Accueillir les réfugiés comme « des compagnons de route » en Europe


Photo © UNHCR/Mark Henley Des réfugiés en Hongrie en route vers l'Autriche

Par Linda Bloom

Alors que les réfugiés poursuivent leur périple à travers l'Europe, des dirigeants méthodistes reconnaissent que les membres de l’église sont susceptibles « d'expérimenter et d’interpréter » de différentes manières les effets de la migration.

Mais les dirigeants de l'église européenne ont déclaré qu’il faut reprendre ceux qui jouent sur les peurs des gens et encourager chacun à soutenir les personnes en difficulté.

Dieu appelle l'Église « à accueillir ceux qui arrivent comme nos compagnons de route » (litt. nos compagnons de pèlerinage), a déclaré le Conseil méthodiste européen dans une lettre pastorale adressée aux Églises méthodistes, wesleyennes et unies en Europe, ainsi qu’à l'opinion publique européenne.

« Nous nous engageons à des actions immédiates et à des perspectives à long terme qu’exigent les questions soulevées par la migration », a déclaré la lettre. « À l’unisson, le Conseil méthodiste européen appelle nos concitoyens à travers le continent à nous rejoindre dans la réflexion et l’action ».

Comment aider ?

Le Conseil Mondial de la Mission (GBGM) a collaboré avec des partenaires locaux en Italie et en Grèce pour venir en aide aux réfugiés arrivant dans les pays passerelles de l'Europe. Faites un don à Connexio, service missionnaire et diaconal de l’Église évangélique méthodiste (Suisse/France/Afrique du Nord).


Thomas Kemper, Secrétaire général du Conseil Mondial de la Mission (GBGM) de l’Église méthodiste unie et citoyen allemand, a publié une déclaration soulignant la difficulté et la nécessité d'accueillir « les milliers de personnes déplacées de Syrie, de l'Irak, de l'Afghanistan et de diverses parties de l'Afrique affluant en Europe ».

D'autres églises et organisations oecuméniques offrent également un soutien verbal et interviennent sur le terrain.


Photo de Üllas Tankler, UMNS - Paritcipants à la réunion du Conseil méthodiste européen à Ruse, Bulgarie le 15 septembre 2015

Reconnaître et réaffirmer

La lettre du Conseil méthodiste européen a été publiée à l’issue de sa réunion à Ruse, Bulgarie, le 15 septembre. L'organe consultatif rassemble les dirigeants méthodistes et méthodistes unis pour partager des informations, discuter de problèmes communs et soutenir le travail du Fonds pour la mission En Europe.

Les co-présidents du Conseil sont le révérend Donald Ker de l’Irlande et-l’évêque méthodiste Christian Alsted, leader de la région nordique et balte de la dénomination.

Dans la ligne des Règles générales de l’Église méthodiste, la lettre demande aux églises européennes :

  • de renouveler leur compréhension et leur pratique obligatoire de l'hospitalité chrétienne radicale vis-à-vis de tous, en reconnaissant les implications pratiques tant pour les congrégations que pour les individus.
  • de reconnaître que la migration a toujours été et sera toujours une partie de l'histoire humaine.
  • de reconnaître que notre expérience et notre interprétation de la réalité migratoire en Europe et au sein de l'Europe varient en fonction de notre contexte.
  • de résister aux exposés de faits qui sont simplement faux, aux généralisations et aux stéréotypes négatifs et de récuser ceux qui voudraient jouer sur les peurs des gens.
  • de réaffirmer notre engagement chrétien à honorer le Christ dans la personne de l'étranger indépendamment de son origine religieuse ou de la situation politique.
  • d’encourager et de soutenir ceux qui osent ouvrir leurs portes et offrir l'hospitalité aux personnes en difficulté.
  • de poursuivre à la fois notre engagement solidaire avec les parties du monde d'où viennent les migrants et les réfugiés et notre engagement visant à instaurer pour un monde juste et pacifique.

‘Hospitalité radicale’

« Les Méthodistes à travers l'Europe font ce qu'ils peuvent pour étendre l'hospitalité radicale tant dans les pays d'entrée, les pays de transit que dans les pays où les réfugiés vont vivre un certain temps », a déclaré l’évêque Alsted au Service d’informations de l’Église méthodiste unie (UMNS).

