Etats Unis: réactions contrastées des milieux religieux à l'annonce du président Bush sur la relance des recherches scientifiques sur les cellules souches

En annonçant l'attribution de fonds aux seules recherches liées aux cellules souches, George W. Bush rompt avec l’orthodoxie républicaine et éveille des réactions très contrastées dans la société américaine. 


Du côté des opposants résolus, l'Eglise catholique et la Southern Baptist Convention


Les milieux catholiques sont les plus virulents et ils lui reprochent de ne pas respecter le caractère sacré de l'embryon. "Les embryons sont des êtres vivants. Si la vie ne commence pas dès la conception, alors quand commence-t-elle?", s'est indigné William Donahue, président de la Ligue catholique. "Le compromis annoncé est moralement inacceptable", a condamné Joseph Fiorenza, président de la conférence américaine des évêques catholiques.


"Le gouvernement fédéral, pour la première fois de son histoire, soutiendra la recherche prévoyant la destruction de quelques êtres sans défense dans l'intérêt éventuel d'autres êtres," a ajouté Fiorenza dans sa déclaration publique. "Il autorise nos institutions de recherche nationale à manquer de respect pour la vie humaine."


La hiérarchie catholique a aussi fait valoir que de multiples autres voies restent à explorer, qui n'imposent pas de détruire ou de créer des embryons à des fins thérapeutiques. De fait, la découverte de l'existence, dans les organismes adultes, de cellules souches, laisse entrevoir les mêmes perspectives, tout en permettant de faire l'économie des lourdes questions éthiques relatives à l'embryon, à son statut et à son usage.


Les protestants conservateurs se disent à la fois déçus et encouragés par l'approche de Bush


"Il ne met pas de fonds fédéraux dans une entreprise consistant à tuer des bébés complémentaires, " reconnaît Richard Land, président de la Commission d'Éthique et de la Liberté Religieuse des Baptistes du Sud, signe pour lui que Bush ne franchit pas une ligne morale fondamentale. "La position idéale aurait été zéro dollar pour la recherche" a lancé de son côté le pasteur protestant ultraconservateur Jerry Falwell.


Les instances de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), dont le président Bush se réclame, étaient intervenues auprès de lui, le sommant d'interdire tout financement fédéral, mais les responsables se disent néanmoins satisfaits de la position adoptée en dernier ressort par le président, car à leurs yeux elle prend en compte toutes les dimensions morales du problème.


"Nous aurions aimé que se poursuive le moratoire en place, mais il était important pour Bush de réduire le financement fédéral autant que possible, du moment qu'il démarrait," disait Jay Dee Hanson de la Commission Eglise et Société (EEM) à Washington. En tant que chrétien, Bush n'était pas obligé de parvenir à une autre conclusion, ajoute Hanson. Il aurait aussi été naïf de penser que le souci spirituel de Bush occulterait complètement chez lui tout calcul politique. "J'ai le sentiment que, comme président, il était obligé de tenir compte de toutes les traditions religieuses de ce pays," a-t-il dit.


L'Église Presbytérienne (U.S.A) était du nombre des dénominations protestantes qui ont approuvé les recherche sur les cellules souches embryonnaires. Cette Eglise encourage toute recherche à des fins médicales qui ne pourrait pas être réalisée par une autre voie, à condition aussi que les dons d'embryons se fassent indépendamment de toute décision d'avortement et enfin à condition expresse que les embryons humains n'aient pas été vendus.


Du côté des partisans avoués de la mesure présidentielle, une coalition religieuse, la "Religious Coalition for Reproductive Choice" regroupant un nombre important d'Eglises et de communautés religieuses américaines (voir dépêche voisine) qui estimera néanmoins que le président n'est pas allé suffisamment loin, préférant le compromis à une décision franche et nette en faveur de la recherche médicale. La coalition regrettera"son manque de courage moral, de vision et du sens du "respect de la vie."" Aux yeux de la coalition, la décision présidentielle est même cruelle, parce qu'elle retardera tout remède aux maladies aujourd'hui incurables (Alzheimer, diabète, etc,....).


Quant aux groupes antiavortement, pour leur part, ils ont réagi avec compréhension: Bush «a courageusement respecté sa promesse de protéger les enfants qui ne sont pas encore nés», a même déclaré James Dobson, président de Focus on the Family


Les épiscopaliens (anglicans) et luthériens s'étaient gardés de prendre position.

Source: EEMNI & le monde.fr & lefigaro.fr & Reuters & ABCNEWS.com