<25.06.99 Hongrie: des diplomates comme libérateurs -une exposition à Budapest

«Passeport collectif N°1. L'Ambassade suisse en Hongrie cherche à obtenir de toutes les autorités civiles et militaires le droit pour tous les porteurs de ce passeport collectif nommés ci-dessous de passer librement et sans entraves la frontière. En même temps, elle recommande ceux-ci aux bonnes grâces de toutes ces autorités et fonctionnaires, vers qui ils se tourneraient et cherche à leur assurer secours et protection. - Budapest, le 29 juillet 1944. Le responsable du service des intérêts étrangers: Carl Lutz.»

La copie du document cité ici est accroché au mur du château royal de Budapest, dans un couloir de la Bibliothèque Nationale déménagée là-bas; il s'y tient une petite exposition inaugurée récemment par le président de l'Etat Árpád Goencz et ouverte jusqu'à la fin du mois de juin. Son titre: 'Visa pour la vie'. Cette exposition organisée conjointement par le Centre Simon-Wiesenthal et par le Yad Vashem Memorial est un coup de projecteur sur treize diplomates, qui pendant la seconde guerre mondiale ont sauvé la vie à des dizaines de milliers de Juifs persécutés par leur intervention -le plus souvent tolérée par les ministres des Affaires Extérieures. Le Consul suisse et le Méthodiste en activité en 1944 à Budapest et aujourd'hui décédé Carl Lutz et sa femme Gertrude appartiennent précisément au nombre des personnes honorées par cette exposition au même titre que le chargé d'affaires de l'IKRK en Hongrie. Le «passeport collectif», formule inventée par le Consul Lutz a été reprise comme une méthode pour sauver les gens menacés; elle prenait la forme de différents types de laisser-passer et d'autres messages neutres; des maisons et des appartements «protégés» ont été mis en place. Un autre 'sauveur' infatigable, dont l'engagement est aussi très largement documenté dans cette exposition, a été à Budapest Raoul Wallenberg qui a été déporté plus tard par les Soviets. Lui comme Lutz, ils ont aujourd'hui leurs monuments dans la capitale hongroise. Les autres diplomates cités dans l'exposition sont Maximilian Jaeger, Harald Feller, Franz Bischof, l'avocat Peter Zuercher, Georg Ferdinand Duckwitz, Feng Shan Ho, Chiune Sugihara, Jan Zwartendijk, Hiram Bingham, René de Weck, Pio Perucchi, Candido Porta et Aristides de Sousa Mendes. Ce dernier a fini par agir en 1940 expressément contre l'éducation qui fut la sienne, après la défaite de la France, après un grve débat intérieur: il fabriqua 30'000 visas pour des réfugiés. L'ancien Consul congédié réduit à la solitude est mort en 1954 dans un Hôpital pour pauvres. La petite exposition compte bon nombre de portraits et de prises et de documents d'époque; elle met en lumière un brin d'humanité au milieu de la catastrophe humanitaire du siècle.

>Source: Neue Zuercher Zeitung du 18.06.1999 - Adreas Oplatka