Photo illustration de Kathleen Barry, UMNS
Appel des évêques à la prière
Le Conseil des évêques a publié le 7 novembre une déclaration en matière de sexualité humaine, qui répond à leurs divers points de vue et appelle les membres de l'Église méthodiste unie à être en prière tant pour leurs dirigeants que les uns pour les autres.
La déclaration
Comme évêques de l'Église méthodiste unie, nos cœurs se brisent en raison des divisions qui existent au sein de l'Église. Nous avons été en prière et en discussion continue et affirmons notre vœu de nous consacrer « pour garder la foi, chercher l'unité et exercer la discipline dans l'Église tout entière ». Nous reconnaissons être une seule Église confrontée à divers contextes dans le monde et que les-évêques et l'Église ne sont pas du même avis à propos de la sexualité humaine. Malgré nos différences, nous sommes unis dans notre volonté de nous mettre au service de tous et de chacun. Nous sommes donc unis dans notre détermination à diriger ensemble l'Église pour remplir son mandat à faire des disciples de Jésus-Christ pour la transformation du monde. Comme nous le faisons, nous appelons tous les méthodistes unis à prier pour nous et les uns pour les autres.
Un débat récurrent
Dans son Règlement d’Église, l’Église méthodiste unie (UMC/EEM/EMU) prend clairement position contre la pratique de l’homosexualité qu’elle juge incompatible avec l’enseignement biblique. Ses plus hautes instances avaient par conséquent condamné la bénédiction de couples de même sexe prononcée par un de ses pasteurs. Pour avoir célébré le mariage de son fils homosexuel en 2007, le pasteur Frank Schaefer avait même été révoqué comme pasteur de cette Église en 2013 après avoir été suspendu de ses fonctions pour un mois. (Voir)
Rebondissement en cet automne 2014, le Conseil juridique, la plus haute instance de l’EEM, réintègre ce pasteur exclu pour mariage gay (27 octobre cf umns).
Dans son jugement, la cour ne se prononce sur le fond, mais seulement sur la conformité de la décision en appel au regard du Règlement de l’Église.
Cette décision, à elle seule, démontre la division qui marque à ce jour la famille méthodiste. Comment comprendre cette décision du Conseil juridique ? Est-ce le premier pas avant un bouleversement plus grand ou un simple épisode sans conséquence pour le futur ?
La célébration de mariages de couple de même sexe demeure interdite
Le révérend Ted Campbell, professeur agrégé d'histoire à la Faculté de Théologie Perkins de la Southern Methodist University, a déclaré que la décision de la haute cour ne changerait pas le Règlement de l'Église, la célébration de mariages de même sexe demeurant toujours interdite au sein de l’EEM/EMU.
Campbell estime que le tribunal a correctement statué sur le cas Schaefer, - le pasteur Schaefer ne pouvant pas être jugé pour quelque chose qu'il n’avait pas fait -, mais qu'on aurait tort de considérer cette décision comme une grande victoire en faveur de la pleine intégration des personnes LBGT dans l’Église. « Ce n’est donc pas la victoire de l'aile progressiste de l’Église », a-t-il ajouté.
Le révérend Thomas E. Frank, professeur d'histoire à l'Université Wake Forest et l'un des témoins venu témoigner lors du procès Schaefer, déclarait pour sa part que la décision était «absolument correcte, bien ancrée dans le Règlement de l’Église et dans les précédentes décisions du Conseil juridique de l’EMU ».
Vive déception dans les rangs de Good News
De son côté, le vice-président de Good News (nom d’un courant évangélique au sein de l’EMU), M. Thomas Lambrecht a fait connaître sa plus vive déception et réprobation après la décision de la Cour de réintégrer le pasteur Frank Schaefer.
« Schaefer avait été reconnu coupable de violation du Règlement de l’Église en célébrant le mariage de même sexe de son fils en 2007.
La nouvelle décision annule l'effort sincère du Tribunal de première instance à élaborer une sanction clémente. La décision va pousser les futurs tribunaux de première instance à prendre des sanctions plus sévères.
Une des conséquences de la décision a été pour le révérend Schaefer de faire l’expérience de conséquences juridiques non légales pour avoir enfreint le Règlement de l’Église. Sa peine réduite à une suspension de 30 jours de salaire ne reflète pas suffisamment la gravité de la désobéissance de Schaefer.
