L'accueil au Centre Islamique de la Californie du Sud ne pouvait pas être plus chaleureux.
De leur participation à une discussion sur l'Islam avec un des fondateurs du centre jusqu'à leur présence comme observateurs honorés à la prière de 13h00, dans tous les cas de figure, les évangéliques méthodistes en visite le 12 septembre ont été pris pour des amis.
"Les croyants doivent travailler ensemble dans la durée si vous voulez changer le monde," déclarait Hassan Hathout aux membres de la Commission évangélique méthodiste chargée de l'unité chrétienne et du dialogue interreligieux. Hathout, obstétricien/gynécologue de profession, est un des fondateurs du Centre Islamique.
Il a fait remarquer au groupe que l'Islam reconnaît à la fois le Judaïsme et le Christianisme et que les Musulmans reconnaissent l’islam comme le prolongement de ces deux religions à la fois. Il revendique aussi le même type de code moral que le judaïsme et le christianisme, a-t-il ajouté.
Les musulmans croient que Dieu est l'absolu, l'infini et que les prophètes sont le type même de la perfection humaine. "Le Coran nous dit que Jésus était véritable (genuine = honnête et bienveillant, en sorte qu'on pouvait se fier en lui), que ce qu'il avait enseigné était venu de Dieu," a-t-il dit. La différence, c'est que les Musulmans considèrent Jésus comme un messager de Dieu, mais pas comme le Fils de Dieu. "Nous croyons en l'humanité de Jésus, pas en la divinité de Jésus."
Hathout a évoqué certaines des altérations de l'Islam dont on a entendu parler depuis l'attaque terroriste survenue aux Etats-Unis le 11 septembre. Parmi les points qu'il a abordés figurait la définition du mot arabe "jihad", qui signifie d'après lui "la lutte". Il se réfère aussi à la lutte contre l'injustice et l'oppression, mais suicider ou tuer les gens innocents et appeler ça "le jihad" n'est pas acceptable dans l'Islam, a-t-il ajouté.
"Il n'y a pas de guerre sainte dans l'Islam, parce qu'aucune guerre n'est sainte," a dit Hathout. L'Islam tient compte du concept de juste guerre pour lutter contre l'oppression, mais tout à nouveau il a souligné qu'elle ne pouvait pas impliquer la perte de vies civiles.
Hathout a noté que son avis sur les Taliban, le gouvernement actuel de l'Afghanistan, "a été scellé", quand il a entendu dire qu'ils avaient fermé les écoles aux filles. Plus d'une délégation musulmane s'était déplacée en Afghanistan pour parler aux Taliban de leur oppression des femmes et des filles parce que "dans l'Islam, les hommes et les femmes sont égaux," a-t-il dit.
Un de ses principaux soucis après les attaques du 11 septembre, c'est que les Etats-Unis puissent perdre certains de ses principes démocratiques. "Le pire qui puisse nous arriver comme Américains, c'est que nous perdions notre mode de vie (way of life) dans notre effort à le conserver," a-t-il expliqué.
Pour Hathout, l'Amérique, ce n'est pas de la géographie, mais des idées et des valeurs, y compris la liberté qu'on enseigne aussi dans le Coran. Une telle liberté, a-t-il ajouté, fait largement défaut dans le monde musulman à cause "des tyrans et des despotes."
Pour une meilleure compréhension de l'islam, il a distribué les copies de son livre, "Reading the Muslim Mind", aux membres de la commission et a évoqué leur présence au centre pendant le bref sermon qu'il prononça lors de la prière régulière qui a suivi.
Plus tard le 12 septembre, l'Église Evangélique Méthodiste de Santa Monica a organisé un dîner du Moyen-Orient à l’intention de la commission, suivie par une réunion-débat dans le sanctuaire sur "l'Identité Musulmane américaine."
Ragaa Hathout, un docteur Égyptien et trésorier du centre Islamique, a exprimé sa reconnaissance pour l'intérêt et l'amitié des évangéliques méthodistes et relevé qu'un de ses rêves était de voir l'Islam plus fermement implanté "comme une partie de l'Amérique."
Nayyer Ali, un médecin qui est né au Pakistan et qui officie comme directeur du Conseil des Affaires Publiques Musulmanes, a dit que la tragédie du 11 septembre avait un aspect positif: "les gens se réveillent et se rendent compte qu'il y a plusieurs millions de Musulmans vivant en Amérique et qui sont des Américains."
Mais les intervenants ont dit leur préoccupation devant la montée de la discrimination anti-musulmane. Nisreen Haron, une artiste née au Pakistan, designer intérieur et directrice du centre Islamique, a trouvé étrange qu'on puisse être traité différemment. "Brusquement, vous ne faites plus du tout partie de la communauté," a-t-elle dit.
Maher Hathout, un médecin actif au centre Islamique, croit que le public américain s'est bien comporté en général, mais il a regretté certains incidents (le cas de passagers arabes arbitrairement refusés par certaines compagnies aériennes). "Il n'y a pas moyen, jusqu'ici, de réparer ce grief," a-t-il ajouté.
Le modérateur du groupe était le pasteur Grant Hagiya, un Américain japonais de la troisième génération et surintendant de la Conférence Annuelle évangélique méthodiste Pacifique / Californie. Il s'est rappelé que la vie de ses parents a radicalement changé après le bombardement japonais de Pearl Harbor. Ils ont finalement échoué dans des camps d'internement, comme beaucoup d'Américains japonais à cette époque.
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Linda Bloom est rédactrice en chef du Service de Presse évangélique méthodiste à New York
15/10/2001
Source: UMNS