Etats Unis, Memphis: Neuf dénominations s'entendent pour combattre le racisme

Après 40 ans de dialogue, des responsables de l'Église Evangélique Méthodiste (EEM) et de huit autres groupes chrétiens - représentant environ 22 millions de fidèles dans le monde entier - ont pris la résolution le 20 janvier dernier d'adorer Dieu ensemble, de porter témoignage et de travailler ensemble à partir d'aujourd'hui comme "Churches Uniting in Christ" (Églises s'unissant dans le Christ).


Les neuf dénominations membres des "Churches Uniting in Christ" ont aussi célébré l'anniversaire de Martin Luther King Jr en procédant à une marche publique et en prenant l'engagement au nom de leurs Eglises de combattre le racisme et les privilèges que s'arrogent les blancs dans leurs communautés, au sein de la nation comme dans le monde entier.


Après 40 ans de dialogue pour tenter la fusion par-delà les différences confessionnelles (et l'échec de leur tentative à créer une "superstructure" ecclésiale dans les années 1970), les Eglises membres de la Consultation sur l'Union de l'Église (COCU) ont consenti à maintenir leurs identités et leurs structures confessionnelles pour le moment. 


Cependant, lors de leur 19ème Séance plénière à Memphis, elles ont déclaré leur intention de passer du stade de la simple consultation à des actes tangibles de coopération; abandonnant le sigle de "COCU", elles se regroupent sous le nouveau nom "des Églises s'unissant dans le Christ." Les Eglises membres comprennent l'"African Methodist Episcopal Church", l'"African Methodist Episcopal Zion Church"; la "Christian Church" (Disciples of Christ); la "Christian Methodist Episcopal Church"; l'"International Council of Community Churches"; l'"Episcopal Church", la "Presbyterian Church" (U.S.A.); l'"United Church of Christ" et l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM).


Pour les Eglises locales, cela signifie qu'elles seront encouragées à coopérer sur le terrain de la mission, dans l'implantation de nouvelles Eglises et à reconnaître comme à observer le baptême qui leur est commun ainsi que les autres formes de cultes. Et les communautés locales des groupes participants - qui comprennent des Méthodistes, des Presbytériens, des Membres de l'Eglise Episcopale et des Disciples - pourraient changer de logos pour refléter leur affiliation à l'organisation: elles se présenteront comme "l'Église Evangélique Méthodiste : membre des Églises s'Unissant dans le Christ." 


Mais le plus important, selon les responsables des neuf Eglises membres, les chrétiens locaux seront encouragés à travailler ensemble dans le domaine que la Fédération dd'Eglises juge prioritaire: éradiquer le racisme de la surface de la terre. 


"Tandis que chaque dénomination conserve sa propre identité et ses propres structures opérationnelles, nous nous engageons devant Dieu à nous rapprocher les uns des autres dans le domaine spirituel, à partager régulièrement le repas du Seigneur et le travail missionnaire, et particulièrement la mission de combattre ensemble le racisme," a expliqué le pasteur Bruce Robbins, responsable de la Commission chargée de l'unité entre chrétiens et des questions interreligieuses à New York.


"Enregistrez-le bel et bien, dans une nation toujours profondément déformée par le péché du racisme, les chrétiens se sont réunis à Memphis pour dire, "Au nom de Christ, cela doit s'arrêter!" a dit le pasteur Michel Kinnamon, professeur à l''Eden Theological Seminary" à St. Louis et dirigeant de la Consultation sur l'Union des Églises.


La Consultation sur l'Union des Églises a débuté en 1962, quatre dénominations discutaient alors l'éventualité de leur fusion. Son but au départ a été de réaliser la fusion effective des Eglises en faisant des Eglises participantes un seul corps. La tentative de former une superstructure a échoué, mais neuf dénominations, y compris l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), ont poursuivi le dialogue tout en lui faisant prendre une nouvelle direction. Le but visé a été de parvenir à une unité de vues à la place d'une union "organique"


Avec la participation de trois dénominations méthodistes historiquement noires, la consultation a étendu sa notion d'unité chrétienne: ce fut pour elle un véritable défi. Comment les Eglises pourraient-elles s'unir par-delà leurs différences confessionnelles, dès lors que leurs rangs ont été déchirés par le racisme? En conséquence, les neuf Eglises ont déclaré que leur premier mot d'ordre commun en tant qu'Églises s'Unissant dans le Christ serait de lutter contre le racisme. À leur 18ème Séance plénière en 1999, les membres avaient adopté "un Appel aux Églises: se mettre en quête de la Communauté Aimée de Dieu." La lettre a été signée pendant la 19ème Séance plénière à Memphis.


Pour des évangéliques méthodistes, l'appel prend une résonnance particulière, parce que les trois Eglises Méthodistes historiquement noires dans les ÉGLISES- COCU- Unies dans le Christ ont vu le jour après que des cas de ségrégation raciale au sein de l'Eglise Méthodiste "mère" aient conduit quelques Noirs à créer leurs propres dénominations.


"Le Racisme est un des 'points délicats' pour notre Eglise et pour les Églises s'Unissant dans le Christ," a reconnu l'Évêque Fritz Mutti, responsable de l'Eglise Evangélique Méthodiste dans le Secteur du Kansas, en s'adressant aux délégués et observateurs évangéliques méthodistes lors de la réunion de Memphis. 


"Si notre Eglise ne veut pas combattre le racisme et les privilège dévolus aux blancs, nous aurons failli à la raison d'être même de notre rassemblement (avec d'autres dénominations)," a ajouté l'Évêque Melvin Talbert de Nashville, Tenn., chargé de l'oecuménisme au sein du Conseil des Evêques Evangéliques Méthodistes.


Dans son discours, Kinnamon a dit qu'en fait selon la manière dont les dénominations lutteront contre le racisme dans l'avenir, nous saurons "à travers ce test réel si nous avons ou non la volonté de vivre ensemble."


Cependant, quand on en vient à la politique et à la tradition de l'Eglise, le moindre pas en avant symbolique et tangible vers l'unité est délicat: il existe au moins deux points de friction, à savoir le rôle des évêques et la question du ministère ordonné. D'un côté de l'échiquier, vous avez les Presbytériens, qui n'ont pas ou ne reconnaissent pas la charge épiscopale; de l'autre bord, les membres de l'Eglise Episcopale, qui comptent des évêques comme élément essentiel à leur définition du ministère ordonné. 


Cependant, si l'on a craint un jour que cette discussion sur les évêques ne menace l'unité des neuf groupes, toutes les Eglises ont consenti à poursuivre les échanges en suggérant même des idées de réconciliation et en ajoutant même d'autres partenaires au dialogue. D'autres se sont en effet joints aux neuf Eglises à Memphis comme "observateurs reconnus" ou comme "associés dans le dialogue", à savoir des représentants de l'Église Morave, de l'Église Évangélique Luthérienne en Amérique, de l'Église Baptiste d'Amérique (ETATS-UNIS) et de l'Église Catholique.


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L'auteur de l'article, M. Garlinda Burton de Nashville, Tenn., est le rédacteur du magazine Interpreter, une publication destinée aux responsables des communautés évangéliques méthodistes.


22 janvier 2002

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)