Tandis que la guerre et la famine étendent leur ravage sur son pays natal, le Libéria, Abbie Kla-Williams prie pour l'intervention américaine et s'inquiète de sa famille qu'elle avait laissée plusieurs années en arrière.
Le Libéria est très loin de Rockville, Md., où cette femme évangélique méthodiste a vécu depuis son arrivée en Amérique en 1996. Sa peine est évidente, il s'uffit de l'entendre parler de sa famille - cinq enfants, six petits-enfants et un arrière-petit-enfant. Elle craint pour leur sécurité et redoute qu'ils n'aient pas assez à manger. Deux petits-enfants, âgés de 18 mois et de 7 ans, sont déjà morts de famine en 1990.
"Parfois je pleure pour mes enfants," dit-elle. "... je ne sais pas si mes enfants mangent ou non à leur faim. Mes enfants me manquent."
Elle espère que les Etats-Unis aideront au rétablissement de la paix et de l'ordre dans son pays démoli par la suite de guerres civiles depuis les années 80. Les factions rebelles cherchent à démettre le Président Charles Taylor, un ancien chef militaire poursuivi aqctuellement pour des crimes de guerre par une cour internationale au Sierra Leone. Une équipe d'experts militaires américains est arrivée au Libéria le 8 juillet pour évaluer les besoins du pays.
"Je veux que l'Amérique en fasse plus," dit Kla-Williams. "Je veux que les Etats Unis viennent à notre secours et nous aident. Ils doivent faire plus pour nous aider, remettre notre pays en ordre."
Un de ses fils, Edwin Clarke Jr, a dû fuir avec sa famille quand les forces rebelles ont frappé une banlieue de Monrovia, la capitale libérienne. Clarke, assistant de l'Évêque évangélique méthodiste John Innis, rentrait de son travail chez lui en compagnie de sa femme, Lorraine, le 5 juin, quand il a appris l'attaque.
"Avant 19h00, on pouvait entendre le bruit d'artillerie lourde dans notre voisinage," dit-il par mail. "Nous pouvions en réalité voir cette nuit-là les balles voler dans le ciel."
Les Clarkes ont commencé à faire leurs valises quand les tirs se sont rapprochés. Leur fille de 4 ans, Edraine, a crié: "Papa, j'ai peur! Maman, tenez-moi par la main, s'il vous plaît!"
"Lorraine a attaché Edraine sur son dos et a pris un petit matelas et moi, j'essayais de jeter des vêtements dans un sac," dit Clarke.
La famille s'est enfuie à pied, pour constater plus tard qu'ils avaient tout perdu. "Cela signifie qu'au retour de la paix, je devrai commencer à reconstruire à fond ma vie et ma maison," dit Clarke.
La foi est une force qui soutient la famille active dans des communautés évangéliques méthodistes Unies à Monrovia et à Rockville. "Sans la foi, je ne pense pas que je serais capable d'aller de l'avant," dit Kla-Williams, qui fréquente l'Église Evangélique Méthodiste Grâce. Elle prie tous les jours pour ses enfants et elle croit qu'elle les reverra.
Kla-Williams souffrait de sous-alimentation quand elle est venue en Amérique avec l'aide d'un frère, Saba Kla-Williams, citoyen américain à Rockville. Après son rétablissement, elle a trouvé du travail comme aide-ménagère auprès des personnes âgées et commencé à envoyer des mandats à sa famille. Quoique ses enfants - âgées de 30 à 40 ans - aient tous des emplois, leur revenu est sporadique.
Kla-Williams ne gagne pas facilement de l'argent, il se passe parfois un mois ou plus longtemps encore avant qu'elle obtienne un poste auprès d'une agence de services médicaux. "J'ai beaucoup de mal à payer mes factures et mon loyer," dit-elle.
Elle veut ramener sa famille aux Etats-Unis, mais il est très dur d'obtenir les visas. Kla-Williams doit elle-même renouveler en septembre de chaque année sa demande d'autorisation de séjour aux Etats-Unis. Depuis son départ du Libéria, elle n'a vu qu'un de ses enfants - Edwin lors d'une visite pour affaires aux Etats-Unis un peu plus tôt cette année.
C'est un temps critique pour l'Eglise au Libéria, déclare l'évêque Innis dans une lettre. L'Eglise grandit là-bas, "parce que pour beaucoup, l'Eglise est leur espoir," écrit-il. Des congrégations américaines et européennes ont été généreuses - et les Libériens apprennent à s'entraider - mais l'Eglise a besoin d'argent pour ses hôpitaux, ses orphelinats, ses écoles et d'autres ministères, ajoute l'évêque.
Comme ses membres, l'Église Evangélique Méthodiste (EEM) de Monrovia lutte pour sa survie et dépend de l'argent envoyé de l'extérieur du pays. "Les gens ... n'ont pas les moyens de soutenir l'Eglise," dit Saba.
Saba, qui appartient à l'Église Evangélique Méthodiste (EEM) Millian de Rockville, est un homme d'affaires et enseignant à temps partiel. Il salue favorablement l'annonce de l'envoi d'une coalition internationale comme force de maintien de la paix au Libéria, mais insiste sur l'intervention américaine: pour lui, elle cruciale. Faute de quoi, il doute que Taylor respectera son engagement de quitter le pouvoir ou que le pays retrouve à la paix. "Les habitants du Libéria veulent l'intervention américaine," dit-il.
"Tout a été détruit," ajoute-t-il. "La seule chose que nous ayons, ce sont des personnes - des gens en train de souffrir.... Nous sommes au fond du trou. Au plus profond du trou."
Le 11 juillet 2003
Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)