Les membres du Conseil ont déclaré avoir trouvé force et inspiration dans la communion avec la famille méthodiste. « Nous avons puisé l’espoir et l’inspiration dans le témoignage de Méthodistes venus porter secours dans de nombreux endroits aux migrants et réfugiés », note la lettre.

« Souvent, en petits groupes, nos sœurs et frères accomplissent inlassablement notre engagement commun à l'hospitalité et à l’entraide chrétiennes. Nous rendons grâce à Dieu pour leur vision, leur courage et leur service continu dans le nom du Christ. Puissions-nous tous nous inspirer de leur exemple ».

Alsted a souligné le «ministère incroyable » des méthodistes italiens, à la fois sur l'île de Lampedusa, où de nombreux réfugiés arrivent après un voyage très périlleux à travers la Méditerranée, et dans plusieurs autres régions de l'Italie.

Au cours de la réunion du Conseil, l'Église méthodiste d'Italie a présenté les faits et quelques exemples de sa façon d’aborder la crise des réfugiés, démontrant au passage comment une petite église peut réagir à un tel défi. Le professeur Yann Redalié de la Faculté de théologie méthodiste vaudoise de Rome a mené une réflexion sur l'arrière-plan biblique et théologique de la question migratoire.

Théologie et migration

Ce temps de réflexion théologique sur la migration a été suivi par des discussions en petits groupes pour l’identification des besoins et la rédaction de la lettre pastorale.

La réunion du Conseil était l’occasion d’un partage des expériences faites dans chaque pays en rapport avec des questions migratoires, a déclaré le pasteur Ullas Tankler, Secrétaire général du Conseil Mondial de la Mission (GBGM) en Europe. Une de nos préoccupations, a-t-il noté, était de savoir comment répondre aux craintes que la crise a soulevées dans diverses communautés, en particulier en Europe orientale.

« Dans la plupart des endroits, l’Église méthodiste est une minorité dans la société », a expliqué Tankler. «Parfois, il y a une bonne coopération avec les organisations humanitaires-diaconales. Dans d'autres cas, les Méthodistes envoyer leur propre représentant dans les camps de réfugiés aux frontières du pays pour savoir ce qui s’y passe réellement ».

La lettre du Conseil reconnaît la complexité de la crise migratoire actuelle et que les membres de l'Église défendent une variété de points de vue politiques et théologiques.

« Nous cherchons à aller au-delà d’une discussion stérile au sujet de la légitimité de la migration pour affronter les nombreuses questions compliquées qui affectent notre continent », est-il indiqué dans la lettre. « En tout cela, nous sommes conscients de nos propres limites et de la nécessité de venir en aide aux autres ».

Réalité quotidienne

Le pasteur Michael Nausner, un Méthodiste Uni qui est professeur et doyen des affaires internationales à la Faculté de théologie de Reutlingen en Allemagne, a déclaré au Service d’informations de l’Église méthodiste unie (UMNS) que la crise des réfugiés exigeait pour réponse une participation à grande échelle.

«L’immigration n’est plus un problème pouvant être minutieusement planifié et bureaucratiquement géré par les dirigeants; c’est une réalité quotidienne qui ne peut pas être géré sans d'innombrables personnes qui accueillent, aident et donnent », écrit-il dans un courriel du 11 septembre.

Plus tôt cette semaine, Nausner a séjourné avec des amis méthodistes à Hambourg pour donner un coup de main dans un camp de réfugiés sous tentes. Les organisateurs du camp, lui a-t-on dit, ont été contraints de renvoyer deux bénévoles et des dons parce qu'ils étaient en surnombre. Ailleurs en Allemagne, en Autriche et dans sa propre école de théologie, il y a eu des gestes analogues de bienvenue.

«À Vienne, en Autriche, par exemple, les Méthodistes ont fait partie de ceux qui ont accueilli « les réfugiés » à la gare avec des panneaux « Bienvenue aux réfugiés », et la plus grande église méthodiste unie à Vienne  ─ à l’heure où je tape ces lignes ─ lance un appel pour recueillir des matelas et trouver des bénévoles pour aider à accueillir jusqu'à 50 réfugiés si besoin dans les locaux de l’église », écrit-il.


Bloom test reporter multimedia de l’UMNS en residence à New York. Üllas Tankler, Secrétaire général du Conseil Mondial de la Mission (GBGM) en Europe a contribué à la rédaction de cet article.

15 septembre 2015

umc.org