France, Strasbourg: inauguration du Home Bethesda - message de l’évêque Heinrich Bolleter

A l’occasion du culte « Béthesda » qui s’est tenue en l’Eglise Protestante Saint-Pierre-le Vieux de Strasbourg le dimanche 10 octobre, l'évêque Heinrich Bolleter a prooncé le sermon suivant sur la base de la parabole du bon samaritain Luc 10,29-37).


Hier nous avons inauguré le nouveau home Béthesda. Un lieu où la congrégation des diaconesses veut offrir un lieu d’accueil à des personnes qui ont besoin de soutien et d’encouragement.


Plusieurs traditions ont permis par leur amitié à ce projet de naître et de se mettre en chemin.


Dans le passé les bâtiments abritaient une maison de retraite pour les institutrices qui ne pouvaient pas se payer un autre logement. En l’an 2000, un décret du premier ministre a permis le transfert du home des institutrices à la congrégation des diaconesses de Béthesda. Et la congrégation a commencé la rénovation avec l’aide d’autres maisons Béthesda. C’est pour cela que nous pouvons vraiment parler d’une oeuvre communautaire.


Lorsque nous confions cette maison à sa nouvelle vocation, nous savons que les diaconesses continueront à s’engager dans le même esprit : aimer et servir au nom du Christ.


A Strasbourg aussi, il existe des personnes qui tombent entre les mailles du tissu social.


L’histoire biblique du bon samaritain nous montre comment accomplir notre service envers ces personnes.


Cette histoire nous parle de la route qui relie Jérusalem à Jéricho - et de l’homme qui sur cette route est tombé entre les mains des brigands - qui l’ont laissé à moitié mort au bord du chemin.


Beaucoup de personnes passent près de lui et détournent leur regard. Un samaritain s’occupe de lui et se soucie de son rétablissement.


Jésus demanda au fonctionnaire religieux : « qui a été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des brigands ? » Le chef religieux répondit : « Celui qui a fait preuve de miséricorde. » Et Jésus dit : « Va et fais de même. »


La Congrégation des diaconnaisses a entendu cet appel : « Va et fais de même. »


En tant qu’évêque de l’Eglise Evangélique Méthodiste, je fais les constatations suivantes :


1. Il est intéréssant de voir que les communautés découvrent de nouveau que l’évangélisation et la diaconie vont de pair. C’est la conséquence logique de l’évangile de l’incarnation de Jésus-Christ ; nourrir les pauvres, visiter les prisonniers, offrir une présence médicale aux marginaux, aider les drogués…


Cette aide spontanée de personnes à personnes est le signe qui montre que l’évangile de l’amour de Dieu a été compris.


Cette diaconie simple, de personne à personne, est une réponse importante de la foi dans une société atteint d’autisme, dans laquelle, souvent, on ne prend plus conscience de la détresse de l’autre et où on demeure sans réaction.


2.En deuxième lieu, portons un regard sur la diaconie- institution-. Cette forme de diaconie commença sur la base du bénévolat et devint plus tard une institution aidée financièrement par l’Etat. Des associations furent créées. Des fusions ont eu lieu. Ce chemin aboutit à la création des œuvres diaconales, pour lesquelles aujourd’hui encore, nous sommes reconnaissants. Il est vrai que l’explosion continuelle des coûts dans ces institutions réclame un nouvel engagement des bénévoles. Nous devons apprendre comment concilier, de bonne manière, le travail bénévole et le travail professionnel des salariés.


3. Ce qui demeure comme le défi pour les églises et les institutions de nos jours, est la dimension sociale et politique de la diaconie. Nous comprenons qu’il est important de s’occuper des victimes , mais dans l’horizon de notre monde il ne s’agit que d’un combat contre des symptômes. Il s’agit aussi de parvenir à des transformations économiques et sociales. C’est sous cet angle que nous lisons de manière nouvelle l’histoire du bon samaritain et que nous écoutons la suite. Jésus a raconté l’histoire parce que on lui avait posé la question : « Qui est mon prochain ? » Nous sommes en présence de la diaconie de personne à personne. La réponse était surprenante. Le prochain n’est pas la victime qui a besoin d’aide, mais le prochain dans la réponse de Jésus est celui qui a agit avec miséricorde. Et l’ordre de Jésus à la fin de l’histoire est clair : « Va et fais de même ».


