Des responsables religieux américains dénoncent l'invasion américaine et l'occupation de l'Irak. Dans une prise de position signée par 99 évêques et plus de 5'000 membres de l'Eglise Evangélique Méthodiste, la deuxième dénomination protestante des Etats-Unis, ils qualifient cette guerre d'"invasion injuste et immorale".
Tant le président George W. Bush que le vice-président Dick Cheney – qui ont voulu cette guerre qu'ils qualifient toujours de "juste" – sont membres de l'Eglise méthodiste. Les responsables de cette Eglise forte de 11 millions de membres ont déclaré qu'ils n'avaient pas reçu de réponses de la Maison Blanche suite à leur interpellation.
De son côté, la Convention baptiste du Sud (CBS), qui constitue la plus grande dénomination protestante des Etats-Unis avec ses 18 millions d'adhérents, ne suit pas l'option pacifiste de l'Union Baptiste mondiale (UBM) et de la plupart des Eglises américaines. Elle a dès le début soutenu l'option militaire contre l'Irak et poursuit aujourd'hui sur la même lancée. Une bonne partie des baptistes du Sud avaient voté Bush lors des dernières présidentielles, comme l'ont en général fait ceux qui se définissent comme "évangéliques blancs" et "born again" ou protestants "nés de nouveau".
La Convention conservatrice affirme que Bush a "montré du courage et du 'leadership' dans sa vaillante opposition au terrorisme". La CBS insiste pour dire que le président américain mérite pour cela "la plus grande expression de gratitude et de respect."
La division qui parcourt le paysage religieux aux Etats-Unis – qui était déjà sensible avant l'invasion de l'Irak en mars 2003 – est toujours présente: alors que les dirigeants évangéliques conservateurs et fondamentalistes américains étaient en faveur de la guerre, ceux des Eglises méthodiste, luthérienne, catholique et de nombreuses autres dénominations s'y sont opposés vivement. Mais ils n'ont pas pu empêcher la guerre, alors qu'actuellement, selon les sondages, la majorité des Américains sont opposés à la poursuite de l'occupation.
Les évêques catholiques interpellent le Congrès et la Maison Blanche
Les évêques catholiques américains, à la tête de la plus importante communauté religieuse des Etats-Unis, avec 66 millions de fidèles, ont également appelé à des alternatives à l'occupation et à "une transition responsable en Irak". Un document soumis à une discussion interne durant plusieurs mois a été remis au Congrès et la Maison Blanche à la mi-janvier. Les évêques demandent à cette occasion un débat réaliste sur la situation en Irak – "un dialogue civil sérieux" - et l'étude de possibilités de retrait rapide mais responsable afin que l'on arrive à une administration complète de l'Irak par les Irakiens.
La prise de position a été signée par Mgr Thomas Wenski, évêque d'Orlando. Président du Comité de la Conférence épiscopale américaine pour la politique internationale, il estime que les Etats-Unis sont "à la croisée des chemins" en Irak. Mgr Wenski déplore que divers rapports révèlent des violations persistantes des droits de l'homme sur les personnes détenues par les militaires américains et les forces irakiennes reconstituées. En ce qui concerne la liberté religieuse, l'évêque américain affirme qu'un Irak authentiquement démocratique doit continuer de respecter ses minorités religieuses, spécialement les chrétiens. Ces minorités sont souvent les victimes d'attaques sectaires et de discriminations, ce qui provoque leur exode.
26.01.2006 - Jacques Berset
Source: APIC