C’est qui Charlie ?
Martin Handford, illustrateur des livres pour enfants « où est Charlie ? », publiés par les éditions Gründ, a consacré un dessin en hommage au journal français « Charlie Hebdo », endeuillé par le massacre du 7 janvier 2015.
L'illustrateur britannique a effacé le sourire de son personnage à lunettes, lui a ôté son bonnet à pompon et, crayon papier à la main, lui a fait dire: «Je suis Charlie». C’est simple, c’est fort. Dans les livres « où est Charlie ? » il faut chercher ce petit personnage en polo rayé rouge et blanc au milieu d’une foule si dense, si colorée, que « Charlie » ne peut être repéré au premier coup d’œil. Il faut beaucoup d’attention et de persévérance pour parvenir à l’identifier. Ce Charlie là n’est ni satyrique, ni provocateur, ni pourfendeur de symboles. Il est simple, modeste, assez peu « à la mode » et puis il a un look sans aucune extravagance, sans beauté et sans éclat particulier pour attirer les regards. Il est là presque anonyme. Et tout à coup son nom s’affiche sur tous les écrans de télés, d’ordinateurs et autres tablettes, brandi par des millions de citoyens … tous veulent être Charlie. La foule éclectique se fige autour de la même identité. Chacun semble comprendre que sa vie peut être en danger et que l’on peut mourir pour ses idées, assassiné par d’intolérables intolérances. La foule, autour de Charlie, s’insurge avec raison : défendons la liberté d’expression ! Dire que le 7 janvier 2015, l’association « Portes Ouvertes », rendait public son « index mondial de persécution » (les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés) sans pour autant soulever l’opinion ! Dans la presse nationale peu de mobilisation. Toutes les morts ne se valent pas, nous le savons ! Mais aujourd’hui, tous les persécutés, les bâillonnés, les torturés, les suppliciés, les exécutés, les assassinés pour ce qu’ils ont osé proclamer, ont peut-être trouvé une identité … très médiatisée.
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Matthieu 22 v.39
Franck MEYER
Président du CPDH
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Agir
Le CPDH vous propose de lire où relire un extrait de « l’engagement du Cap »rédigé à la suite du troisième Congrès de Lausanne pour l’évangélisation du monde (Le Cap, 16-25 octobre 2010), qui a rassemblé 4200 responsables évangéliques de 198 pays
Vivre l’amour du Christ auprès de ceux qui professent d’autres religions
1. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » inclut les personnes qui professent d’autres religions.
Au vu des affirmations énoncées dans la Confession de foi du Cap, nous répondons à notre vocation céleste de disciples de Jésus-Christ : voir les personnes qui professent d’autres religions comme nos prochains au sens biblique du terme. Ces personnes sont des êtres humains créés à l’image de Dieu, que Dieu aime et pour les péchés de qui le Christ est mort. Nous faisons notre possible non seulement pour les considérer comme nos prochains, mais aussi pour obéir à l’enseignement du Christ qui nous demande d’être leurs prochains. Nous sommes appelés à être doux, sans être naïfs ; à faire preuve de discernement et ne pas être crédules ; à être attentifs à toutes les menaces qui planent sur nous, mais à ne pas vivre sous l’empire de la peur.
Nous sommes appelés à faire part de la bonne nouvelle, mais pas à nous engager dans un prosélytisme mal venu. L’évangélisation, qui comprend une argumentation rationnelle convaincante à l’instar de ce que pratiquait l’apôtre Paul, est la présentation de l’Évangile « de façon ouverte et impartiale, en laissant les auditeurs libres de se faire leur propre opinion. Nous souhaitons faire preuve de sensibilité vis-à-vis des croyances différentes de la nôtre et nous rejetons toute démarche conduisant à des conversions forcées. »[1] Le prosélytisme est, au contraire, une tentative pour forcer autrui à devenir « l’un des nôtres », à « accepter notre religion », voire à « entrer dans notre dénomination ».
A) Nous nous engageons à une éthique scrupuleuse dans toute notre évangélisation. Notre témoignage doit être caractérisé par l’humilité et le respect, en veillant à garder une conscience pure.[2] Nous rejetons donc toute forme de témoignage qui serait coercitive, moralement contestable, mensongère ou irrespectueuse.
B) Au nom du Dieu que nous aimons, nous nous repentons de notre manque de volonté pour rechercher l’amitié avec les personnes de confession musulmane, hindoue, bouddhiste ou autre. Animés par l’esprit de Jésus, nous prendrons l’initiative de leur manifester amour, bonne volonté et hospitalité.
C) Au nom du Dieu de vérité, nous refusons de répandre des mensonges et des caricatures sur les autres religions, et nous dénonçons et refusons l’incitation aux préjugés, à la haine et à la peur racistes véhiculée par les médias populaires et la rhétorique politique.
D) Au nom du Dieu de paix, nous rejetons le chemin de la violence et de la vengeance, même en cas d’attaque violente, dans toutes nos relations avec des personnes qui professent d’autres religions.
E) Nous affirmons qu’il existe une juste place pour le dialogue avec les personnes d’autres religions, tout comme Paul a engagé le débat avec les Juifs et les non-Juifs dans la synagogue et dans l’arène publique. Dans le cadre légitime de notre mission chrétienne, un tel dialogue associe la confiance dans le caractère unique du Christ et dans la vérité de l’Évangile à une écoute respectueuse des autres.
[1] Manifeste de Manille, paragraphe 12
[2] 1 Pierre 3.15-16, comparer à Actes 19.37.
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