Brésil, Porto Allegre: «Le Forum social mondial est un lieu privilégié pour les Eglises»

«Il y a beaucoup de choses que nous ferons encore mieux l'année prochaine», dit Geneviève Jacques, directrice des programmes du Conseil Oecuménique des Eglises (COE), sans dissimuler l'enthousiasme que lui inspire «l'énergie incroyable, emplie d'espérance et de joie» dont elle a été témoin au Troisième Forum social mondial.


«Le fait que la communauté oecuménique ait participé dans son ensemble, en démontrant qu'une même cohérence existe aux niveaux local, régional et international, constitue un saut qualitatif dans la vision stratégique du mouvement oecuménique», estime Mme Jacques. «En ce qui concerne l'avenir, ajoute-t-elle, le Conseil Oecuménique des Eglises a entendu de nombreux appels à accroître sa participation au Forum, y compris au sein du Conseil international du FSM.?


De l'avis de Geneviève Jacques, cette demande est parfaitement cohérente. «Il ne s'agit pas d'inventer quelque chose de nouveau, dit-elle, mais seulement de faire entendre efficacement la voix des Eglises, qui se trouvent déjà en première ligne de l'engagement en faveur des pauvres et des exclus et qui participent concrètement aux efforts visant à susciter le changement.» C'est pourquoi, conclut-elle, «même si nous pouvons selon les cas assister à d'autres forums, celui de Davos par exemple, afin d'écouter et de discuter, le Forum social mondial reste un lieu privilégié pour les Eglises.»


La coalition oecuménique locale et le groupe interreligieux partagent cette opinion. Selon Marta Palma, chargée du programme «Amérique latine» au COE, «nous avons réussi à manifester la présence non seulement oecuménique mais aussi interreligieuse au Forum, en proposant des thèmes d'intérêt commun et en suscitant l'étude et la réflexion.»


Le Forum Social Mondial "est un symbole puissant de ce pour quoi nous nous battons", déclarait l'Évêque de Méthodiste argentin Federico Pagura, un des présidents du Conseil Oecuménique des Églises, en insistant sur le slogan du forum "un Autre monde est possible".


«Pour l'avenir, ajoute Mme Palma, nous sommes confrontés au défi de rendre plus visible la présence latino-américaine au prochain Forum en élargissant la coalition oecuménique au niveau régional de l'Amérique latine et des Caraïbes.


En outre, nous devons intensifier notre participation à l'organisation, afin de situer les thèmes dans une perspective éthique et d'oeuvrer à une meilleure coordination des ateliers qui, lors de ce Forum, étaient peut-être trop nombreux et quelque peu dispersés.»


Mme Palma a été, elle aussi, enthousiasmée par le Forum: «Il est réconfortant d'entendre tant de personnes affirmer qu'on peut changer les choses et qu'un autre monde est possible. Il est bon de sentir que toutes sont prêtes à s'engager personnellement dans la réalisation du changement, sans négliger la spiritualité qui fait partie intégrante de ce que nous voulons construire.»


Que sera le Forum social mondial dans, disons, cinq ans? «Il n'est pas possible de répondre à cette question, dit Geneviève Jacques, parce que nous parlons de rêves.» Mais «il serait bon que d'autres continents - tels que l'Asie ou l'Afrique - puissent bénéficier de cette expérience riche et stimulante.»


La délégation oecuménique parrainée par le COE travaille dans le cadre du «comité oecuménique» mis en place par le COE, la Fédération luthérienne mondiale, l'Alliance oecuménique «agir ensemble», le Conseil des Eglises d'Amérique latine et une coalition oecuménique d'Eglises brésiliennes et d'organisations qui leur sont liées.


Les membres de la délégation animent une série d'ateliers qui établissent des liens entre la foi chrétienne et certaines formes de résistance à un ordre mondial injuste exercées par les Eglises et les organisations oecuméniques et sociales.


30 janvier 2003

Source: Conseil oecuménique des Eglises (COE)