Etats Unis, Dallas: Wesley et la poursuite de la perfection

Pour John Wesley, la perfection chrétienne se résume essentiellement "en l'amour pur de Dieu et du prochain" - un amour qui peut se renforcer en cas de désaccords ou de différences avec les autres, déclare une théologienne évangélique méthodiste.


Lors de la réunion de printemps des évêques de la dénomination, Marjorie Suchocki a survolé le livre de Wesley, "A Plain Account of Christian Perfection" (...la Perfection Chrétienne), pour marquer le 300ème anniversaire de la naissance de John Wesley, le fondateur du mouvement méthodiste. Le conseil international se rencontrait du 28 avril au 2 mai à Addison, Texas.


"Chaque évangélique méthodiste doit connaître le contenu de ce livre," a dit Suchocki, spécialiste du méthodisme à l'United Methodist School of Theology de Claremont (Californie). Elle souhaitait voir étudier et comprendre par chaque église de la dénomination ce qui était au coeur du Méthodisme. "J'ose espérer que tout chrétien mette tout spécialement l'accent sur cette forme de perfection."


La perfection, pour Wesley, c'est cet "amour pur de Dieu et du prochain, le fait d'aimer Dieu de tout notre coeur et de toute notre âme et le fait d'aimer notre prochain comme nous-mêmes," a dit Suchocki. Elle a suggéré que lors des cérémonies d'ordination, on ne se contente pas simplement de demander aux candidats au ministère s'ils étaient prêts à "rechercher la perfection," mais qu'on ajoute quelques mots d'explication sur la nature de cette perfection. 


Wesley croyait que l'homme avait été créé avec un esprit, des émotions et un corps et qu'il lui appartenait de développer ces composantes entièrement à la gloire de Dieu et la gloire de Dieu, c'est l'amour de Dieu, a-t-elle dit. "Tout qui appartient à votre être est censé se mettre au service de l'amour," a-t-elle dit.


L'intention de Dieu pour l'homme est claire: permettre à chacun de développer pleinement ses capacités, a-t-elle ajouté. Elle s'est rappelée le cas d'un ami étudiant atteint d'une paralysie cérébrale, qui a développé au maximum ses capacités physiques à la gloire de Dieu.


"Vous êtes faits pour l'amour, pour que vous aimiez avec tout ce que vous êtes et pas seulement avec une version tronquée de ce que vous êtes," a-t-elle dit.


Wesley a compris que le salut avait pour conséquence directe l'affaire de la sanctification, toujours selon ce professeur.


Faire des erreurs fait partie intégrante de la vie, précise-t-elle. "Nous ne pouvons pas plus vivre sans faire d'erreur que vivre sans respirer," a-t-elle dit. "Par conséquent, nous avons besoin du Christ."


Autre remarque de Suchocki: les désaccords ou les différences de croyance que nous pouvons avoir avec les autres renforcent plutôt l'amour qu'ils ne le menacent. Quand on cherche à se faire des muscles, on préfère utiliser des poids plutôt que des plumes - bien que les plumes puissent apparaître plus agréables au toucher, selon Suchocki. "Ce qui vous aide le plus à grandir dans l'amour, c'est quand vous avez un petit désaccord en cours de route."


Elle a rappelé aux évêques l'exhortation de Wesley à veiller et à prier continuellement pour contrer l'orgueil. "Il y a orgueil pour Wesley, quand il y a refus d'apprendre de quelqu'un d'autre," a-t-elle dit. Elle a cité Wesley: "oui, vous avez besoin d'être enseigné par le plus mauvais des prédicateurs de Londres." 


Wesley croyait que chacun était potentiellement enseignant et il disait aux premiers méthodistes qu'ils avaient besoin d'apprendre précisément de ceux qui n'étaient pas d'accord avec eux ou qui les critiquaient, ajoutait Suchocki.


"Nous servons un Dieu qui est le Dieu de toute la création et si vous osez penser que l'amour béni de Dieu est circonscrit ... vous commettez une erreur dangereuse," a-t-elle dit.


On tombe dans l'idolâtrie quand on s'imagine que ses propres pensées correspondent exactement à celles de Dieu, a-t-elle averti. 


Les différences sont nécessaires pour l'église de Jésus Christ parce qu'elles poussent les chrétiens à se dépasser. Selon Suchocki, aimer l'autre dont on diverge sensiblement est un point théologiquement important: "nous devrions d'autant plus nous aimer les uns les autres que dans l'Eglise prévaut la diversité théologique."


Quand on met l'accent sur la perfection chrétienne, on prend en compte le cas de ceux qui sont différents et on répond à ces différences autrement que par des bombes verbales ou physiques; on prend ces différences comme des invites à la croissance, a-t-elle dit.


"Recherchez-vous la perfection?" A-t-elle demandé aux évêques. "Oh, oui, remerciez Dieu."


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Le 5 mai 2003

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)