HAITI : APRES LES CYCLONES, LA RECONSTRUCTION

La Fédération protestante de France s’enquiert des besoins de l’île à travers une délégation venue sur place après le passage des cyclones en septembre 2008 de même que le COE en signe de solidarité

Une délégation œcuménique internationale de représentants d’Église a effectué une visite de solidarité aux Églises, organisations œcuméniques et mouvements de la société civile en Haïti, du 24 au 28 novembre 2008. La délégation s’est rendue à la capitale, Port-au-Prince, et dans des régions touchées par les récents ouragans. À sa suite, une délégation de la Fédération protestante de France s’est rendue sur place pour témoigner aux églises locales de la solidarité des églises protestantes françaises. EEMNI publie aussi  l’appel au secours lancé par un prédicateur méthodiste local.

Voyage d’une délégation du Conseil Œcuménique des Églises
Cette visite avait pour objectif d’exprimer la solidarité avec le peuple haïtien et d’écouter les Églises du pays. En rendant visite à des communautés chrétiennes locales, des organisations de la société civile, des agences humanitaires et des représentants politiques, l’équipe œcuménique internationale s’est renseignée sur leurs préoccupations et leurs espoirs.

Même pour Haïti, un pays qui a connu peu d’années calmes au cours de son histoire mouvementée, 2008 peut à juste titre être considérée comme un « annus horribilis  ». Confronté à des problèmes de corruption endémique et classé comme l’un des pays les plus violents au monde, Haïti a vu sa stabilité politique se détériorer avec la révolte populaire causée en avril dernier par l’augmentation des prix alimentaires. Ensuite, les ouragans Fay, Gustav, Hanna et, plus récemment, Ike, ont provoqué de graves inondations dans de nombreuses régions, laissant jusqu’à un million de Haïtiens sans domicile, entraînant la mort de plus de 500 personnes et affaiblissant encore plus les capacités agricoles du pays.
La délégation œcuménique a recueilli les expériences vécues en se rendant sur le terrain dans les zones touchées par les ouragans et en rencontrant des représentants d’organisations luttant contre la violence et les conflits dans le pays. Elle s’est aussi intéressée aux initiatives faisant face au problème de la violence à l’encontre des populations les plus vulnérables, comme les enfants des rues et les femmes.

Le sort de mineurs contraints au travail domestique*

En Haïti, 180 000 à 300 000 enfants travaillent comme employés de maison. Environ 8 à 10 % des Haïtiens de moins de 18 ans sont dans cette situation qui les prive de leurs droits fondamentaux.

Ces enfants sont la catégorie sociale la plus vulnérable dans un pays en proie à une pauvreté extrême, une forte dégradation de l’environnement, une corruption endémique et une instabilité politique chronique. Beaucoup d’entre eux sont nés dans de grandes familles défavorisées à la campagne et leurs parents les envoient dans des familles d’accueil en espérant qu’ils seront bien nourris et bien traités.

« Au lieu de cela, ils passent leurs journées à effectuer des tâches domestiques harassantes et on les bat fréquemment, lorsque leur travail ne satisfait pas la famille d’accueil  », a expliqué Wenes Jeanty, qui dirige le Foyer Maurice Sixto, à une délégation de Lettres vivantes du Conseil œcuménique des Églises (COE).

De nombreux « restaveks  » perdent le contact avec leur famille biologique. Certains sont ballotes d’une famille d’accueil à l’autre sans qu’on leur demande leur avis et sans que leurs parents en soient informés. Les maltraitances physiques et psychologiques sont courantes, selon Wenes Jeanty.

Le Foyer Maurice Sixto fondé en 1989 vise à venir en aide aux enfants et aux jeunes contraints de quitter leur famille biologique pour être placés dans une famille d’accueil. Le Foyer leur offre « l’instruction, des animations et des possibilités de faire un peu d’artisanat  », a indiqué Wenes Jeanty.

