Suisse: L'évêque Henri Bolleter partage à l'occasion du Nouvel An sa vision de l'Eglise pour le futur 

Qu'est-ce qu'une église "porteuse d'avenir"?La question m'était posée en ces termes par un journaliste. Cette idée ne m'aurait pas effleuré.


Une église "porteuse d'avenir" ? Je poserai la question suivante: Où voulons-nous donc aller avec l'Eglise?L'Eglise est pour moi comme un échafaudage. L'échafaudage doit un jour disparaître, pour qu'on voie la construction proprement dite. La construction à proprement parler n'est pas le bâtiment ou l'institution de l'"Eglise", elle n'est pas non plus la communauté locale. La construction en question ici, c'est le Royaume de Dieu!


L'Eglise n'est toujours qu'une construction auxiliaire érigée pour un temps. Mais dans le même temps, elle est aussi importante qu'un échafaudage peut l'être pour une construction. Elle est l'échafaudage que Jésus-Christ le Seigneur a choisi en personne.J'en ai conscience: l'Eglise peut aussi entraver la construction par ses orientations à succès, avec ses instruments d’évaluation.


Si je lis la Charte du Royaume, comme je la trouve dans les Béatitudes, alors je reconnais les marques distinctives de l'Eglise "porteuse d'avenir": Elle est, par exemple, une Eglise, qui se tourne vers les pauvres et les affligés parce que Jésus Christ leur a promis le Royaume de Dieu.


Elle est une Eglise, qui prend les laïcs au sérieux. Nulle part dans les Béatitudes, il n'est fait mention à mon sens de fonctionnaires.Mais l'Eglise n'est pas non plus à comprendre comme un club, elle n'est donc pas une Eglise réservée seulement aux jeunes ou seulement aux vieux, ou uniquement à un certain type de piété.


Elle est toujours une Eglise ouverte à tous, parce que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés.Pour l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), que je préside comme évêque, je vois quatre indicateurs susceptibles de mettre en forme l'Eglise dans le futur:

1. la joie de l’Evangile

2. la compétence et la constance dans l'aide spirituelle

3. la mise à contribution de collaboratrices et collaborateurs laïcs

4. la sensibilité aux détresses dans la société.J'estime que la bonne condition de l'EEM ne relève pas de modèles de culte et d'Eglise à suivre.


Ces modèles vont et viennent. Je parle des indicateurs, qui rendent possible le maintien de l'Eglise en fonction de son ordre de mission initial.Je souhaite à toutes les lectrices et à tous les lecteurs une nouvelle année bénie et de la joie à travailler à la grande construction, même si l'échafaudage -maladroit ou également imposant- de l'Eglise tend souvent à la cacher.

<01.01.2001 

>Source: Evêque Henri Bolleter