Le Conseil méthodiste mondial a approuvé la signature d'un accord théologique conclu en 1999 entre l'Eglise catholique et les Eglises luthériennes à propos de "Déclaration sur la doctrine de la justification".
Cette décision, attendue, a été ratifiée par le Conseil méthodiste à l'occasion d'une rencontre à Séoul de la Conférence mondiale méthodiste qui se réunit tous les cinq ans. Le Conseil méthodiste a également adopté une résolution autorisant la poursuite d'un dialogue débuté en 1966 avec l'Eglise catholique avec pour objectif "la pleine communion dans la foi, la mission et la vie sacramentelle".
Réuni jusqu’à lundi 24 juillet à Séoul, en Corée du Sud, le Conseil méthodiste mondial a décidé de signer l’accord luthéro-catholique sur la doctrine de la justification. Par cette déclaration, signée en 1999 à Augsbourg (Allemagne), indique le quotidien catholique "La Croix", l’Eglise catholique et la Fédération luthérienne mondiale (FLM) affirmaient leur foi commune dans la "justification par la foi". Un point discuté depuis le XVIe siècle et qui avait précipité la rupture entre Rome et Luther.
Dans cet accord – auquel le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait personnellement travaillé –, catholiques et luthériens reconnaissaient que les condamnations prononcées à l’époque de la Réforme n’avaient plus lieu d’être.
"Les méthodistes sont indubitablement en accord avec l’idée de justification par la foi, et nous nous devons d’ajouter nos noms à cette Déclaration", expliquait, la semaine dernière, le pasteur George Freeman, secrétaire général du Conseil méthodiste mondial, à l’United Methodist News Service. Ce dernier soulignait que "les méthodistes dialoguent avec l’Eglise catholique depuis le concile Vatican II".
Pour célébrer cet accord, un service spécial a été célébré dimanche à Séoul, assure "La Croix, dans son édition de mardi.
Réactions
"Ce jour est l’un des plus importants dans l’histoire de nos Eglises", s’est réjoui le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui y assistait, ainsi que le pasteur Ishmael Noko, président de la FLM, et le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, lui-même méthodiste.
Mouvement de réveil protestant apparu au XVIIIe siècle, le méthodisme a été fondé par John Wesley (1703-1791), un pasteur anglican converti par la lecture d’un commentaire de Luther sur l’Epître aux Romains. L’"esprit de méthode" dont ses premiers disciples faisaient preuve dans leur pratique religieuse leur valut vite le surnom de méthodistes, dans lequel se retrouvent aujourd’hui, selon "La Croix", 76 millions de fidèles dans 130 pays, dont plusieurs célèbres responsables politiques comme Margaret Thatcher, Hillary Clinton ou l’actuel président américain George W. Bush.
L’accord signé dimanche 23 juillet ne devrait pas avoir d’effets pratiques immédiats, mais il souligne un net réchauffement des relations œcuméniques et devrait ouvrir de nouvelles coopérations entre les Eglises signataires. La semaine dernière, le CMM a d’ailleurs largement approuvé un approfondissement du dialogue œcuménique, notamment avec l’Église catholique, avec qui il espère établir « une pleine communion de foi, de mission et de vie sacramentelle ».
Plusieurs de ses Eglises membres demeurent néanmoins réticentes. Début juillet, l’Eglise méthodiste du Brésil a ainsi voté, contre l’avis de ses responsables, son retrait de toute organisation dont ferait également partie l’Église catholique, écrit en conclusion pour "La Croix" Nicolas Senèze.
25 juillet 2006
Source: Apic