Les quatre évangiles ont été écrits deux ans après la mort de Jésus-Christ, en langue araméenne, la sienne et celle de ses disciples, affirme un chercheur qui a consacré plus de quarante ans de travaux à ce sujet.
L'Eglise considère que les quatre évangiles, reconnus dans le "canon de Muratori", vers 200, ont été écrits en grec, mais admet que celui de Mathieu ait été rédigé en araméen ou en hébreu.
Passionné de "mémoire orale", et connaissant l'araméen, Pierre Perrier, 70 ans, membre de l'Académie des Sciences et ancien secrétaire perpétuel de l'Académie de technologie, s'est attaché, dans six ouvrages, à montrer que dès avant 37, avant la dispersion des apôtres, les textes de base ont été rassemblés. Ils contenaient les témoignages de Pierre et Jean devant la Sanhédrin, ceux de Marie, et de nombreux disciples.
Ce travail est l'oeuvre de Jacques, "frère" de Jésus, chef de l'Eglise de Jérusalem, affirme ce directeur de Recherche en aéronautique, qui est également orientaliste.
Le successeur de Jacques, Simon, confie à Mari, évêque de Babylonie, le texte. C'est la base de la "pshytta", qui constitue, selon les chrétiens, notamment chaldéens, de langue araméenne établis en Irak, Syrie, et Iran essentiellement, les références des évangiles canoniques.
De 37 à 39, les quatre évangiles ont été "composés". Puis les traductions en grec s'étalent de 42 à la fin du 1er siècle, bien avant les "aprocryphes" de Thomas, ou celui attribué à Judas.
M. Perrier s'est inspiré des travaux de l'évêque chaldéen Francis Alichoran, proche du cardinal Eugène Tisserant, fondateur de la Congrégation des églises orientales.
Sa méthode consiste à "déshabiller" les textes. En tant que chercheur, en contact permanent avec les théologiens grecs, italiens, irakiens, il estime "impossible que certaines imbrications textuelles soient un hasard".
Depuis Alexandrie de Trojas, Timothée, disciple de Paul, de mère juive et de père grec, a, dit-il, traduit les évangiles en grec. Ces textes correspondent au D-05 -nom de code de l'évangile recueillie par Irénée de Lyon vers 150-, conservée à Cambridge, et du premier texte latin conservé à Brescia, en Italie.
M. Perrier ne décompose pas les évangiles en "versets", comme la tradition, mais en "perles", c'est-à-dire en courts récits, se rassemblant eux-mêmes en 17 "colliers".
Ainsi, l'évangile de Marc -inspiré par Pierre- et de Jean, complètement imbriqués, sont constitués chacune de 50 perles, dont 25 communes, et 25 spécifiques. Jean, plus jeune que Pierre, n'a fait que "compléter" son aîné.
"Pierre a donné le rituel, et Jean la théologie. De très nombreux éléments de la vie du Christ sont absents chez Jean. Sur le choix des disciples, les miracles, l'eucharistie, la passion, la résurrection, les deux évangiles se lisent comme un tout. Par exemple, Marc relate le rituel de la Pâque. Mais c'est chez Jean que l'on trouve l'annonce de la présence réelle dans l'eucharistie", explique-t-il.
La thèse de M. Perrier, rejoint celle d'orientalistes, comme le Luthérien allemand Joachim Jeremias (XXè siècle) ou l'écrivain et théologien Gotthold Lessing (XVIIIè).
05/06/2006
eemni: parmi les auteurs relevant le substrat sémitique des évangiles et convaincus de sources orales et écrites antérieures aux Evangiles, il faudrait ajouter l’Abbé Jean Carmignac,
«La naissance des Evangiles synoptiques?», Paris, O.E.I.L., janvier 1984.
Source: afp/La Croix