MICHAEL JACKSON : UN DEMENTI ET UN COMMENTAIRE

Un démenti : Michael Jackson n’a pas adopté la foi chrétienne quand il a reçu le couple de chanteurs gospel Crouch.

Un commentaire incisif sur l’»idolisation» consommée de la star de la pop.

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Un démenti

Des chanteurs de Gospel américains en contradiction avec les médias

Le chanteur pop Michael Jackson, décédé le 25 juin, s’est-il décidé, quelques semaines avant sa mort, pour une vie de chrétien? Les chanteurs de Gospel Andrae Crouch et sa sœur jumelle Sandra (tous deux de San Fernando, Etat de Californie) ont contesté les dépêches diffusées par les médias américains. Selon ces médias, les deux chrétiens, trois semaines avant la mort de Jackson, ont eu un entretien avec le chanteur, au cours duquel ce dernier a adopté la foi chrétienne dans une prière. Comme les deux artistes l’ont fait savoir à l'agence de presse Assist News Service (Lake Forest / Californie), cette présentation est erronée. Ils se seraient rencontrés récemment pour parler de l’éventuelle reprise de deux chansons pour un nouveau projet de Jackson. «Michael a toujours eu du respect et de l’intérêt pour les choses spirituelles. Au cours de notre réunion, nous avons chanté, prié ensemble et nous avons eu un temps merveilleux - comme lors de nombreuses réunions avec lui auparavant -. Nous sommes profondément attristés de sa mort soudaine et tragique». Andrae Crouch (67 ans) a collaboré au cours de sa carrière musicale avec Elvis Presley (1935-1977) et Madonna. Aujourd'hui, il dirige avec sa soeur la «Christ Memorial Church» à San Fernando, qui fait partie de la «Church of God in Christ», église de Pentecôte afro-américaine  (Eglise de Dieu en Jésus-Christ). 

Il avait voulu être comme un «Messie» 

Quand Michael Jackson est vénéré comme un saint 

Commentaire d’Elisabeth Hurth 

La mort récente et mystérieuse de Michael Jackson a déclenché un culte posthume non sans rapport avec le mystère de l'éternité. «Jacko est vivant» - telle est la foi de beaucoup de fans de la star, dont la «dévotion» est renforcée par un grand nombre de rituels. Les médias élaborent la légende du «roi de la Pop» et mystifient sa mort. A partir de cette image de «roi» distillée par les médias, on est passé à une forme particulière de «culte des Saints».

L’actuelle „Michael-Mania“ confirme un phénomène que l’on observe depuis longtemps déjà: le remplacement des modèles «classiques» religieux par les idoles de masse, qui vivent principalement grâce aux médias et à travers eux. Les idoles fournissent des modèles d'identification, répondent à des aspirations religieuses et reprennent à leur compte tout ce que les modèles et les saints du passé «assumaient». Il s'avère que les nouveaux personnages culte avancés par les médias récupèrent des ressources autrefois liées aux églises. 

Si l'on considère l’idolisation du «King of Pop», il est alors clair que dans une société sécularisée comme la nôtre c’est à l'homme lui-même de déterminer qui est «digne de vénération» et compte pour exemple. La dévotion dont bénéficie actuellement le «roi de la Pop» montre que les gens récupèrent ici les traits qu’ils ne mettent plus en relation avec les modèles traditionnels de la foi chrétienne - un homme, dans lequel on se retrouve soi-même et dans lequel on peut projeter ses rêves.

C’est ainsi en effet que Jacko devient  «digne de vénération», car en lui la «perfection» des modèles traditionnels apparemment inaccessible est remplacée par une vie aussi bien authentique qu’excentrique. 

Plus il est fou, plus il est fascinant 

La star d’Hollywood classique était autrefois un personnage difficile à approcher, et dans le même temps un personnage «extatique». Des stars emblématiques comme Greta Garbo faisaient partie des «élus», grâce à qui le public pénétrait dans un monde teinté d’exotisme et d’érotisme lui permettant de fuir la grisaille de son quotidien. Il apparaît aujourd'hui que c’est le côté excentrique et bizarre des stars qui attire et porte au succès. Plus les stars suivent avec excès et sans limites la thématique du «Sex, Drugs & Rock'n Roll», plus grandit la fascination des fans. La star excentrique vit par procuration le côté sombre des fans. Elle fait tout ce qu’on n’ose pas faire par peur et retenue.

La «rédemption»

Michael Jackson a joué avec cette image, dans son Megahit «Bad». Plus il modifiait son apparence, plus il a essayé en même temps de donner de lui-même l’image de l’«éternel enfant» au service de l'humanité. Cette mise en scène spécifique du «Messie» correspondait à la «vocation», que le «King of Pop» réclamait pour lui-même. Quand Jackson dans sa vidéo «Stranger in Moscow» rejoint le ciel avec ses bras grand ouverts en assumant sa solitude et la solitude de tous les êtres humains, et quand, comme dans la vidéo «They don’t care about us», il lance avec son inimitable gémissement et hoquet un enthousiaste cri primal, c’est alors qu’elle se pointe : la «rédemption». Dans un clip, il laisse entendre que tous les problèmes d’un bidonville brésilien sont réglés par son intervention. Ce salut «instantané» n'est pas mis en rapport avec l'action salvifique de Dieu en Jésus-Christ, il est beaucoup plus provoqué par une idole chargée de messianité, qui - au moins pour la durée du clip - fait oublier la souffrance, la douleur et la mort. 

La «communauté» veut lui ressembler

Dans son roman «Le modèle» («Das Vorbild»), Siegfried Lenz explique le culte des idoles comme la perversion des modèles à suivre. La «communauté» suit son idole «de sa folle vénération» et souhaite «lui ressembler». Mais ce que l'idole a à lui offrir n’est autre qu’«une religion bon marché de l'oubli» qui permet à la «communauté» de se mettre «en congé» et de «vivre à la dérobée». Cette «religion» «fouette» l’homme «dans des jardins bienheureux» et «libère» les fans «temporairement de leurs manques». La «Michael-Mania» lancée par les médias montre aussi qu’on peut apparemment répondre avec succès à de telles aspirations religieuses grâce à une «expérience» du «salut» ici et maintenant. Mais une telle «vénération» idolâtre finalement une production médiatique et pervertit tout don de la grâce authentique et durable. 

(06.07.2009/12: 06)

Traduction eemni

Idea allemagne