CPDH « bénédiction pour tous » : la désunion de l’Église protestante unie


Dimanche 17 mai, le synode national de l’Eglise Protestante Unie a « ouvert la possibilité (…) de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu »[1]. Cette décision a été actée alors même que le texte définitif confesse la désunion de cette union d’églises : « Le Synode prend acte des positions diverses qui se sont fait entendre à ce propos » !

Pas de recherche de « commun accord », mais une décision contestable et contestée prise sans dialogue avec les autres églises de la Fédération Protestante de France. Les rédacteurs du texte publié dimanche, probablement conscients des risques de tentions encourus, en appelle donc à la « communion fraternelle » qu’ils définissent comme une « manière de vivre ensemble en Eglise, en valorisant nos différences par l’intérêt que nous leur portons ». Face à cette définition, nous nous contenterons de rappeler celle de l’apôtre Jean : « Si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres » (1 Jean 1 v. 7). Or de lumière, la déclaration du Synode en manque assurément car la position prise cherche sa justification avec une volonté et une méthode dont les fondements se définissent par la versatilité des aspirations humaines et le flottement des vents doctrinaux[2] : « L’Eglise Protestante Unie de France (…) se veut attentive aux aspirations de ses contemporains, tout en restant vigilante et critique. Sans figer les Ecritures dans la lettre d’une loi immuable, elle entend être fidèle à l’Evangile de Jésus-Christ». Comment rester fidèle quand le caractère immuable des Ecritures, et la « Sola Scriptura » si chère au protestantisme, se trouvent ainsi battus en brèche ? La « diversité des interprétations » de la Bible pourtant déclarée comme source d’enrichissement de la foi, trouve très vite ses limites auprès de ceux qui semblaient la défendre. En effet, la fin de la déclaration du Synode dit expressément qu’afin « de vivre pleinement la communion fraternelle, il est utile de nous donner les moyens de coordonner nos pratiques, à propos des bénédictions de couples de même sexe ». Les divergences d’opinion empêcheraient donc finalement de vivre « pleinement la communion fraternelle » ?

Le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH) déplore que cette communion fraternelle pourtant annoncée comme « devant être vécue dans le dialogue avec les autres églises, notamment au sein de la Fédération Protestante de France », n’ait pas été respectée. Aucune réflexion, dans la déclaration du Synode, ne transparait sur les fondements bibliques du mariage, sur sa signification et sa portée humaine et sociale. Pas de réflexion non plus sur les conséquences de la « bénédiction pour tous » ainsi proposée.

Oui l’Eglise reflète l’amour du Christ en priant avec bienveillance et dans la vérité avec tout homme et toute femme quelle que soit son orientation sexuelle. Oui l’Eglise refuse, au nom de l’Evangile, toute discrimination. Oui l’Eglise doit bénir, mais cette bénédiction ne saurait se muer en une confusion, qui empêche de discerner la bonté et la perfection de la volonté de Dieu pour chaque être humain.[3]

[3] « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait » Romains 12 v. 2

Franck Meyer
Président du CPDH