USA : l'Université Southern Methodist s'oppose au président Bush

L'autorité de George W. Bush est contestée comme jamais aux États-Unis. Même la planification de sa bibliothèque présidentielle dans son fief politique du Texas se fait dans la controverse.


Mais cette fois-ci, l'opposition ne provient pas du camp démocrate. Ce sont plutôt des révérends méthodistes, sa propre église, qui s'insurgent contre la décision de George W. Bush de construire sa bibliothèque présidentielle à l'Université Southern Methodist, à Dallas. 


William McElvaney, 78 ans, est l'un des 23 pasteurs méthodistes - et des 10 000 citoyens - à avoir signé une pétition demandant à l'université de rompre les pourparlers avec le clan Bush. Le révérend de Dallas refuse de voir son église, qui est propriétaire de l'université, s'associer à l'administration Bush. « Déclarer la guerre à l'Irak, un pays qui n'a jamais été une menace pour les États-Unis, n'est pas conforme aux principes méthodistes, dit-il en entrevue à La Presse. En plus, Bush l'a fait sous de fausses prémisses. Les principes méthodistes favorisent la paix et le respect des droits de la personne. La guerre ne doit être envisagée qu'en tout dernier recours. «


Mais il n'y a pas que l'Irak. Le révérend McElvaney, qui a enseigné la théologie à l'Université Southern Methodist de 1988 à 1993, n'a pas digéré les accrocs de l'administration Bush aux principes méthodistes à la prison de Guantánamo. 


Pourtant, George W. Bush n'est-il pas un fervent méthodiste et l'un des présidents les plus religieux de l'histoire des États-Unis ? « Vous pouvez dire que vous êtes très religieux, mais déclarer une guerre inutile et ne pas tenir compte de la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers ne sont pas des actes très religieux. Beaucoup de gens se disent religieux pour ensuite agir d'une tout autre façon «, dit le révérend McElvaney, qui a déjà rencontré George W. Bush au cours d'une cérémonie protocolaire à l'Université Southern Methodist, au milieu des années 90. M. Bush était alors gouverneur du Texas. 


La grogne à l'égard du dernier projet de George W. Bush a même gagné le corps professoral de l'Université Southern Methodist. Au point où le président de l'institution a dû rencontrer 125 de ses 600 professeurs en janvier dernier pour les convaincre des vertus du projet. La principale pomme de discorde : la venue d'un institut politique contrôlé par une fondation privée - dirigée par le clan Bush - et non par l'organisme gouvernemental responsable des bibliothèques présidentielles. 


L'Université Southern Methodist, qui tient à la bibliothèque, fait bien de garder un oeil sur son corps professoral. En 1981, les professeurs de l'Université Duke avaient voté contre la venue d'un musée consacré à Richard Nixon sur leur campus. Le président Nixon, diplômé en droit à Duke, n'a eu d'autre choix que de plier bagages et d'installer sa bibliothèque dans sa ville natale de Yorba Linda, en Californie. 


Mais le révérend McElvaney ne se fait pas d'illusions : la bibliothèque de George W. Bush aura pignon sur rue à l'Université Southern Methodist, une institution qui entretient déjà des liens étroits avec le président. Sa femme Laura en est diplômée et membre du conseil d'administration. Elle a même une promenade à son nom dans le campus grâce à un don de 250 000 $ US de son mari. Le reste de l'administration Bush n'est pas en reste : le vice-président Richard Cheney y a été diplomate en résidence et membre du conseil d'administration. 


Après sa réélection en 2004, le président Bush a demandé à sept universités et une ville, toutes situées au Texas, de soumettre leur candidature pour accueillir sa bibliothèque. Il a ainsi ignoré ses deux alma mater, Yale et Harvard. 


Le 21 décembre, Donald Evans, ancien secrétaire américain au Commerce sous George W. Bush et responsable du comité de sa bibliothèque présidentielle, a annoncé qu'il ne négocierait dorénavant qu'avec l'Université Southern Methodist. Aucune entente n'a encore été conclue.


La bibliothèque du 43e président des États-Unis sera à l'image de sa politique budgétaire à la Maison-Blanche. Elle coûtera cher : environ 500 millions de dollars, soit trois fois plus que celle de son prédécesseur Bill Clinton.


Vincent Brousseau-Pouliot


Le samedi 24 février 2007


Source: La Presse/cyberpresse.ca