<19.10.2000 Russie: les Orthodoxes exigent la règle du consensus à la place du principe majoritaire au Conseil Oecuménique des Eglises

Les contacts entre l'orthodoxie, en particulier les orthodoxes russes et les chrétiens de l'Ouest sont devenus plus rares ces derniers temps. La semaine dernière, une délégation suisse interreligieuse a rendu visite au patriarche de Moscou et à d'autres Eglises de l'Europe de l'Est. L'orthodoxie y renouvelait ses exigences à l'égard du «Conseil Oecuménique des Eglises» (COE). Du côté réformé, il y avait la délégation formée et coordonnée par l'«Université de Fribourg», Gottfried Locher, chargé de l'oecuménisme au sein de la «Fédération des Eglises Protestantes de Suisse» (FEPS) ainsi que son vice-président, le Prof. Bruno Buerki de Neuchâtel, qui enseigne la liturgie à l'Université de Fribourg.

La délégation, à laquelle participaient aussi des catholiques venus d'Allemagne et d'Autriche, était reçue à Moscou comme invités d'honneur par le patriarche russe-orthodoxe Alexej dans le cloître de Saint Serge, à environ 70 km au nord-est de Moscou. A cet endroit a été célébrée la fête de St Serge avec toute la magnificence propre à l'église orientale. Mais les délégués n'ont pas eu de véritable conversation avec le patriarche.

Les quelque 10 000 pèlerins venus de toute la Russie au Couvent à cette occasion montraient clairement que les invités religieux venus de l'Ouest n'étaient pas les bienvenus à leurs yeux. Dans la cour du cloître étaient vendus des livres anti-oecuméniques et même antisémites; cependant, de tels ouvrages étaient absents des stands de librairie officiels.

La célébration s'est terminée par une annonce politique: la restauration du tsarisme et de la grandeur de l'ancienne Russie, par rapport à l'Occident dominant aujourd'hui le monde entier. Sinon, des discussions très ouvertes et très pointues ont eu lieu; mais aucune discussion avec le patriarche, une personne plutôt inabordable, presque comme une sorte de tsar de substitution. Au Ministère religieux des Affaires Etrangères du patriarcat de Moscou, la question du Conseil Oecuménique des Eglises a occupé la première place des entretiens du lendemain. Les Eglises Orthodoxes de Bulgarie et de Georgie sont déjà sorties du COE, et les Russes ont réduit au maximum leur collaboration. Comme le secrétaire général pour l'oecuménisme chrétien, le père russe Hilarion Alfejev, l'a expliqué, les orthodoxes en ont d'abord assez d'être continuellement mis en minorité au sein du COE. Le Conseil Oecuménique des Eglises devrait abandonner son principe majoritaire et aspirer au consensus de tous les membres.

C'est la revendication majeure dont l'orthodoxie ou tout du moins sa voix la plus importante, l'Eglise Russe, fait dépendre sa participation à venir à Genève. Le patriarcat de Moscou se sent aussi menacé par les «Evangéliques» et par les "sectes américaines". Ceux-ci auraient tenté d'aller à la «pêche des âmes» et de répondre aux besoins spirituels et matériels du peuple orthodoxe après 70 ans de communisme par des «pratiques malhonnêtes» et des aides matérielles.

L'orthodoxie déclare avec insistance que c'est exclusivement son affaire de ramener à Jésus-Christ les Russes éloignés de leur foi sous le bolchevisme et souvent même pas baptisés.

>Source: Reformierter Pressedienst - Heinz Gstrein