Divers responsables d'église internationaux plaident pour une solution pacifique

Le personnel du congrès et les représentants des médias se réunirent en grande nombre pour entendre des représentants d'Eglises européens venus exprimer leur solidarité avec les Américains et plaider pour une solution pacifique du conflit avec l'Irak.


Deux évangéliques méthodistes étaient parmi les quatre responsables religieux américains qui ont pris la parole lors de la Conférence de Presse d'une heure le 26 février. Ils ont préconisé une solution pacifique à la crise sans issue avec l'Irak, qui a résulté de l'acquisition présumée d'armes de destruction massive par le dictateur Saddam Hussein.


"Comme religieux, nous sommes unis comme un seul homme pour exprimer notre souci devant la guerre. Nous sommes unis dans notre opposition à la guerre comme option possible," a dit le pasteur Bob Edgar, qui a été le modérateur de la séance. Edgar, un évangélique méthodiste, est le président du Conseil National des Églises (NCC).


Ancien représentant de la Pennsylvanie au Congrès, Edgar a souligné qu'aucun des orateurs ne s'était montré favorable à la politique du gouvernement de l'Irak. "Mais nous croyons que le président des Etats-Unis et l'ONU ont gagné," a-t-il déclaré. "Les inspecteurs sont là; laissons-les inspecter. Si nous avons besoin de plus d'inspecteurs, augmentons-en le nombre. Si nous trouvons des armes de destruction massive, détruisons-les.


"Nous n'avons pas besoin d'aller à la guerre pour régler les problèmes de l'Irak...," a-t-il dit. Edgar a décrit l'expérience de son voyage à Bagdad: il a visité cette ville le 1er janvier avec un groupe de 13 personnes. Il a montré la photo d'un Irakien presbytérien de 4 ans qu'il avait rencontré et dénoncé les dommages encourus par les enfants là-bas et partout ailleurs en cas de guerre.


"On présume au sein du gouvernement des Etats-Unis que cette guerre avec l'Irak est inévitable," a dit Jim Winkler, le responsable de la commission évangélique méthodiste Église et Société, l'agence internationale de la dénomination chargée de défendre les droits de l'homme et la justice sociale. "Comme chrétien, je constate qu'un tel sentiment est inacceptable." Il a pressé les chrétiens de choisir entre leur empressement de participer à la guerre et leur foi en Dieu et en Jésus comme prince de paix.


Winkler a voyagé à Bagdad et en Allemagne au cours des deux derniers mois avec des responsables d'église américains (NCC-MENÉS). Ces délégations ont rencontré des responsables du gouvernement de Grande-Bretagne, de France et d'Italie et un semblable voyage en Russie est envisagé en mars prochain. 


"Le seul gouvernement qui refuse de parler avec des responsables d'église est le nôtre," a-t-il dit, après avoir fait remarquer qu'à la fois le Président George W. Bush et le Vice-président Dick Cheney étaient des évangéliques méthodistes.


"L'idée que les Etats-Unis peuvent refaire de l'Irak et de la région entière une zone démocratique, prooccidentale grâce à une invasion militaire ne tient pas la route," a déclaré Winkler. "Peu importe le mépris que l'on peut porter à Saddam Hussein, les habitants de l'Irak ne veulent pas d'un général d'armée américain comme leur nouveau dictateur, ViceRoi ou proconsul. En outre, le fait que notre gouvernement ne manifeste pratiquement pas d'empressement à traiter des causes premières du conflit Israélien-palestinien n'est pas de bon augure pour le règlement des tensions dans la région, règlement pourtant absolument nécessaire."


Le pasteur Jean Arnold de Clermont, président de la Fédération Protestante de France (FPF), a défendu la position de son pays qui demande qu'on accorde aux inspecteurs en désarmement de l'ONU plus de temps pour faire leur travail. "Nous sommes blessés et choqués de constater que la position de la France ait été perçue comme une marque d'hostilité aux Etats Unis," a-t-il dit. "Votre allié le meilleur n'est pas celui qui vous guide dans l'erreur, mais celui qui vous aide à trouver la route de la paix."


Il a aussi averti qu'un tel conflit ferait le jeu du chef d'Al-Qaida, Osama bin Laden. "Une guerre en Irak serait une catastrophe pour le monde américain et musulman modéré," affirme de Clermont. "C'est exactement ce qu'espère ben Laden."


"Nous ne sommes pas anti-américains," affirmait de son côté l'Évêque Manfred Kock, président du Conseil de l'Evangelische Kirche en Allemagne. Son Eglise a déclaré qu'il rejetait une attaque contre l'Irak "pour des raisons d'éthique et en vertu des lois internationales."