Et maintenant voilà la suite de l’histoire.


Presque journalièrement des personnes se sont faits attaquer sur la route qui mène de Jérusalem à Jéricho.Non seulement on leur vola leurs biens mais on leur fit également subir des violences physiques. Cela ne pouvait pas continuer .Il fallait réagir. L’aubergiste, l’homme qui s’arrêta en chemin pour porter secours et la victime firent cause commune en créant une association en faveur des victimes de la route de Jérusalem à Jéricho. L’association chercha de nouveaux membres, acheta pansements et matériel médical pour soigner les plaies, oui même un âne pour le transport des malades sur cette route en forte pente. Pour payer l’hébergement on se cotisa et un fonds fut approvisionné régulièrement. L’aide fonctionna rapidement et de manière efficace.


Mais sur la route de Jérusalem à Jéricho d’autres personnes continuèrent à tomber entre les mains des voleurs. Une initiative politique pour plus de sécurité sur la route de Jérusalem à Jéricho vit le jour. Quelques-uns se mirent en route pour en aviser les membres du gouvernement. Ils voulaient la création d’une police montée qui devait contrôler régulièrement la route et la rendre plus sûre. Après plusieurs tentatives, leur demande aboutit. Les agressions diminuèrent considérablement. Le temps arriva où le gouvernement dut réviser sa copie. Il fallait faire des économies. Les patrouilles de police furent supprimées. Sur la route de Jérusalem à Jéricho, la situation se dégrada sensiblement.


Et puis, enfin, on se posa la question de savoir qui pouvaient bien être ces agresseurs et pourquoi ils étaient tombés entre les mailles du tissu social.


Commença la partie la plus difficile du travail : l’intégration des voleurs dans la société. Et , oh miracle, quelques-uns apprirent un métier, se marièrent et arrivèrent à s’intégrer dans la société. Mais lorsque les temps économiques devinrent plus difficiles le nombre des agressions augmenta à nouveau. Voilà la suite de l’histoire du bon samaritain ;


Trois choses sont importantes :


La diaconie de personne à personne


La nécessité d’une diaconie-institution


La nécessité d’une diaconie sociale ou politique


Jésus dit : « Va et fais de même ».


Une dernière pensée concernant le chemin de Jérusalem à Jéricho : c’est aussi mon chemin, c’est aussi ton chemin. Il nous arrive d’être les victimes , il nous arrive d’être le bon samaritain Et quelques- uns se retrouvent dans la peau de l’âne et sont quand même utiles.


Nous pouvons regarder notre cheminement personnel de Jérusalem à Jéricho de deux manières :


Pour les uns, c’est le chemin où nous tombons entre les mains des agresseurs,


Pour les autres, c’est le chemin où Dieu envoie un bon samaritain Il s’agit de voir le chemin de notre vie dans la lumière de la foi.


Vis dans un merveilleux soulagement, parce que Dieu a fait alliance avec toi.


Alors le voyage de la vie deviendra un chemin sur lequel Dieu aura toujours un bon samaritain.


Et il y a la merveilleuse confiance d’avoir un Dieu qui proclame : « Je suis avec vous tous les jours »…. Cette espérance te libère pour t’engager en faveur de l’autre.


Celui qui demeure dans l’alliance avec Dieu est capable d’apprivoiser les peurs liées aux menaces qui pèsent sur sa vie, ainsi que la peur de ne pas avoir assez pour soi, ces peurs qui caractérisent si bien l’humain de la postmodernité.


Celui qui demeure dans l’alliance avec Dieu devient libre pour servir.


L’appel de Jésus prend forme : « Va et fais de même ! »


AMEN

Source: EEMNI