COE: faire entendre la voix des jeunes

 Par Gérald Machabert (*)


Les jeunes réunis en pré-assemblée veulent faire entendre leur voix dans le concert des prises de position de la rencontre de Porto Alegre. Tous souhaitent une présence plus forte dans la vie du Conseil Oecuménique des Eglises (COE).


Le nombre de jeunes présents à Porto Alegre n'a pas encore atteint la proportion des 25% de participants aux différentes instances du COE, telle que l'avait recommandée le Comité Central. Cependant, le pasteur Samuel Kobia, Secrétaire général du COE, s’est réjoui de rencontrer les 250 jeunes réunis dans l'une des quatre pré-assemblées. Face à ceux-ci, il a reconnu la difficulté de "convaincre les Eglises d’envoyer des jeunes à une telle assemblée“. Cette année, chacune des Eglises membres a dû réduire le nombre de ses délégués. Or, lorsqu’une Eglise choisit ses délégués, elle préfère souvent privilégier des hommes d’âge mûr, aux jeunes et aux femmes. "Malgré sa politique volontaire, le COE n’a "aucun poids sur le choix des Eglises de leurs délégués".


Au cœur des préoccupations sociales


Cette pré-assemblée a surtout permis aux jeunes de travailler ensemble les questions qu’ils souhaitent promouvoir auprès de l’assemblée. "[Ils] n’ont pas encore de position et de politique à défendre", comme l’ont rappelé plusieurs intervenants lors de ces trois jours. Leurs prises de parole sont sans doute plus libres que beaucoup de celles qui seront entendues lors de l’Assemblée.


"Il nous paraît important de rappeler que la sexualité est un don de Dieu. Elle a à voir avec la spiritualité. Cet ensemble de préoccupations doit être porté au cœur de la réflexion de l’Eglise". La sexualité, les relations hommes-femmes, le VIH-Sida, l’accueil des personnes handicapées dans les Eglises, le respect de la vie humaine, sont quelques-unes des questions sur lesquelles les jeunes interpellent le plus énergiquement les Eglises.


"Vous nous aidez à grandir"


La politique interne du COE a aussi été abordée avec Samuel Kobia, qui a demandé aux jeunes de l'appeler "Sam", ce que beaucoup ont eu du mal à faire. Il a été questionné sans détour: "Qu’attendez-vous des jeunes au sein du mouvement oecuménique? Vous savez bien qu’ils sont souvent utilisés comme prétexte ou pour faire avancer certains agenda politiques !" A cette demande d’un délégué de la Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants (FUACE), "Docteur Sam" a répondu en incitant les jeunes à élire leurs représentants au Comité Central et au Comité Exécutif du COE. "Toutes les décisions importantes du COE y sont prises et il est important pour vous d’y être présents. Aujourd’hui, avec le système de décision par consensus, chaque voix a une chance d’être entendue et enregistrée dans les décisions. Par conséquent, vous avez une réelle opportunité de faire entendre la voix des jeunes dans le mouvement oecuménique. Vous nous aidez à grandir".


Samuel Kobia est aussi venu entendre la position des jeunes sur la question du président "jeune" du COE. Depuis l’Assemblée de Camberra en 1991, l’un des huit présidents du COE doit être un jeune, donc avoir moins de trente ans. Son nom est soumis à l’Assemblée pour élection par l’une des six régions. Samuel Kobia souligne de nouveau combien il est difficile pour les régions d’avancer le nom d’un jeune pour les représenter, plutôt que celui d’une personnalité reconnue et plus âgée. Les jeunes ont entendu cette interpellation puisqu’ils devaient se retrouver à plusieurs reprises pour élaborer leur stratégie sur ce sujet avant l’ouverture de l’Assemblée.


De Babel à la Pentecôte


La pré-assemblée s’était ouverte avec une célébration conduite par de jeunes brésiliens autour de la diversité présente à Porto Alegre, soulignée par le récit de la tour de Babel. Après trois jours de rencontre et de travail, c’est sans doute à l’unité de la Pentecôte que jeunes délégués, stewards et conseillers sont arrivés.


(*) Gérald Machabert vient de Montbéliard, France. Il est actuellement pasteur de l'Eglise Evangélique Luthérienne de France pour lequel il est également rédacteur en chef de son mensuel L'AMI CHRETIEN.


14/02/2006


Source: Conseil oecuménique des Eglises (COE)