Par Sam Hodges*
Les délégués africains abordent cette Conférence générale 2016 bien mieux préparés que lors des réunions législatives passées, et déterminés à obtenir plus d’influence et de ressources pour leur Église en Afrique.
«Nous sommes plus organisés. Nos gens sont plus informés », a déclaré le pasteur Jerry Kulah, délégué de la Conférence du Libéria. « Les Africains dans le passé venus à la Conférence générale étaient restés muets parce qu'ils ne savaient pas ce qui se passait ».
L'Eglise méthodiste unie est en pleine croissance en Afrique, et les Africains constituent environ 30 % des 864 délégués à la Conférence générale qui se tient du 10 au 20 mai à Portland. Seuls les États-Unis ont un nombre de délégués plus important.
Kulah est le chef de file de l'Initiative Afrique, une organisation qui a réuni les délégués africains pour une retraite axée sur les questions et sur la façon dont fonctionne la Conférence générale.
Ils se sont rencontrés dans un centre de retraite à Portland du 7 au 8 mai. Une écrasante majorité des 260 délégués africains y a participé et s’est jointe à des séances d'information et des séances de prière.
« Nous ne sommes pas un groupe de pression, nous ne sommes pas « groupe de conclave », nous sommes un mouvement ayant l'intention de travailler avec nos évêques pour développer la croissance de l'Église en Afrique », déclarait Kulah, doyen de la Gbarnga School of Theology au Libéria.
Le groupe a entendu Thomas Kemper et le pasteur Kim Cape, cadres supérieurs du Conseil Mondial de la Mission (General Board of Global Ministries -GBGM) et de la Commission pour la formation supérieure et le ministère (Board of Higher Education and Ministry - BHEM), et Lonnie Brooks, qui dirige le comité législatif de l'Association des responsables laïcs des Conférences annuelles (Association of Annual Conference Lay Leaders).
La Coalition Renouveau et Réforme qui comprend le caucus évangélique officieux Good News a apporté son soutien logistique et financier à cette réunion. La coalition préconise le maintien des enseignements de l'Église.
« Notre objectif est de permettre vraiment aux Africains de de prendre entièrement part à la vie de l’Église », a déclaré le pasteur Thomas Lambrecht, vice-président de Good News. « Nous ne cherchons pas à leur dire comment ils doivent voter et comment ils doivent penser, mais plutôt à leur faire comprendre le processus (de la CG) et à leur permettre d’atteindre les objectifs qu'ils veulent atteindre ».
Des pressions pour davantage d’évêques
L'Initiative Afrique sera axée sur le soutien des pétitions qui renforcent la présence africaine dans les instances de prise de décision, y compris dans les futures Conférences générales, la Table Connexionnelle, le Conseil judiciaire et les différentes commissions et agences de l’EMU.
Le pasteur Forbes Matonga, délégué de la Conférence Ouest du Zimbabwe, a déclaré que les Africains représentaient environ un tiers des membres de l'Église, mais n’avaient pas de représentation proportionnelle dans les cercles du pouvoir.
« Tout doit être proportionnel. Voilà notre position », a dit Matonga.
Matonga prédit que cela devrait conduire les Africains à soutenir le Plan UMCrévisé, un effort de restructuration des organismes de l’Église qui comprend également une représentation élargie des Conférences centrales dans les commissions.
Kulah offre une interprétation légèrement différente.
« Nous sommes favorables à toutes les pétitions ... qui encouragent une plus grande représentation de l’Afrique », a-t-il dit. « Le Plan UMC est juste l'une d’entre elles ».
Le groupe Initiative Afrique souhaite également que cette Conférence générale consente à des évêques supplémentaires pour l'Afrique.
Le Comité permanent des questions concernant les Conférences centrales préfère d'abord la mise en place d’un plan global pour l’Afrique, que l’on décide des limites des diocèses et des Conférences centrales dans les pays africains pour que les ministères et la mission gagnent en efficacité. Cinq évêques seraient ajoutés dans le cadre du plan - mais pas avant la Conférence générale 2020.
Mais l'Initiative Afrique veut l’ajout immédiat d’au moins deux ou trois évêques, compte tenu de la croissance de l'Église en Afrique et la nécessité reconnue pour plus de leadership.
« Nous essayons d'envoyer le signal que nous sommes frustrés sur les études, les études sans fin », a déclaré Matonga. « Si on a de l'argent pour les études, pourquoi n’a-t-on pas de l'argent pour le leadership? »
Matonga a ajouté que les délégués africains étaient prêts à garantir que le financement des nouveaux évêques africains émanerait d’Afrique pour les quatre premières années.
L’autre question que les délégués africains ont dit qu'ils allaient poser était celle d’un plus grand financement pour l'éducation théologique sur leur continent. La Commission pour la formation supérieure et le ministère (Board of Higher Education and Ministry - BHEM) préconise le renouvellement du financement de 5 millions $ du Fonds pour l'éducation théologique des Conférences centrales.
Mais les délégués africains aimeraient voir le doublement de cette dotation, au bénéfice des écoles en Afrique, mais aussi aux Philippines et en Europe, dit Kulah.
Lui et Matonga ont loué la dénomination pour son important soutien financier de longue date à l'Université de l'Afrique, à une école méthodiste unie au Zimbabwe. Mais ils ont dit que plus de 25 autres facultés de théologie méthodistes unies affiliés sur le continent ont été beaucoup moins bien prises en charge que l'Université d'Afrique ou les 13 séminaires méthodistes Unis aux États-Unis.
Ce point de vue a été repris par le pasteur Kimba Evariste, un autre dirigeant de l'Initiative Afrique, un délégué de la Conférence Nord-Katanga et président de l’Université méthodiste de Kabongo en République démocratique du Congo (RDC).
« Je ‘produis’ des pasteurs tous les ans », a-t-il dit. « Nous avons besoin de plus de financement ».
Règle 44, sexualité
Kulah et Matonga ont déclaré que les délégués africains se méfiaient de la règle proposée N°44, qui fournirait une alternative aux règles dites de Robert du Règlement de l’Église, à savoir un processus de discernement en groupe à cette Conférence générale - à utiliser dans les pétitions liées à la sexualité et éventuellement dans d’autres questions litigieuses.
Les délégués africains restent fortement opposés à la modification du Règlement de l'Église qui déclare la pratique de l'homosexualité comme étant incompatible avec l'enseignement chrétien, empêche l'ordination des homosexuels "déclarés", et interdit aux pasteurs et aux églises méthodistes unies de célébrer et d’héberger des unions de même sexe.
Les positions de l'Église sont perturbe ses membres aux États-Unis, surtout maintenant que le mariage homosexuel est légalisé dans tout le pays; mais les dirigeants de l'Initiative Afrique disent que les délégués de leur continent ne soutiendront pas des pétitions pour le changement.
« La question n’est pas que le Règlement de l'Église reste le même. La question est de savoir ce que la Bible enseigne, et la Bible enseigne le mariage entre un homme et une femme pour la vie », a déclaré Kulah.
*Hodges, un journaliste de l’Agence de presse méthodiste unie (UMNS) à Dallas.
9 mai 2016
Traduction eemni