"La Guerre est contraire à la volonté de Dieu," et elle doit être le dernier recours pour les décideurs, disait Kock. Toute guerre apporte son lot de détresse aux innocents et ne permet souvent pas d'atteindre les objectifs fixés, a-t-il ajouté. 


"Ce n'est pas le rôle des Etats-Unis d'Amérique ou du Royaume-Uni de décider du moment où nous devons aller à la guerre, mais c'est le rôle des Nations Unies de décider de la paix," a dit le pasteur Alain D. McDonald, de l'Église d'Ecosse. 


McDonald, qui représente les Eglises de Grande-Bretagne et d'Irlande, a dit que les habitants de ces pays ont manifesté dans les rues comme jamais. "La majorité écrasante des dénominations du Royaume-Uni s'est prononcée avec clarté et fermeté contre la guerre avec l'Irak," a-t-il dit. Et ce, malgré le fait que le Premier Ministre Tony Blair soutient ardemment le Président Bush sur cette question, a-t-il noté.


"La Paix est un processus à long terme sans calendrier politiquement manipulable," a dit Salpy Eskidjian, permanent au Conseil Oecuménique des Églises (COE). Le Conseil inclut 342 églises et dénominations dans 120 pays et représente 400 millions de Chrétiens. L'Église Evangélique Méthodiste (EEM) en est membre.


Tout en faisant remarquer que le mouvement oecuménique international affirme sans embages qu'il faut arrêter la guerre contre l'Irak, elle a affirmé que "la guerre n'était pas l'oeuvre de Dieu, mais un péché contre Dieu et une dégradation de notre humanité."


"La diplomatie de l'ONU n'est pas sans défaut," a dit Eskidjian, originaire de Chypre. "Mais si la diplomatie est faible, trébuche fréquemment ou est faillible, la guerre est certainement encore plus un instrument imparfait. En effet, la guerre n'est pas 'une solution' alternative; c'est l'absence même d'une solution."


Pax Christi, un mouvement pour la paix international Catholique, a condamné à plusieurs reprises une guerre préventive contre l'Irak, a dit Marie Dennis, vice-présidente du mouvement. Parmi les raisons, le fait que la vie de 1.26 millions d'enfants en Irak sera mise en danger, vu que "plus de 60 % de la population de l'Irak dépend en grande partie du programme d'aide de l'ONU -de la nourriture contre le pétrole-, qui ne sera pas poursuivi - ou qu'il sera très difficile de poursuivre - en cas de guerre."


"Le fardeau de la guerre sera de nouveau supporté par les pauvres et les personnes vulnérables et les dépenses militaires seront faites au dépens des programmes sociaux aux Etats-Unis et dans le monde entier," a-t-elle dit. 


On a laissé entendre que les Etats-Unis pourraient employer des armes nucléaires, "nous croyons que dans ce cas on lâcherait une force de destruction," a-t-elle dit. La guerre préventive en Irak déstabiliserait en outre la région en multipliant le nombre de morts; "elle augmenterait la menace d'attaques terroristes dans le monde entier, y compris sur le sol américain"; elle causerait des ravages écologiques et pousserait d'autres pays à commettre à leur tour de telles agressions.


"Nous pressons le Congrès américain de retirer son appui à la guerre en Irak et demandons des explications à l'administration de Buisson sur le coût potentiel et les conséquences d'une invasion menée par les Etats-Unis et d'une occupation de l'Irak," a-t-elle dit.


"Le monde est désespéré," affirmé Jim Wallis, directeur et rédacteur du magazine Sojourners. Il a dirigé la délégation du NCC qui a rencontré le Premier Ministre Britannique Tony Blair Britannique. "Nous sommes désespérés" pour définir une alternative qui ne soit ni la guerre ni l'inaction, a dit Wallis.


Il a suggéré de renforcer les inspections, s'il s'avère qu'elles n'étaient pas assez fortes. "Si on a des raisons de douter de leur efficacité, comment pourrions-nous les rendre plus efficaces? Si les résolutions ne sont pas appliquées, comment pourraient-elles en effet être appliquées?" Il a dit qu'on ne devait pas se focaliser sur l'attaque des habitants de l'Irak, mais s'attaquer au coeur du problème: Saddam Hussein.


Wallis ajoute: "nous devons trouver une façon de répondre à l'Irak sans bombarder les enfants de Bagdad."


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Le 27 février 2003


Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)