John Singleton, journaliste à l'hebdomadaire "Methodist Recorder" de Londres, évoque dans un essai historique remarquable l'existence de femmes prédicateurs aux premières heures du méthodisme.
Sarah Crosby ne voulait pas en fait prêcher: quand elle est allée rejoindre en 1761 une classe méthodiste à Londres/Angleterre, elle souhaitait avoir un simple temps de communion et de partage avec les 30 femmes attendues. Et pourtant ce sont 200 femmes qui s'assirent ce jour-là et Corsby s'est vue dans l'impossibilité de parler personnellement avec chacune de ces femmes. «C'est ainsi que je proposais un chant, je priais et racontais ensuite ce que Dieu a fait en ma faveur et les exhortais à fuir tous les péchés.» Quelques jours plus tard, elle s'est retrouvée dans une situation analogue. N'étant pas certaine de ne pas être allée trop loin, elle a demandé par courrier conseil à Wesley, lequel lui a répondu: «Jusqu'ici, vous n'êtes pas allée trop loin.» Néanmoins il exhortait Crosby à expliquer à l'assemblée que chez les Méthodistes les femmes n'avaient pas le droit de prêcher et qu'elles devaient se contenter de raconter ce qu'elles avaient vécu de bon avec Dieu. Huit ans plus tard, il complétera son propos: l'intervention d'une femme devra se différencier au maximum de la prédication. Jamais, elle ne devra faire l'exégèse d'un texte biblique ou s'étendre au-delà de 4/5 minutes par intervention.
Mais la pensée de Wesley variera, seulement en 1771, quand une amie de Crosby, Mary Fletcher a soutenu dans une lettre l'idée que, d'après l'Ecriture, il était clair que certaines femmes recevaient un appel particulier pour la prédication. «Si je ne croyais pas avoir reçu un appel extraordinaire pour la prédication, je ne pourrais pas agir dans ce sens.»
Partant de la conviction que des laïcs ont parfois une vocation spéciale pour la prédication, Wesley lui-même, - après maintes hésitations- a fini par reconnaître à des laïcs le ministère de prédication. A présent qu'il entendait pareil argument dans la bouche de femmes prédicateurs, il s'est laissé convaincre.
C'est ainsi que Sarah Crosby eut champ libre. En une seule année, elle franchira 900 miles, tiendra 220 cultes officiels, visitera et dirigera 600 classes ainsi que d'autres rencontres privées et écrira 116 lettres. Et quand elle ne sera plus en état de voyager à l'âge de 73 ans, elle fréquentera toujours encore deux classes. Elle mourra en 1804 et fut inhumée au cimetière communal de Leeds dans la même tombe où Sarah Ryan et Anne Tripp, deux autres femmes prédicateurs méthodistes, reposaient déjà en paix.
John Wesley a défendu sa position, -de reconnaître à des femmes le droit de prêcher dans des rassemblements méthodistes-, durant ses dernières années de vie avec les mots suivants: «Dieu utilise des femmes dans la conversion de pécheurs. Qui suis-je pour m'opposer à Dieu dans cette affaire?»
Source: United Methodist News Service