CNEF: le président Etienne Lhermenault fustige l’idolâtrie de notre société

Dans son éditorial mensuel, Etienne Lhermenault, président du Conseil national des Évangéliques de France (France) fustige l’idolâtrie rampante de notre société moderne aux multiples victimes qu’il rapproche de la divinité païenne Molok !


MOLOK ET LES VICTIMES D'UNE LIBERTÉ IDOLÂTRÉE

Difficile d'échapper au "Réveil de la force", le 7e épisode de Star Wars, en ce début 2016. L'entreprise de marketing et le battage médiatique sont à la mesure des recettes engendrées : gigantesques. Il ne s'agit pourtant, même si elle est géniale, que d'une fiction et donc d'une distraction éphémère. Et elle contribue, avec bien d'autres divertissements, à nous rendre moins sensibles à l'influence de forces bien réelles dans notre société. 

Difficile d'échapper par exemple au retour de Molok, cette divinité antique mentionnée par la Bible à laquelle des sacrifices humains étaient offerts, en particulier de jeunes enfants. Mais quel rapport avec notre société démocratique et laïque trois millénaires plus tard ? Celui d'une profonde idolâtrie qui exige son lot de victimes et les obtient sans grande difficulté. 

Prenons simplement la COP 21, cette grand-messe planétaire contre le réchauffement climatique qui s'est tenue à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. L'immense succès diplomatique semble n'avoir d'égal que l'échec climatique selon de nombreux éditorialistes. Pour trouver un accord large, il a fallu arrondir les angles et surtout abandonner la contrainte juridique au profit d'un aimable conditionnel qui a tout d'un vœu pieux : "Les pays développés devraient continuer à être en première ligne pour mener à bien des plans nationaux de réduction d'émissions de gaz à effet de serre." Autant dire que le niveau des mers continuera à monter et que les victimes se compteront par dizaines ou centaines de milliers avant que les choses changent. L'imminence de la catastrophe n'a pas eu raison des idoles de l'Occident, qu'il s'agisse de Mamon ou de la liberté conçue comme un horizon sans borne.

Et ce n'est là qu'un exemple d'une culture qui célèbre la vie dans ses discours, mais fait régulièrement des choix de mort. Comment comprendre sinon les plus de 200 000 avortements annuels alors que nous disposons de tous les moyens de contraception pour les éviter ? S'il est indéniable qu''il existe des situations de détresse inextricables pouvant justifier une telle extrémité, il est tout aussi indéniable que la très grande partie des IVG n'est rien d'autre qu'un moyen de contraception, un choix de confort ! Et comment comprendre que, dans les débats sur la fin de vie, le développement des soins palliatifs soit rarement pris en compte et l'euthanasie, souvent défendue comme le summum de la liberté ? 

En fait, le combat légitime pour les libertés individuelles, faute de fondements solides et sûrs, a pris bien souvent des allures de culte idolâtre. Et, sans y prêter garde, nous nous sommes laissé asservir. Nous voulons tout, tout de suite, et nous sommes prêts à tous les excès pour y parvenir : supprimer l'enfant à naître, aider le malade ou la personne âgée à mourir, vider le mariage de sa substance en l'ouvrant aux personnes de même sexe, refouler l'immigré et stigmatiser l'étranger pour préserver notre identité...  

Avons-nous conscience que l'idéal d'une liberté dont les limites sont sans cesse repoussées prend les allures d'une nouvelle loi de la jungle ?Les plus forts s'en emparent pour assouvir tous leurs désirs tandis que les plus fragiles payent au prix fort ce nouveau style de vie. Combien d'enfants maltraités, de femmes battues, de parents solitaires, de personnes âgées abandonnées sont les victimes directes ou indirectes du Molok contemporain ? Qui donc s’élèvera contre les sacrifices humains que ne cessent de réclamer notre folie pécheresse et le nouveau paganisme d'une société qui, ayant congédié le Dieu vivant, s'est construit des idoles voraces et tyranniques ?

Nous pouvons et nous devons nous élever contre ses sacrifices au nom de l'Évangile, non parce que nous serions purs de tous péchés et indemnes de toute tentation en la matière, mais parce que l'amour du Christ nous a saisi et nous presse d'appeler les hommes à la réconciliation avec Dieu. Nous avons acquis la certitude par l'Évangile qu'un seul homme est mort pour tous et qu'il n'est nul besoin de prendre la vie d'autrui pour être libre, vraiment libre. Comme le dit l'apôtre Paul aux Corinthiens : "Celui qui était innocent de tout péché, Dieu l'a condamné comme un pécheur à notre place pour que, dans l'union avec le Christ, nous soyons justes aux yeux de Dieu." (2 Corinthiens 5.21).

Ce que je peux vous souhaiter de mieux pour 2016, c'est d'être ému de compassion à la vue de nos contemporains qui vivent sans espérance et sans Dieu et d'être auprès d'eux des ambassadeurs de la réconciliation offerte par Dieu en Jésus-Christ !

Étienne LHERMENAULT

Président du CNEF

lecnef.org