RDC: interview d’un ancien ministre à l’Energie, le pasteur Pierre Lokombe Kitete, aujourd’hui sénateur du Pprd, au journal Le Potentiel

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MARIE MUTEBA K. Sénateur du Pprd et Professeur d’Université 


1. Vous avez été ministre Laurent-Désiré Kabila à l’Energie. A votre départ du gouvernement, l’opinion vous a accusé d’enrichissement illicite. Qu’en dites-vous?


Votre question est tirée d’une opinion « d’enrichissement illicite ». En premier lieu, le contexte du régime L-D Kabila ne pouvait pas du tout tolérer des actes de ce genre. C’est un récit imaginaire de leurs auteurs. En deuxième lieu, l’enrichissement illicite est l’une des anti-valeurs contre lesquelles s’est élevée la révolution politique à laquelle nous avons adhéré. C’est parce qu’il ne pouvait en être autrement à l’époque de Mzee L-D Kabila qu’une telle opinion est née dans des débits de boissons. En troisième lieu, en tant que chrétien, je ne devais pas aborder cette question étant donné que la Parole de Dieu (Romains 14 :1) m’empêche de discuter sur les opinions surtout si celles-ci viennent d’une personne faible dans la foi. De telles opinions véhiculent souvent des contre-vérités ou des mensonges que la parole de Dieu condamne. Dieu hait la langue menteuse et le faux témoignage qui dit des mensonges et qui, de ce fait, égare le peuple (Jérémie 23:32). Etant donné que vous risquez de croire que j’esquive votre question, je vous dis alors ceci : Le Pr. Lokombe Kitete Pierre est un homme qui, par la grâce de Dieu, sait s’organiser moyennant ce qu’il gagne. La parole de Dieu dit: tout travail procure l’abondance. Etant béni par Dieu, le prof Lokombe a eu des maisons d’habitation et des véhicules à Wembo-Nyama, à Kindu, à Kisangani et à Kinshasa avant d’être ministre à l’Energie. Si l’on craint Dieu et l’on garde ses commandements, il n’hésitera pas à donner avec abondance toutes choses.


2. Vous êtes sénateur du Pprd. Dernièrement, le chef de l’Etat, Joseph Kabila, s’est démarqué du Pprd, son parti, en se positionnant comme «candidat du peuple». Quel commentaire ce «revirement» vous inspire-t-il ?


Le Pprd a été créé comme parti politique, alors que j’étais déjà le compagnon de Mzee L.D. Kabila ou membre de ce que l’on appelle depuis Sun City, la composante gouvernement. Il est normal que je sois une partie intégrante du Pprd. Dans la structure du parti, je suis membre de Conseil national. Malgré cela, suis-je mandaté pour parler de la décision du chef de l’Etat de se présenter aux élections comme candidat du peuple et non du Pprd, ? Vous appelez cela un «revirement » et vous me demandez d’en faire un commentaire !


3. Plusieurs observateurs étrangers et nationaux regrettent la non participation de l’Udps au processus électoral en cours dans notre pays. Comment entrevoyez-vous l’après-élections au Congo sans l’implication du parti d’Etienne Tshisekedi ?


Il est connu de tout le monde que M. E. Tshisekedi est une grande figure politique qui a exercé de hautes fonctions politiques dans notre pays, exception faite de la magistrature suprême. Si aujourd’hui, le président et son parti politique Udps ne participent pas au processus électoral, cela n’engage que leurs consciences et leur responsabilité. En outre, rappelez-vous que la démocratie suppose, entre autres, la liberté et le respect des lois. Ce sont là les principes d’un pays de droit. Le nombre de personnes enrôlées est largement suffisant pour que les élections aient lieu. Le mal serait de contraindre le président et son parti Udps à voter ou à ne pas voter. Nous qui avons accepté de nous enrôler, nous irons aux élections pour mettre fin à la crise de légitimité des institutions et de leurs animateurs, une crise qui est à la base des intrigues politiques, des guerres et de l’insécurité. Enfin, le président Joseph Kabila s’est beaucoup investi pour que le pays soit aujourd’hui en paix. Nous avons intérêt à sauvegarder cette paix qui est un atout pour la réconciliation nationale et le progrès.


4. Le Maniema, votre province, est l’une des parties du pays les plus déshéritées. En tant qu’homme politique, que préconisez-vous pour provoquer le progrès socio-économique de votre contrée?


Que votre affirmation soit un jugement de valeur ou non, une chose m’étonne toujours. C’est celle de voir que beaucoup de gens se complaisent à rester ici à Kinshasa alors que cette ville n’a ni or ni diamant ni suffisamment d’étendue de terre pour l’agriculture. C’est une ville qui ne vit que de taxes et de l’apport des autres provinces. S’il en est ainsi pour Kinshasa, cela n’est pas le cas pour la province du Maniema dont les eaux du fleuve et des rivières, la savane et les ressources minières couvrent une superficie de 132.776 Km2 et restent encore inexploitées. La solution est donc claire pour tout homme politique qui n’use pas de démagogie. Il n’y a que Dieu qui a le pouvoir de créer toutes choses par la parole. Pour l’homme, Dieu dit: «C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain?» (Genèse 3 : 19). Les Français ajoutent: «Le travail ennoblit». La parole de Dieu souligne: «Tout travail procure l’abondance» (Prov.14 :23). Ainsi, le travail, l’organisation et la crainte de Dieu demeurent les trois mots clés pour le développement du Maniema.


5. Vous êtes pasteur, semble-t-il. De quelle communauté? Quelle en est sa doctrine?


C’est à l’école primaire méthodiste à Zunda dans le territoire de Kibombo que j’ai connu Dieu. Cette connaissance a été entretenue tout au long de ma scolarité primaire et secondaire par des cours de religion. A cela s’ajouta l’influence du cadre familial chrétien dans lequel j’ai été élevé. Un peu plus tard, par sa grâce, Dieu m’a choisi pour le servir comme chrétien d’abord et ensuite comme diacre et pasteur. Cette fonction se réalise principalement dans ma paroisse de la cité de Salem à Binza Ozone et, de temps en temps, dans la paroisse de la 21ème Cnca à Righini…


30.05.06

Source: Le Potentiel (Kinshasa)