Berlin: les évêques méthodistes en session du 1er au 7 mai 2015


Photo: © Volker Kiemle, EmK-Relations publiques

La foi est un mouvement centrifuge

Le Conseil international des évêques de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) a démarré sa session annuelle par une célébration oecuménique.

Le coup d'envoi à la session du Conseil international des évêques de l'Eglise méthodiste unie (UMC/EMU) a été donné par un service oecuménique dans l'église du Souvenir Kaiser Wilhelm (die Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche) à Berlin. Quelque 100 évêques de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) originaires des quatre continents, en présence des invités œcuméniques en provenance d'Allemagne et d'Europe ainsi que des méthodistes berlinois, ont célébré ensemble l'ouverture de cette première session du Conseil des évêques en Europe.

« Nous sommes un en Christ, même si nous appartenons à différentes confessions », a déclaré Rosemarie Wenner, évêque de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) en Allemagne, au début du service en accueillant ses hôtes et souligné ainsi les liens œcuméniques de l’EEM (UMC/EMU). « Nos dons se complètent mutuellement afin de témoigner du Christ dans le monde et d'inviter les gens à la foi».

Martyn Atkins, secrétaire général de l'Église méthodiste britannique, a souligné dans son sermon que le Nouveau Testament avait initié un « mouvement centrifuge ». « L’Esprit de Dieu pousse les gens à se joindre à ce mouvement et à aller dans le monde entier ». Les chrétiens n’ont pas été « invités à rester confinés au chaud chez eux », mais devraient se tenir prêts et « prendre la porte ».

Dans son allocution de bienvenue aux évêques, l’évêque Karl-Heinz Wiesemann, président du Groupe de travail des Églises chrétiennes (Arbeitsgemeinschaft Christlicher Kirchen) en Allemagne et représentant de la Conférence des évêques catholiques allemands fit référence au choix du lieu: Berlin est synonyme « de réconciliation et de paix », mais aussi du défi auquel les communautés et les Églises en Allemagne sont confrontées.

Martin Germer, pasteur à l'église du Souvenir Kaiser Wilhelm (Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche), a fait remarquer qu’en 1961 la nouvelle église conçue par un architecte allemand et un artiste français avait été inaugurée. « Cela a été jadis un message fort de paix et de réconciliation », a-t-il dit. Le culte a pris un cachet particulier par la signature officielle d'une déclaration de communion ecclésiale entre l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) et l'Église unie de Suède, fruit d’une fusion en 2011 des Églises baptiste, méthodiste et Mission (Missionskirche).

Par la suite, d’autres responsables d’Églises et d’institutions oecuméniques ont adressé leurs salutations aux évêques: le pasteur Gottfried Locher, Berne (Suisse), président de la Communion des Eglises Protestantes en Europe (CEPE) et la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS); le pasteur Guy Liagre, Bruxelles (Belgique), secrétaire général de la Conférence des Églises Chrétiennes (CEC/KEK); Dr Martin Illert, Hannover, responsable de l’Église évangélique d’Allemagne (EKD); l’évêque Matti Repo, Tampere (Finlande), de l'Église évangélique luthérienne de Finlande; le pasteur Lasse Swensson, de l’Église Unie de Suède; le pasteur Johannes Welschen, Zeist (Pays-Bas), de la branche continentale européenne de l’Église morave; le pasteur Peter Joergensen, Berlin, de la Fédération des Églises évangéliques libres (Vereinigung Evangelischer Freikirchen).


Le Conseil des évêques élit une nouvelle direction qui entrera en fonction en 2016

À partir de 2016, l’évêque Bruce R. Ough de Chicago va prendre la présidence du Conseil international des évêques de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU).

Lors de la session du Conseil  international des évêques de l'Église évangélique méthodiste unie (UMC/EMU) à Berlin, une nouvelle direction a été élue qui prendra ses fonctions en 2016. Le président en sera alors l’évêque Bruce R. Ough. Il est depuis 2012 évêque de la région du Dakota-Minnesota. Kenneth H. Carter de Lakeland (Floride, Etats-Unis) a été élu vice-président à partir de 2016. En tant que secrétaire a été réélue l’évêque Cynthia Harvey, Baton Rouge (Louisiane, Etats-Unis).

