Une «Consultation oecuménique sur l'avenir social et économique de la Suisse» a vu le jour en 1998. Arrivé à mi-course, le Directoire vient de brosser un bilan intermédiaire de cette opération en notant ses points forts et ses points faibles. C'était le vendredi 20 novembre 1998 au Centre de Conférences Alfa de Berne. Une centaine de personnes ont appris à cette occasion où on en était dans cette consultation populaire. 30'000 brochures de présentation ont été mises en vente, 117 retours ont été enregistrés jusqu'à la date du 15 novembre, plus d'une vingtaine l'ont été le mois passé, et la tendance est à la hausse. Dans le rang des répondants, 69% sont des célibataires, 32% d'expression française, 4% sont italophones. Les femmes sont de l'ordre de 21%, les hommes de l'ordre de 70%. Les 9% restants sont constitués de groupes mixtes. Un groupe de lecture prend actuellement connaissance des communications qui leur sont parvenues et procède à leur synthèse en fonction de 300 mots-clé référencés. A la tête du hit-parade apparaît le mot d'«Eglise» (50% de toutes les entrées), suivi par «Bible», «Politique», «Solidarité», «Avenir», et «Chômage». Tous ces termes reviennent à plus de 30% de toutes ces communications. Le résultat de cette enquête va servir de base de travail à l'enquête, que doit mener en février 1999 un groupe de réflexion composé de huit personnes. Ce groupe de réflexion va de son côté transmettre un rapport accompagné de recommandations via le Directoire à la «Conférence des Evêques Suisses» et à la «Fédération des Eglises Protestantes Suisses». Le résultat de ce travail sera publié par écrit et pressé sur CD-ROM, à la fin de cette Consultation présente prévue à la date du 30 juin 1999. L'ensemble des retours ainsi collectés y seront consignés, le rapport du groupe de réflexion s'y ajoutera ainsi que le message officiel des Eglises partenaires de ce projet.
La consultation en cours souligne différents facteurs. Parmi les points cités, l'interprétation idéologique de la base de discussion. Entre le modèle économique de la Corée du Nord et l'idéologie libérale favorable à l'essor économique, le texte fait déjà implicitement son choix.
Dans le groupe de discussion, on a aussi déploré le «patois de canaan» et la prétention démesurée des chrétiens à venir à bout de questions aussi complexes, comme celles qui se posent en économie. Il est aussi décevant de constater que, sur les 150 personnalités de premier plan du monde politique et économique contactées individuellement, seuls très peu d'entre eux ont daigné répondre à cette consultation.
On a voulu mettre en évidence que les Eglises ont à se positionner face aux questions économiques et parlent une langue compréhensible à tous, voilà ce que l'on a voulu prouver dans le débat organisé dans l'après-midi entre un pasteur et un représentant du monde économique. Mais on ne peut pas dire que ce fut une réussite. Pour la circonstance, c'est le Directeur Général de la Société Veillon SA. à Vevey, Jacques Zwahlen, un leader sur le plan économique qui fut invité. Cet homme défend plutôt la ligne des Eglises en s'engageant pour que les enfants, fabricants de tapis, bénéficient de justes conditions de travail. Son interlocuteur, Lukas Schwyn, pasteur pour «le travail et l'économie», avait manifestement toute la peine du monde à «exorciser» un modèle économique, où les considérations humanistes ne jouent aucun rôle. Le Père Roland-B. Trauffer a relevé ce point de vue à travers un voeu adopté en Assemblée Générale. En tant que religieux, il s'est senti parfaitement à l'aise dans cette discussion. Beaucoup trop. C'est ce qui l'a gêné.
Avec cette consultation oecuménique, deux objectifs sont visés. D'un côté, elle entend élaborer pour le prochain millénaire un modèle de société et d'économie compatible avec le Royaume de Dieu et partant de là prendre en compte les voix de l'économie, de l'Eglise et de la société. D'un autre côté, toutes les couches de la population en Suisse doivent s'interroger sur ces questions économiques et sociales. Ce processus ne doit pas s'arrêter une fois le rapport final publié, mais il doit être poursuivi par-delà la date du 30 juin 1999. Des documents de travail existent et sont maintenant à la disposition du public, certes tardivement. Un résumé de la problématique est accessible en différentes langues. Il est souhaité que des réunions publiques se tiennent et elles ont effectivement lieu en grand nombre. L'équipe entend développer des «groupes de discussion», où des gens de provenance différente peuvent échanger librement sur la consultation oecuménique.
L'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) participe à ce processus à travers la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse.
Source: EEMNI