Tandis que le monde se tourne avant tout vers les victimes kosovares de la guerre, à peine les Serbes de Yougoslavie obtiennent-ils de la sympathie et du soutien. L'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) est aussi présente dans la Voïvodine (Yougoslavie) avec 13 communautés. Les 400 membres de ces communautés souffrent énormément sous les raids et ne peuvent pas comprendre la raison pour laquelle ils sont les victimes de l'agression de l'Otan. Le pasteur Sjanta Jano dirige une communauté de 20 membres à Vrac. Dans un E-Mail adressé à l'"United Methodist News Service", il écrit ceci: « Nous sommes choqués en tant qu'église et déçus des agressions brutales contre la Yougoslavie. ... Nous n'aurions jamais attendu quelque chose de cet ordre des pays occidentaux chrétiens.» Jusqu'à cette date du 18 avril, aucune Eglise dans la région, où Jano vit, n'a été détruite par des bombes. Néanmoins quelques Eglises baptistes et beaucoup d'Eglises orthodoxes dans le Centre de la Serbie et au Kosovo ont été détruites. Des monastères également ont été endommagés par les bombardements. Aux dires de Jano et d'autres Yougoslaves, ce n'est pas le gouvernement serbe qui est la cause de la violence au Kosovo, mais le désir des Albanais de séparer le Kosovo de la Yougoslavie et de l'annexer à l'Albanie. L'Otan soutient, selon Jano, des terroristes albanais. Le Surintendant de l'EEM en Yougoslavie, Martin Hovan, ne peut pas voir également une nécessité humanitaire dans l'intervention de l'Otan. Et Jano de compléter: «Et de quelle manière, l'Otan veut-il attendre cet objectif (l'aide humanitaire)? Avec des bombes et des missiles ? C'est une drôle d'aide humanitaire!?» Depuis que la guerre dure, les communautés locales-EEM cherchent à aider partout où c'est possible. Jano écrit: «nous essayons d'aider nos membres pendant les cultes. Nous les encourageons à ne pas perdre leur foi et leur espérance en Dieu, à ne pas renoncer à la promesse de paix que Dieu leur a faite, mais à se soumettre totalement à la volonté de Dieu et à sa direction. Nous rappelons à nos membres que les gens en difficultés et en plein désespoir ont tout particulièrement besoin d'eux maintenant et nous les encourageons à leur porter secours. Nous sommes engagés à le faire.» Dans un cadre oecuménique, l'Eglise prend part à des secours humanitaires et soutient aussi un Centre psychosocial. La nourriture, les médicaments et tout ce qui est nécessaire au quotidien, «....nous partageons tout ce que nous obtenons avec les gens dans la détresse», écrit Jano, et il poursuit: «et malgré cela, nous rencontrons d'autres difficultés, parce que nous sommes, -en tant qu'Eglises protestantes- des Eglises de l'Occident.» C'est ainsi que Jano s'attend à des pressions croissantes sur les Eglises par des nationalistes extrémistes comme à l'aggravation de la situation financière. Jano: «Nous autres, dans les Eglises de Yougoslavie, nous sommes très déçus de l'aveuglement et de la surdité des Etats chrétiens, qui font qu'ils n'entendent ni ne voient ce qui est vrai et ce qui est mensonger concernant notre pays. Nous sommes déçus et choqués du comportement de leurs dirigeants, qui trompent sans vergogne leurs nations et ne redoutent pas la punition de Dieu.» Le pasteur Hovan écrit aussi qu'en Yougoslavie tous les citoyens ont les mêmes droits. «Les Albanais veulent purifier le Kosovo des Serbes, des musulmans, des Turcs, des Tziganes, des Hongrois, des Egyptiens.... se séparer ensuite de la Yougoslavie et se joindre à l'Albanie. Notre gouvernement ne peut pas le permettre, car ce serait alors injuste pour les autres groupes ethniques, qui vivent en Yougoslavie. ... D'un autre côté, il n'est pas de conflits entre les Etats serbes et albanais. C'est de la propagande politique.» Et il ajoute que le gouvernement yougoslave veut la paix, ce que les Etats Unis empêchent de réaliser. Jano appelle les croyants du monde entier à prier pour la Yougoslavie et à pousser leurs gouvernements à stopper le conflit. «Si vous le pouvez, alors aidez-nous s'il vous plaît. (Indépendamment) du responsable de cette guerre, personne n'a le droit de nous détruire. .... Nous ne savons pas comment l'avenir se présente pour nous. Nous ne savons pas si nous allons survivre aux bombardements. .... En ces jours, nous prions: 'ô Dieu, sauve nos vies'.»
Commentaire: (Joerg Niederer)
Suivant le côté du front où nous nous trouvons, nous voyons les choses différemment. Selon la nature des informations à notre disposition, on en vient à des conclusions diamétralement opposées. A l'Ouest, nous mettons en doute les vues sur le Kosovo défendues par Martin Hovan et Sjanta Jano. Mais qui d'entre nous garantira l'impartialité de nos médias? Je ne désire rappeler que le fait suivant: c'est l'UCK qui le premier a exercé des pressions sur les trois communautés-EEM au Kosovo et a cherché à expulser le pasteur Mehmet Sopaj. L'Eglise se veut tournée vers tous les hommes dans l'amour; en tant que tels, nous nous trouvons du côté des victimes de toute violence, qu'elles proviennent des rangs serbes ou des rangs de l'Otan. Si d'autres peuvent s'ériger juges, s'ils le veulent. Mais il est de notre devoir de tout entreprendre pour que la tuerie cesse. Cela ne peut se produire que si nous prenons au sérieux toutes les voix en présence, condition sine qua non de la réconciliation; cette voie -là s'annonce comme un processus long et douloureux.
>Source: United Methodist News Service