(N.C). Canada, Vancouver: la laïcité menace l'expression religieuse, avertit le primat de l'Eglise anglicane du Canada

Le primat de l'Eglise anglicane du Canada, l'archevêque Michael Peers, a averti que la laïcité au Canada menace l'expression publique de la religion. Durant le sermon qu'il a prononcé à l'occasion du Nouvel An dans la cathédrale de l'Eglise du Christ à Ottawa, l'archevêque Peers a déclaré que les représentants du gouvernement supprimaient toute référence religieuse lors des cérémonies publiques par crainte d'offenser quelqu'un.


Il a cité la cérémonie nationale de deuil qui s'est tenue trois jours après les attaques du 11 septembre aux Etats Unis. La cérémonie eut lieu sur la pelouse attenante au Parlement; le Premier Ministre Jean Chrétien ainsi que d'autres responsables du gouvernement y avaient pris part; au cours de cette cérémonie, on a évité toute forme de réflexion religieuse, a fait remarquer l'archevêque. 


Cette omission a soulevé des critiques de toutes parts; à l'opposé, des cérémonies analogues se sont déroulées aux Etats Unis comme au Royaume-Uni, qui, elles, ont inclus des éléments religieux forts.


Le Canada se vante de "sa laïcité, de son pluralisme et de sa démocratie", a dit l'Archevêque Peers, ajoutant que beaucoup de fonctionnaires publics pensent que la laïcité de l'Etat exige que tout discours public soit expurgé de références religieuses. 


Le pays se montre très fier de son caractère multiculturel, mais il commet une erreur, s'il ignore la foi sur laquelle beaucoup de ces cultures sont basées, souligne l'archevêque.


"Une culture, c'est beaucoup plus que du simple folklore et c'est particulièrement vrai pour les croyants," a dit le primat. 


Lois Wilson, membre du sénat, chambre haute parlementaire et ancienne modératrice de l'Église Unie du Canada (UCC), partage son analyse. "[Les fonctionnaires] semblent penser qu'en ne faisant aucune référence du tout, en particulier à la religion chrétienne, ils élimineront le risque d'offenser quelqu'un," a-t-elle dit à l'agence oecuménique ENI. 


La cérémonie qui a suivi l'attaque terroriste contre les Etats Unis n'était pas un événement isolé, a reconnu le sénateur; il a cité entre autres cérémonies le service commémoratif tenu après l'accident de l'avion de la Swissair (vol 111) en 1998 au large de la côte de la Peggy's Cove à Nova Scotia.


"Les chrétiens présents [à ce service commémoratif] n'ont pas été invités à lire l'Ecriture Sainte, ni à faire des prières chrétiennes ni à mentionner Jésus." 


Immédiatement après les attaques terroristes sur les EU, "les membres de beaucoup de communautés religieuses et même les gens sans aucune appartenance religieuse identifiable cherchaient les ressources de la spiritualité," a dit Pardy. 


Mais une cérémonie strictement chrétienne n'aurait pas été appropriée non plus. "Quand nous entrons dans la sphère publique, nous devons être sensibles aux expressions religieuses de toutes les communautés religieuses," a ajouté le pasteur. 


Peter Schonenbach, le secrétaire général de la Conférence canadienne des Évêques Catholiques, a dit à ENI que les responsables religieux avaient un rôle à jouer dans le processus démocratique. 


Mais il a critiqué les représentants des Eglises parce qu'ils ne répondaient pas assez souvent à des invitations officielles. 


L'archevêque Peers a conclu son sermon du Nouvel An en disant que les chrétiens avaient à "s'engager" dans leur société, .... " afin qu'à long terme, au temps de Dieu et peut-être même en notre temps, un lien plus étroit soit établi entre la foi et la société, ce pour quoi Jésus a oeuvré et nous prions."


14 janvier 2002


Source: Ecumenical News International (ENI)