Déclaration du Comité Oecuménique 

DÉCLARATION DU COMITÉ OECUMÉNIQUE à la CONFÉRENCE MONDIALE de l'ONU CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE, LA XÉNOPHOBIE ET L'INTOLÉRANCE QUI LUI EST LIÉE


Le racisme est un péché. Il est contraire à la volonté de Dieu: Dieu veut pour tous l'amour, la paix, l'égalité, la justice et la compassion. C'est un affront à la dignité humaine et une grave violation des droits de l'homme.


La dignité humaine est un cadeau de Dieu à toute l'humanité. C'est le cadeau de l'image de Dieu et de la ressemblance à Dieu en chaque être humain. Le racisme profane la ressemblance de Dieu dans chaque personne. Les droits de l'homme, c'est une manière de protéger la dignité humaine. Nous participons à la défense de droits de l'homme pour rétablir l'intégrité que le racisme a brisée. La lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les intolérances qui lui sont liées est une lutte pour sanctifier et affirmer la vie dans toute son ampleur.


Le racisme déshumanise, disqualifie, marginalise et appauvrit les êtres humains. Sa mise en application systématique et institutionnelle a abouti à la mort de beaucoup de peuples, au pillage de ressources comme à l'extinction de communautés et de nations.


Racisme, discrimination raciale, xénophobie et intolérances annexes ont contribué, individuellement et collectivement, à réduire notre humanité commune. Celle-ci prospère à l'intersection des races, des castes, des couleurs, des âges, des sexes, des différentes orientations sexuelles, des classes, des gens sans terre, de l'ethnicité, de la nationalité, de la langue et de l'incapacité. Le démantèlement et l'extertirpation du racisme exigent que nous nous attaquions à toutes ses manifestations et à toutes ses expressions historiques, que sont particulièrement l'esclavage et le colonialisme.


Comme hommes de foi, nous invitons tous les peuples, toutes les organisations non gouvernementales et tous les gouvernements à rompre les cycles de racisme, à aider les opprimés à parvenir à l'autodétermination et à établir des communautés durables, sans violer les droits des autres.


Le temps pour démanteler et supprimer le racisme est venu maintenant. Il est urgent pour nous et pour nos Eglises de reconnaître notre complicité et notre implication dans la perpétuation du racisme, de l'esclavage et du colonialisme, faute de quoi nous ne sommes pas crédibles.


Cette reconnaissance est importante parce qu'elle mène à des actes nécessaires, aux excuses et à la confession, au repentir et à la réconciliation et permet de recouvrer la guérison et l'intégrité. Tous ces éléments font partie de la réparation et des réparations dûes aux victimes du racisme, du passé et du présent.


Comme communauté de foi, nous nous engageons à lutter contre le racisme et contre toutes ses manifestations, dans l'espoir que le peuple de Dieu accomplisse aujourd'hui le mandat de l'Évangile que nous "puissions être tous un" (Jean 17,21).


A cette fin, nous nous engageons à retenir les priorités suivantes devant la Conférence Mondiale Contre le Racisme aussi bien que face à nos Eglises et aux instances et institutions oecuméniques:


1. ESCLAVAGE, COLONIALISME, APARTHEID ET RÉPARATIONS. Nos Eglises et nos gouvernements auront à reconnaître qu'ils ont profité de l'exploitation des Africains et de leurs descendants africains, des Asiatiques et de leurs descendants asiatiques et des Peuples Indigènes par l'esclavage et le colonialisme. Nous faisons plus loin appel à nos églises pour qu'elles prennent à coeur le principe des réparations comme une façon de réparer le mal commis et nous disons clairement que la traite des esclaves trans-Saharienne et transocéanique (Océan Atlantique, Pacifique et Indien) - ainsi que toutes les formes d'esclavage constituent des crimes contre l'humanité.


2. La PALESTINE. Pour la fin de l'occupation colonialiste israélienne des territoires palestiniennes occupés, la reconnaissance du droit des Palestiniens à l'autodétermination, y compris leur droit au retour et pour l'établissement d'un état palestinien souverain. Nous encourageons le dialogue entre Juifs, Musulmans et Chrétiens, de façon à promouvoir la paix, la tolérance et des rapports harmonieux.


3. DALITS ET DISCRIMINATION sur la BASE DE CASTEs. Pour la reconnaissance des Dalits parmi les victimes de la discrimination raciale et pour que toute discrimination fondée sur l'appartenance à une caste soit incluse dans la liste des sources du racisme. Il faudra ensuite que les gouvernements et les Nations unies prennent les mesures voulues pour interdire et réparer toute discrimination sur la base du travail et des origines.


