Liberato C. Bautista connaît vraisemblablement beaucoup de monde. Et c'est bien qu'il en soit ainsi, vu que c'est précisément son travail de connaître du monde et de faire connaître les multiples prises de position de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM). Le Secrétaire Général adjoint du "General Board of Church and Society" (GBGC) de l'Eglise Evangélique Méthodiste a son bureau auprès de l'ONU à New York. Le fonctionnaire philippin se meut avec agileté dans les cercles diplomatiques, il sait quelles personnes mobiliser pour la défense des valeurs chrétiennes «l'amour, la justice et le salut des nations». Sa facilité et sa joie à établir le contact sont contagieuses. On le voit rarement avec un visage grave. L'année prochaine, il sera ordonné diacre au sein de l'EEM. Sa vacation appartient dès lors aussi à sa vocation. Pendant qu'il est assis avec Jaydee R. Hanson, un autre Secrétaire Général du GBCS, à nos côtés, - Martin Roth, Thomas Bolleter et Joerg Niederer - au restaurant du Centre Oecuménique de Genève, il n'arrête pas de se lever de sa place et de se diriger vers les passants, homme ou femme, de leur secouer la main avant de nous les présenter, sans jamais perdre de vue sa mission: faire connaître les revendications de l'Eglise, former des coalitions dans le combat pour la justice et la paix. Avec Lukas Vischer, il se met à parler sans détours d'écologie. Par son biais comme par Jaydee Hanson, nous apprenons que l'EEM est un membre accrédité auprès de l'ONU. En Suisse, cinq membres de l'EEM pourraient obtenir un accès officiel auprès de l'ONU. Actuellement, ce ne sont que 2 à 3 qui disposent de cette accréditation. Bautista nous voit déjà, -éventuellement des membres de la Commission pour les Questions Sociales (KA24) de l'EEM Suisse-France- comme disposant d'un libre accès aux ressources essentielles de l'ONU et à ses sessions thématiques, bimensuelles. Par ailleurs, nous apprenons que l'EEM est le donateur privé le plus important pour les projets de l'UNICEF. Ce n'est pas étonnant que Liberato Bautista est résolument favorable à l'intégration de la Suisse à l'ONU. Déjà la Suisse est plus ou moins de la partie à travers un grand nombre de moyennes organisations. Présentement, la Suisse paie, mais sans avoir encore voix au chapitre à l'ONU. Rien ne s'oppose à l'entrée de la Suisse au sein de l'ONU, pense-t-il. Il n'est jamais embarrassé de relayer les revendications de l'ONU. Martin Roth l'interroge sur les motivations personnelles qui le poussent à travailler comme chrétien au sein de l'ONU. C'est dans un contexte mondial qu'il peut, pense-t-il, transmettre de façon optimale l'Evangile. Ici, on cherche à traduire les valeurs chrétiennes de l'amour, de la bonne nouvelle et du salut des peuples dans les faits au sein d'un monde réel et dans le monde entier. Mais il n'apporte pas son soutien à tout ce que l'ONU représente. Il récuse l'idée selon laquelle la violence peut être éradiquée par la violence. Ainsi gagne-t-il de l'influence sur d'autres représentants de l'ONU. Non pas comme franc-tireur mais ensemble avec d'autres personnes issus d'un contexte chrétien. Il appartient à une équipe oecuménique coordonnée par le «Conseil oecuménique des Eglises» (COE) et par la «Fédération Luthérienne Mondiale» (LWB) et chargée de présenter la position des Eglises sur les questions du développement économique à la Conférence de l'ONU au sommet social mondial (26 au 30 juin 2000). Dans cette équipe oecuménique ont été privilégiés des gens venus du Sud de même que des femmes et des représentants indigènes. Parmi eux figure aussi Liberato C Bautista, notre représentant auprès de l'ONU. Il me remet alors dans mes mains la déclaration de l'équipe oecuménique, au titre suggestif «Now is the Time...». Dans sa serviette, il dispose d'autres exemplaires. Il va les glisser cet après-midi dans les mains d'autres personnes.
>Source: EMKNI