Le choix des Secrétaires Généraux du «Conseil Oecuménique des Eglises» (COE) dans les années 80 a correspondu aux désirs des régimes communistes du bloc de l'Est. Ce point ressort du nouveau livre publié par les historiens de l'Eglise que sont Gerhard Besier, Armin Boyens et Gerhard Lindemann (Protestantisme national et mouvement oecuménique. Le comportement des Eglises durant la guerre froide) (1945-1990), Editeur Duncker&Humblot, Berlin). D'après leurs investigations, les Secrétaires Généraux Emilio Castro (1985-1992) de même que le théologien allemand élu en 1992 et toujours en fonction de nos jours Konrad Raiser ont figuré les candidats favoris aux yeux des fonctionnaires d'Etat chargés des questions ecclésiales dans le bloc de l'Est. A la fin des années 70 et au début des années 80, l'ancien Secrétaire Général Philip Potter (1972-1985) a songé à partir à la retraite. En mars 1979, on s'était entendu dans le bloc de l'Est sur le fait que les fonctionnaires d'Etat des Etats Socialistes s'uniraient à temps voulu sur le nom de la personne appelée à succéder à Potter. Quand en 1984 il a été établi que le Méthodiste Potter voulait mettre un terme à son engagement, sa succession était déjà préparée. Castro, précisément méthodiste et de plus socialiste convaincu, aurait été, - selon Besier -, le favori du bloc de l'Est. On ne lui aurait donné que peu de chances d'être élu, comme on en donnera peu à Raiser, c'était «une bonne possibilité mais cela n'était pas malheureusement pas une possibilité réelle». De fait, Castro fut élu Secrétaire Général en 1985. Il venait d'Urugay. Il était aussi un des dirigeants actifs de la Conférence Chrétienne de la Paix financée par Moscou. Raiser a été le successeur de Castro en 1992 après l'effondrement du communisme en Europe du Centre et de l'Est à la tête du COE stationné à Genève. Il a influé sur cette institution regroupant sous le même toit des Eglises protestantes, orthodoxes et anglicanes dès avant 1973 et jusqu'en 1983 en tant Secrétaire adjoint et président du programme «Justice et Service». Il avait été ensuite professeur en oecuménisme à l'Université de Bochum dans la Ruhr. Il a été toujours à nouveau reproché au COE d'être subordonné et influencé par les services secrets du bloc de l'Est. D'anciens militants de droits de l'homme reprochent encore aujourd'hui à l'organisation de ne s'être engagé unilatéralement que contre l'apartheid en Afrique du Sud mais d'avoir gardé le silence sur les atteintes au droits de l'homme dans les dictatures communistes. Lors d'une rencontre avec des militants tchèques en novembre à Prague, Raiser eut droit à des critiques violentes. Le pasteur Alfred Kocab - un des cosignataires de la «Charte 77» - disait que Genève n'avait donné aucun signal, comme quoi on comprenait la position des dissidents. D'après l'ancien militant des droits de l'homme Jan Dus, le Conseil Oecuménique des Eglises a fait la sourde oreille aux pétitions et aux informations qui leur étaient envoyées à propos des pasteurs persécutés pour des raisons politiques. Raiser s'est déclaré favorable pour une relecture approfondie et critique de ce passé.
>Source: idea Allemagne