Une autre conséquence de la décision est qu’un ancien ordonné (=pasteur) qui a publiquement déclaré ne pas pouvoir respecter l’alliance régissant la vie du corps pastoral méthodiste poursuit encore activement son ministère. Cela trahit un dysfonctionnement dans notre dénomination et l'incapacité à tenir les membres responsables des engagements qu’ils ont pris.
Nous comprenons la frustration que cette décision provoque auprès des membres de l'Église. Nous entendons régulièrement parler de personnes quittant l'Église méthodiste unie en raison du manque d’intégrité de ceux qui occupent des postes de responsabilité dans l'Église, mais qui ne sont pas disposés à vivre selon son alliance.
La seule façon de mettre un terme aux dégâts continus causés par nos profondes divisions théologiques est d'arriver à une solution négociée qui respecte la conscience des membres orthodoxes et évangéliques incapables de souscrire spirituellement et financièrement à un agenda jugé contraire à l'Écriture.
Good News continuera à plaider pour un enseignement doctrinal et moral conforme aux Écritures et à être le porte-voix de ceux dont la foi évangélique est souvent minimisée par la direction de notre Église. En continuité avec 2000 ans d'histoire de l'Église, nous continuons à soutenir la déclaration adoptée démocratiquement par notre Église dans le monde entier qui définit le mariage comme «l'union d'un homme et d'une femme», tout en exigeant que « les cérémonies célébrant des unions homosexuelles ne soient pas présidées par un pasteur ni célébrées dans nos églises ».
M. Thomas Lambrecht, vice-président de Good News
Le pasteur Frank Schaefer (le 3e depuis la droite) debout avec ses famille et ses amis durant un culte pour l’unité au Court Square Park de Memphis, Tennessee, avant l’audition du 22 octobre lors de son procès au Conseil juridique méthodiste uni. Mike Dubose, UMNS.
Les évêques prient et débattent sur ce sujet controversé
Les évêques de l'Église méthodiste unie réunis pour leur session annuelle à Oklohama ont évoqué dans un communiqué rendu public le 7 novembre le débat qui agite actuellement la dénomination à propos de sexualité : «nos cœurs se brisent en raison des divisions internes qui existent au sein de l’Église ».
Le Conseil des évêques a publié cette déclaration le 7 novembre après des heures de discussions à huis clos sur le sujet au fil de sa semaine de rencontre.
Ils ont demandé aux Méthodistes unis de prier pour leurs dirigeants et les uns pour les autres. Ils ont réitéré leurs vœux de consécration et leur engagement à «être dans le ministère pour et avec tout le monde ».
« Comme évêques de l'Église méthodiste unie, nos cœurs se brisent en raison des divisions internes qui existent dans l'Église. Nous avons été en prière et en discussion continue et nous affirmons notre vœu de nous consacrer « pour garder la foi, chercher l'unité et exercer la discipline sur l'Église tout entière », précise la déclaration.
Dans leur déclaration, les évêques ont reconnu que l'Église existait dans des contextes différents à travers le monde et que les évêques et l'Église étaient loin de partager le même point de vue sur la sexualité humaine.
«Malgré nos différences, nous sommes unis dans notre volonté d'être dans le ministère pour et avec tout le monde. Nous sommes donc unis dans notre détermination à diriger l'Église ensemble pour remplir son mandat - faire des disciples de Jésus-Christ pour la transformation du monde -. Comme nous le faisons déjà, nous appelons tous les méthodistes unis à prier pour nous et les uns pour les autres ».
La déclaration intervient à un moment où le débat sur la sexualité humaine au sein de la dénomination semble avoir atteint son paroxysme.
L’unité de l’Église en danger
Le Règlement de l’Église qui est la référence juridique de la dénomination, depuis 1972, a proclamé l’insigne dignité de tout être humain, mais aussi que « la pratique de l'homosexualité était incompatible avec l'enseignement chrétien ».
Il y a depuis un débat sur cet enseignement à chaque Conférence générale, l'organe suprême législatif de la dénomination, qui se réunit tous les quatre ans. Mais le débat s’est intensifié au cours des dernières années, alors que plusieurs États aux États-Unis et plusieurs pays à travers le monde ont légalisé le mariage civil de même sexe.
