A travers le monde, les Eglises chrétiennes s'apprêtent à commémorer naissance de Jésus de Nazareth. Cette année, les célébrations seront placées sous le signe de la fin de ce siècle et du commencement d'un nouveau millénaire. A Bethléem, on célébrera les deux mille ans écoulés depuis la naissance du Christ par une grande fête qui sera retransmise en mondovision. A Nazareth, à Jérusalem, et dans bien d'autres lieux liés à la vie de Jésus, on attend la la foule des pèlerins de Noël. Mais partout dans le monde, ce Noël ne sera pas un Noël comme les autres. Même ceux qui n'appartiennent à aucune Eglise auront part à la lumière qui resplendit en celui que les chrétiens confessent comme le Fils de Dieu qui est entré dans l'histoire des humains.
Chaque fois que s'ouvrent un nouveau siècle ou un nouveau millénaire, ils sont investis d'une grande charge symbolique; aussi, les festivités tapageuses et brillantes organisées autour de ces événements éclipseront en bien des endroits le souvenir de la nativité de Jésus-Christ Pourtant, malgré ces fêtes, beaucoup de gens aborderont le nouveau millénaire avec un profond sentiment d'angoisse et de peur devant l'inconnu. Il en était déjà ainsi au temps de la naissance de Jésus. Ce qui est remarquable, c'est que même après deux mille ans, la vie et le message de ce fils du peuple juif continuent de parler à des femmes et à des hommes qui trouvent en lui l'espérance et les certitudes dont ils ont besoin pour vivre.Tout au long de l'histoire, aux heures de gloire comme aux heures de honte, l'annonce par Jésus de la venue du règne de Dieu, qui défie toutes les formes de pouvoir, a permis à des êtres humains d'affronter l'avenir avec confiance.
Mais pour que la commémoration de la naissance de Jésus soit authentique et fidèle, les Eglises chrétiennes, qui rassemblent tous ceux qui se sont engagés à suivre le Christ, doivent faire acte de repentance. Car si les chrétiens ont porté son message, l'évangile, jusqu'aux confins de la terre, ils ont souvent été tentés, durant leur vie, de suivre d'autres voies. Pour les chrétiens, le millénaire qui s'achève a été marqué par la division, le conflit et la condamnation réciproque. Le désir de propager ou de défendre la culture et la civilisation chrétiennes a engendré la violence et la guerre, l'injustice et l'oppression. Même s'il a vu naître le mouvement oecuménique et grandir le sentiment de communion entre les disciples de Jésus-Christ, le siècle qui finit n'en a pas moins été le plus violent de l'histoire de l'humanité. Il nous est impossible de commémorer la naissance de Jésus à Bethléem sans nous souvenir de la Shoah qui demeurera à jamais gravée dans la mémoire du peuple dont il vient.
Si nous voulons être fidèles à l'esprit de Jésus de Nazareth, notre message de Noël, cette année, doit être un message de réconciliation : réconciliation entre chrétiens, juifs et musulmans en Israël et en Palestine alors que le processus de paix entre dans sa phase finale ; réconciliation entre chrétiens et musulmans en Indonésie, au Nigéria, au Pakistan, en Bosnie, au Kosovo; réconciliation entre chrétiens, musulmans et hindous en Inde ; réconciliation entre tous les membres de la famille chrétienne à travers le monde.
Au cours de ces dernières années, des démarches importantes ont été entreprises pour surmonter les causes de division entre les chrétiens.Ces démarches doivent se poursuivre. Les Egises sont chargées d'un ministère de réconciliation que chacune doit d'abord exercer au sein de sa propre communauté. C'est alors seulement qu'elles pourront répandre la lumière qu'elles ont reçue en Jésus-Christ. Car «en lui sont la vie et la vie était la lumière des hommes, et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point comprise» (Jean 1,3-5). Quand nous célébrerons Noël, cette année, puisse cette lumière continuer de resplendir.
Pasteur Konrad RAISER, Secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises
>Source: Conseil oecuménique des Eglises