À défaut de libérer tous les enfants de cette servitude, le Foyer Maurice Sixto s’assure qu’au moins quelques-uns des « restaveks  » d’Haïti aient la possibilité et le temps de jouer, de s’exprimer et de jouir de leur identité propre. « Nous nous évertuons à leur rendre l’enfance à laquelle ils ont droit  », a conclu Wenes Jeanty.

À l’issue de la visite, les membres de la délégation de Lettres vivantes se sont engagés à dénoncer le sort de ces esclaves domestiques de notre époque. « À travers ses Églises membres, le COE doit pouvoir défendre la cause de ces enfants auprès des gouvernements et des organisations internationales  », a déclaré Geneviève Jacques, qui emmenait la délégation de Lettres vivantes.

Déplacement d’une délégation de la FPF

Après le COE, la Fédération protestante de France (FPF) a dépêché sur place une  délégation conduite par son président, Claude Baty, pour mesurer l’ampleur du désastre et convenir avec son homologue local, la Fédération Protestante d’Haïti, des programmes à mettre en oeuvre pour répondre aux besoins de première urgence (achat de kits alimentaires, travaux de déblaiement, réouverture des écoles).

56 % de la population haïtienne (4,4 millions d’habitants) vit sous le seuil de pauvreté absolue, c’est-à-dire avec moins de 1 dollar par jour. On estime que moins de 3 % de la population possède plus de 50 % de la richesse nationale. Près de 50 % des Haïtiens se réclameraient du protestantisme.

La Fédération protestante d’Haïti joue un rôle important dans le pays dans différents domaines : social, éducatif, etc. En poursuivant son travail de rassemblement du protestantisme haïtien, la Fédération protestante d’Haïti accroît la portée et la crédibilité de ses actions et travaille également contre la corruption, fléau amoindrissant les forces vives d’Haïti. La Fédération protestante de France lance un appel à la solidarité afin d’alimenter le fond d’urgence destiné à Haïti.

Depuis l’appel lancé par la Fédération protestante de France (FPF), le 11 septembre, en faveur d’Haïti, plus de 9 000 euros — au 25 septembre — ont été collectés. La population haïtienne, dans les zones les plus touchées par les intempéries, est toujours dans une situation d’extrême précarité.


Un prédicateur méthodiste lance un appel de détresse

Jean Baptiste Metil Hassan

Le comité de l’Église Méthodiste vous informe de la situation de nos congrégations de la 4e Section de Petit-Goâve après les grandes catastrophes naturelles survenues dans l’île.

Dans cette section, nous avons trois temples situés dans des zones différentes qui suivent, Nabosse, Hyacinthe et Andéro. Tous les temples ont été fortement touchés par cette catastrophe de la fin d’année 2008. Les habitants qui vivent de l’agriculture et de l’élevage ont été frappés de plein fouet :

1- Les temples sont endommagés,

2- Les maisons de tous nos fidèles sont sinistrées ; quelques-uns sont obligés de vider les lieux,

3- Il ne reste rien dans les champs,

4- Les animaux sont presque tous détruits.

Il en a résulté une grande famine. La route n’est plus praticable, étant coupée depuis par une grande rivière. Deux ponts sont nécessaires pour la rendre de nouveau praticable. Nous avons besoin de secours. Dans l’espoir que notre attente fera l’objet de votre attention particulière, le comité vous prie d’agréer ses distinguées salutations en Jésus-Christ.


Fonds d’urgence Haïti
Les chèques ou virements doivent être libellés au nom de « Solidarité protestante », à envoyer à la Fondation du Protestantisme, 47 rue de Clichy – 75 311 Paris CEDEX 09. 
Porter la mention « Fonds d’urgence Haïti » au verso des chèques.
IBAN : FR76 3078 8001 0010 2078 2350 030 - Banque Neuflize OBC Paris 8° (Pour les virements bancaires).

Les dons versés à la Fondation du protestantisme, fondation reconnue d’utilité publique, sont déductibles des impôts.


(*) Manuel Quintero, de Cuba, dirige le programme Frontier Internship in Mission, qui est basé à Genève, en Suisse


Source : protestants.org, COE, DEFAP, correspondance privée