Depuis 2011, plus de 1 000 pasteurs méthodistes unis ont annoncé leur volonté de défier l'interdiction de célébrer des unions de même sexe.
Plus tôt cette année, un groupe de méthodistes unis qui défend la position actuelle de l'Église sur l'homosexualité a suggéré à l’Église d’envisager une séparation "à l'amiable" en raison des divergences.
Durant l’été, des méthodistes unis se sont de nouveau réunis. Ils ne sont pas allés jusqu’à réclamer une scission. Mais dans un communiqué intitulé « Crossroads méthodistes », le groupe a laissé entendre que les évêques devaient respecter et défendre publiquement les restrictions juridiques contre le mariage de même sexe si la dénomination doit rester unie. Plus de 8400 méthodistes unis ont approuvé la déclaration du 4 novembre.
Divisions au niveau des évêques
Les évêques eux-mêmes reconnaissent ouvertement leurs divisions sur l’ enseignement de la sexualité humaine et la façon d'interpréter l'Ecriture sur le sujet.
«Parce que nous sommes divisés, nous luttons tous pour voir comment nous pouvons aider chacun dans l’Église », a déclaré l’évêque John Wesley Yohanna, à la tête du diocèse du Nigéria. «Nous travaillons pour voir comment nous pouvons servir tout le monde ».
Yohanna, au cours de la précédente réunion du Conseil des Évêques, a précisé dans une prédication que l'Église méthodiste unie était confrontée à un problème, à savoir que son amour déborde, et comme quand il y a trop d'eau, à la fin il y a un gâchis.
Le 7 novembre, a-t-il dit, il fait sien l’appel des Méthodistes unis à se mettre au service de tous, y compris des gays et des lesbiennes. Mais il note que les évêques peuvent diverger dans leur manière de vivre cet appel.
L'année dernière, l’évêque à la retraite Melvin Talbert G. a officié à l'Église Unie du Christ de Birmingham, en Alabama, lors de la célébration de l'union de Joe Openshaw et de Bobby Prince. À la demande des évêques actifs, Talbert fait maintenant l’objet d’une plainte dans la juridiction de l'Ouest où il a pris sa retraite.
Talbert déclare à l’Agence d’informations de l’Église méthodiste unie qu’il considérait comme «responsable» la déclaration des évêques du 7 novembre. «Je pense que c’est une déclaration simple, positive déclarant la réalité de ce qui se passe », a-t-il dit.
L’évêque Deborah Kiesey du diocèse du Michigan dit qu’une partie importante de la déclaration est un rappel « de notre vœu de consécration» comme évêques ». Elle nous rappelle donc que nous voulons nous concentrer sur la mission de notre Église », dit-elle. « Nous ne voulons pas le perdre de vue au milieu de toutes ces discussions.
L’évêque Warner Brown Jr., lors de son premier discours en tant que président du Conseil des évêques, plus tôt dans la semaine, a demandé à ses collègues évêques de confirmer les vœux qu'ils ont prononcés lors de leur ordination comme évêques. Les évêques, y compris Talbert, ont été unanimes pour montrer leur assentiment.
L’Église confrontée à des défis semblables par le passé
Brown qui est à la tête de la région de San Francisco où Talbert a précédemment servi, a souligné dans son sermon de clôture que le mouvement méthodiste avait fait face à de profondes divisions auparavant.
Dans l'histoire récente, de telles divergences sont apparues au grand jour, surtout pendant la lutte contre la ségrégation raciale aux USA.
Brown a noté que George Wallace, gouverneur en Alabama - l'un des ségrégationnistes les plus grands et véhéments - a été méthodiste. Mais durant sa vie, il a changé de perspective. L'évêque méthodiste uni William W. Morris, qui est afro-américain, a présidé à l'enterrement de Wallace.
« Comment nous irons de l’avant en tant que peuple, il nous reste à le voir », a déclaré Brown. « Mais il est important pour nous de comprendre qu'il ne s’agit pas de nous ».
« Aussi différentes que soient nos opinions, peu importe que ce que nous pensons soit bon ou mauvais, nous sommes appelés à être une lumière qui brille dans les ténèbres qui nous entourent. Et en partie, cette lumière, c’est l'amour avec lequel nous continuons à ne pas renoncer à l’autre ».
Traduction & Rédaction eemni
Sources : umc.org / goodnewsmag.org / umc.org / pnwumc.org / eemni