.2 milliard ait été remise en juin dernier par les institutions financières internationales, le pays doit encore quelque USD 641 millions à des banques multinationales et à des pays. Cette année, le calendrier de remboursement prévoit qu’Haïti verse environ USD 10 millions au Fonds monétaire international.

"La plus grande partie de la dette accumulée par Haïti est manifestement inéquitable et odieuse", affirme le pasteur Tveit, étant donné que plus de la moitié de cette dette "vient de prêts qui ont été accordés à la brutale dictature des père et fils François (‘Papa Doc’) et Jean-Claude Duvalier" et qui "n’ont apporté aucun avantage à la population d’Haïti". 

"Obliger Haïti à effectuer des remboursements au détriment des soins de santé, de la formation et d’autres programmes sociaux essentiels est illégitime. Exiger un paiement en ce temps de détresse et de destruction immenses est moralement insoutenable", souligne le pasteur Tveit. 

"Justice et sollicitude: la situation en Haïti n’exige rien de moins", conclut-il. 

DECISION DU G7 

Le COE se félicite de la décision du G7 sur la dette haïtienne et demande au FMI de suivre l'exemple

Le ministre des Finances du Canada, James M. Flaherty a récemment accueilli la réunion du G7 (sept pays les plus industrialisés du mondedans son pays, lequel a promis le 7 février 2010 d'annuler la dette encourue par Haïti envers eux.

Dans une lettre aux ministres du G7, le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, a exprimé sa satisfaction vis-à-vis du G7 tout en réitérant l'appel du COE "à l'annulation immédiate et complète de la dette étrangère encourue par Haïti, car ce pays, victime d'un séisme, a besoin d'un projet plus vaste visant à soutenir la reprise, éradiquer la pauvreté et encourager le développement durable."

Il a également appelé les institutions financières internationales à "prendre de toute urgence des mesures en vue de l'annulation de la dette haïtienne" à l'exemple du G7 et de veiller à ce que le soutien financier à Haïti "prenne la forme de subventions, sans créer de dettes".

Le pasteur Tveit a réitéré l'engagement de la famille œcuménique envers les besoins à long terme d'Haïti. Les Eglises et les organisations liées à l'Eglise du monde entier ont participé aux efforts de secours depuis la catastrophe, notamment à travers l'Alliance ACT, un rassemblement œcuménique mondial d'Eglises et d'agences liées à l'Eglise spécialisé dans les secours d'urgence et le développement. ACT Alliance est une organisation partenaire du COE.Le pasteur Tveit y exprime l'espoir que la mesure prise par le G7 permettra "d'encourager les autres pays et les institutions multilatérales à s'engager en faveur de l'annulation inconditionnelle des dettes encourues par Haïti."

Concernant le FMI, le pasteur Tveit s'est dit préoccupé par le fait que "des prêts supplémentaires" de la part de l'institution ne feraient qu'alourdir le "fardeau d'Haïti". Il a regretté que le FMI n'ait pas démontré une "volonté claire" ni pris encore "des mesures concrètes pour annuler la dette actuelle du pays".

Le 20 janvier, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn avait indiqué que l'institution collaborait "avec tous les donateurs pour tenter d'effacer la totalité de la dette haïtienne", y compris le dernier prêt exempt d'intérêt de 100 millions de dollars accordé par le FMI. "Si nous réussissons - et je suis sûr que nous réussirons - même ce prêt s'avèrera être une subvention, parce que toute la dette aura été effacée", avait déclaré Dominique Strauss-Kahn.

Depuis lors, les responsables du FMI montrent beaucoup moins d'enthousiasme que leur patron. Le 27 janvier, la chef de mission du FMI pour Haïti, Corinne Deléchat, a fait comprendre que l'allègement de la dette serait conditionné à une évaluation des besoins suite à la catastrophe, qui serait réalisée en février. Elle a ajouté qu'un allègement de la dette aurait des répercussions "minimes en comparaison des besoins."

Le 4 février, la directrice des relations extérieures du FMI, Caroline Atkinson, a déclaré que l'allègement de la dette "n'est pas une question d'actualité", car "Haïti ne doit au FMI aucun service de la dette et le pays n'en devra pas avant au moins deux ans".


10 février 2010

COE