4. ROMS, SINTI ET GENS DU VOYAGE. Pour que les églises et les gouvernements reconnaissent avoir exploité les Roms par l'esclavage, l'ethnocide et l'assimilation. Les gouvernements doivent adopter des mesures immédiates et concrètes pour supprimer toute discrimination, persécution, stigmatisation et violence contre ces peuples, sur la base de leur origine et de leur identité sociales. L'assistance publique, y compris le droit au logement, à l'éducation, aux soins médicaux et à l'emploi, aussi bien que la citoyenneté et la participation politique doivent leur être assurés. Toutes ces questions doivent être réglées en concertation avec les gens du voyage Roms, Sinti et leurs communautés.


5. OUVRIERS IMMIGRES ET GLOBALISATION. Assurer que tous les ouvriers immigrés aient droit à des conditions de travail équitables, à des salaires convenables et aient le droit de s'organiser, libres du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et des intolérances qui lui sont liées, aussi bien dans leurs pays d'origine que dans leurs pays d'accueil. Nous pressons les gouvernements de légiférer contre le trafic des femmes et des enfants visant à l'exploitation sexuelle et au travail domestique et d'y mettre un terme. La pauvreté et le fait d'être sans terre favorisent le racisme. Il existe une relation entre l'immigration, la pauvreté et le fait d'être sans terre; ces considérations méritent d'être analysées en fonction de la privatisation et de la globalisation.


6. MIGRANTS, DEMANDEURS D'ASILE, RÉFUGIÉS ET PEUPLES DÉPLACÉS. Reconnaître que le racisme et toutes ses manifestations sont à la racine de la discrimination contre les réfugiés, les immigrés, les demandeurs d'asile, les peuples déplacés, les sans-papiers et les personnes déplacées. Nous pressons les Nations unies à inviter les gouvernements à prendre les mesures appropriées pour protéger les droits de tels individus aussi bien dans leurs pays d'origine que dans leur pays d'accueil, veillant à leur assurer la liberté de mouvement, l'accès équitable à l'éducation et à la santé, au logement et aux services légaux. 


7. PEUPLES INDIGÈNES. Partagez l'effort des instances solidaires des peuples indigènes dans leurs luttes pour l'autodétermination et dans leurs efforts à construire des communautés paisibles et durables et à sauvegarder leurs connaissances indigènes, leurs ressources, leurs terres et domaines héréditaires, libres de toute discrimination et sur fond de respect, de liberté et d'égalité. Nous invitons aussi à prendre en compte toute la richesse des diversités sociales, culturelles, spirituelles et linguistiques des peuples indigènes.


8. LIBERTÉ RELIGIEUSE ET INTOLÉRANCE RELIGIEUSE. Promouvoir liberté religieuse et la liberté religieuse comme droits de l'homme. N'importe quelle intolérance, n'importe quelle agression envers autrui, ou toute atteinte à la liberté d'autrui et de n'importe quelle communauté ou société est une attaque portée contre la dignité humaine. Même les Eglises doivent examiner leur complicité dans l'intolérance religieuse du passé et du présent, nous invitons les Eglises et les gouvernements à respecter la liberté de religion ou de croyance et de protéger la pratique religieuse. Nous devons reconnaître les impacts négatifs de la religion, - l'utilisation non critique de textes sacrés aboutit à des excès, à l'affirmation de la supériorité d'un groupe sur un autre, sur les femmes en particulier et nous devons prendre immédiatement des mesures pour contrer cette violence qui provient de tels impacts.


9. LES ENFANTS ET LES JEUNES. Assurer une représentation aux enfants et aux jeunes et les autoriser à avoir voix au chapitre et les inclure dans les stratégies de lutte contre le racisme.

Les organisations non gouvernementales et les gouvernements doivent développer des programmes en concertation avec les enfants et les jeunes, les instruire sur leurs droits, les impliquer dans tout processus de décision sur le plan culturel, politique et économique et les aider à se forger une identité positive et avoir de l'estime pour leurs héritages ethniques, indigènes, linguistiques et religieux.


10. LE TRAVAIL DE SUITE ET LE CONTRÔLE DES MÉCANISMES. S'assurer que des mesures complémentaires claires soient prises pour que .... le Programme d'Action établi par la Conférence Mondiale Contre le Racisme entre dans les faits et prenne effet. ....


Durban, l'Afrique du Sud


Le 4 septembre 2001

Source:  umns