Un des défis les plus importants pour Cuba, c'est de "motiver dans le futur la population cubaine à la solidarité à la place de l'égoïsme", expliquait le président cubain Fidel Castro mercredi devant une délégation internationale oecuménique du "Conseil Oecuménique des Eglises" (COE), qui prolonge sa visite sur l'île des Caraïbes jusqu'à jeudi. Telle était la teneur du communiqué publié par le COE vendredi à Genève. Castro a accueilli le groupe à un repas et à une discussion de quatre heures dans le palais gouvernemental à la Havanne. La délégation était conduite par Konrad Raiser, le Secrétaire Général du COE. Parmi les personnalités qui l'accompagnaient se trouvaient le Dr. Walter Altmann, président du "Conseil Latino-américain des Eglises" et le pasteur Carlos Emilio Ham, un des présidents de la "Conférence caraïbienne des Eglises". Castro, qui avait fréquenté en tant qu'enfant des Ecoles catholiques, a posé des questions précises sur la Réformation et en particulièrement sur la vie et la pensée de Martin Luther. Castro a décrit Jésus comme "un grand révolutionnaire social". Quand Raiser et Altmann lui ont décrit comment Luther avait défié l'Eglise Catholique de son temps, Castro faisait remarquer qu'il avait éprouvé les mêmes sentiments que Martin Luther. Le président cubain -expliquait-il à ses visiteurs- s'étonnait de la croissance du protestantisme. "La façon dont les protestants prient me plaît", disait Castro, "c'est un chemin très direct pour parler avec Dieu." A propos de l'extradition de Pinochet en Espagne, Castro redoute selon ses sources les conséquences juridiques d'un tel précédent, s'il se produit; l'arrestation du dictateur est "moralement justifiée mais discutable juridiquement". Et d'ajouter: "devrait être puni, mais au Chili." Le même jour (mercredi), la délégation a rencontré l'Archevêque catholique romain de la Havanne, Jaime Ortega, très critique sur la politique gouvernementale. Ortega expliquait au groupe que si la discrimination directe de l'Eglise Catholique appartenait au passé, une grande partie de l'espoir suscité par la visite du pape l'année passée a disparu entre temps. "La visite papale a provoqué un énorme espoir; quant 'au gouvernement, il ne savait pas quelle forme il allait prendre", estime Ortega. Ortega déclarait aussi que les dirigeants communistes de Cuba avaient certes donné l'ordre de mettre un terme à la persécution de l'Eglise, "mais ces mesures étaient appliquées par des fonctionnaires communaux au pouvoir encore très limités".
>Source: Reformierter Pressedienst