Contrairement à ce que l'on entend souvent, le protestantisme ne fait pas bloc derrière le régime du délai. Certes la Fédération des Eglises protestantes de la Suisse (FEPS), dont l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) est membre, invite à voter oui le 2 juin prochain. Mais parmi les pasteurs comme dans les communautés, un non se manifeste et trouve des porte-parole très militants.
L'évêque Heinrich Bolleter exprime le commentaire nuancé suivant sur le vote du 2 juin 2002 dans les colonnes du journal "Kirche und Welt" (N°9 du 25 avril 2002):
Les pouvoirs publics doivent essayer de régler légalement la question de l'IVG. Mais il n'y a pas de solution! Le "régime du délai" essaie de mettre l'accent sur la décision que la mère prend en âme et conscience. Mais c'est une approche très unilatérale. Le droit à la vie pour l'enfant à naître, la décision de la mère ainsi que du père et du médecin, tout cela doit être mis dans la balance. Le poids de la décision ne peut pas revenir seulement aux tenants d'une position donnée. Je ne peux pas le voir autrement, dans la mesure où la "solution du délai" ainsi nommée exige toujours une victime et que, pour cette raison, la question de la culpabilité ne peut pas en être exclue. Je vois dans cette proposition de loi une tentative de choisir ce qu'on appelle le moindre mal. Cela se fera le plus souvent aux dépens du plus faible, à savoir aux dépens de l'enfant à naître.
Maintenant, le fait est qu'une alternative nous est proposée dans ce vote: l'initiative "en faveur de la mère et de l'enfant". Elle défend résolument la protection de la vie. Elle trouve pour cette raison dans les cercles chrétiens un large soutien. L'éthique chrétienne ne nous laisse aucun choix: nous ne pouvons défendre que la vie. Sans contestation possible. Ma question va dans une autre direction: que faisons-nous pour que la vie sauvée soit vraiment une vie digne de ce nom? La personne qui s'engage à protéger la vie d'un enfant à naître, doit aussi être être disposée à mettre tout en oeuvre pour que cette vie bénéficie de l'accueil et de l'aide après la naissance. La personne humaine ne peut s'épanouir qu'à cette condition. L'évolution de notre service de couverture sociale me donne peu à espérer que la communauté nationale s'acquitte de ce devoir. La plupart du temps, on réduit justement le soutien apporté à ceux qui ne sont pas nés sous la belle étoile. Nous courons le danger de nous laver les mains comme Ponce Pilate en consentant à l'initiative. D'après moi, on ne peut souscrire à l'initiative que si l'on est disposé à prendre toutes ses responsabilités: créer, en effet, les conditions générales sociales et émotionnelles pour faire disparaître toute IVG. Parmi ces mesures figurent celles qui étaient déjà mentionnées dans l'article de la commission pour les questions sociales (kiche+welt N°5 du 21 février 2002). La loi devrait prévoir des mesures de prévention ainsi que d'autres dispositions (consultations et accompagnement appropriés).
Comme Ultima Ratio - comme ultime moyen, des dispositions pénales devraient aussi être prises.
Source: ProtestInfo/Kirche und Welt