L’évêque Christian Alsted de Copenhague reprend la présidence de la Table connexionnelle, une sorte de table ronde mondiale pour l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU). Le Secrétaire exécutif est l’évêque Marcus Matthews, Washington, et le secrétaire pour l'œcuménisme est l'évêque Michael B. Watson, en Géorgie (États-Unis). La durée du mandat du Secrétaire pour l’œcuménisme comme du Secrétaire exécutif et du Président de la Table connexionnelle est de quatre ans. Le président, le président élu et le secrétaire du Conseil des évêques sont élus pour deux ans.


Photo: © KUR, EmK-Relations publiques

»Nous avons besoin de vous, les jeunes«

«Pourquoi y a-t-il tant de mal dans le monde » Telle était une des questions que les jeunes ont posée aux évêques en rendant visite au Conseil épiscopal.

Au cours de sa session à Berlin, le Conseil international des évêques de l'Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) a accueilli quelques groupes de catéchumènes issus d’églises méthodistes de la région de Berlin qui n’ont pas manqué de leur poser des questions. Les jeunes ont rapidement perdu leur timidité des jeunes quand est venu le temps des questions. Ils ont posé des questions qu'«ils ne posent d’habitude jamais au cours du catéchisme », dit Joachim Georg, pasteur à Berlin-Oberschöneweide. Avec d'autres pasteurs, il en a profité pour donner aux jeunes une idée de ce que cela signifie pour des méthodistes d’« être partie intégrante d’une Église globale », mondiale.

« Vous êtes différents de nous », a déclaré Neil Irons, évêque à la retraite de Pennsylvanie (USA), en s’adressant aux jeunes. « Mais notre Église a besoin de vous. Posez vos questions! Apportez du vôtre ! Nous avons besoin de votre différence », par ces mots, il a encouragé les jeunes. Vous devriez introduire vos questions et votre façon de croire dans l'Église.

Ils ont suivi avec une très grande attention la réponse à la question du mal et de la souffrance persistant dans le monde : «Nous nous posons aussi beaucoup de questions et nous n’avons pas des réponses à tout », a déclaré John Innis, évêque du Libéria (Afrique de l'Ouest), avec une franchise étonnante.

Quand les gens sont libres de leurs décisions, ils sont également capables de faire le mal. « Mais avec l'aide de Dieu et par notre implication personnelle, nous sommes en mesure  de réduire la souffrance », a ajouté l’évêque à la retraite Sharon Rader qui vit à Chicago (USA). « Pour cela nous avons besoin de vous », telle était son invitation aux jeunes. « En fonction de vos moyens, vous devriez également vous impliquer pour changer le monde », même si c’est de petites choses ».

« Il était impressionnant de voir la rapidité avec laquelle les jeunes ont posé des questions théologiques profondes et le soin des évêques à leur répondre », a commenté Thomas Steinbacher, pasteur à Berlin-Friedrichshain. « Cela », a impressionné les jeunes. Cette réunion unique en son genre a été non seulement eu un "jeu de questions-réponses", mais une véritable discussion où les évêques se sont également enquis du devenir et de la foi des jeunes. « Cette réunion a vraiment ouvert l’horizon des adolescents - et aussi le mien », a résumé Steinbacher.

L’Église, modèle en matière de réconciliation et de vérité

Photo: © Diane Degnan, UMCom

« Il y a réconciliation quand nous disons la vérité et assumons nos responsabilités », écrit Warner Brown dans un appel à la prière adressé à tous les méthodistes.

À la session du Conseil international des évêques de l'Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) à Berlin, Warner Brown, président du Conseil des évêques, a appelé à la prière l’ensemble des méthodistes à travers le monde. Dans une lettre adressée à toutes les églises de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU), a-t-il souligné, « que les nouvelles du jour nous rappellent constamment à quel point les gens sont touchés par des catastrophes et souffrent suite à des événements tragiques ».

Étant donné la montée du racisme en particulier dans les États-Unis mais aussi dans d'autres régions du monde, il a souligné, « qu'une société juste ne peut pas se fonder sur la violence ». La réconciliation est par conséquent nécessaire, mais cette réconciliation ne sera possible que « si nous disons la vérité et que nous assumons la responsabilité de nos actions ».

Sur la base du message de la résurrection de Pâques, les évêques sont convaincus « qu’en tant que disciples de Jésus, nous sommes appelés à indiquer la voie à suivre, à identifier et à confesser nos propres préjugés raciaux et notre utilisation abusive d’avantages ». « Si nous engageons ensemble pour la justice et la paix, nous ne serons plus des étrangers », écrit l’évêque Warner. Inspiré par l'appel du président du Conseil des évêques, un groupe de travail prépare lors de cette session une lettre pastorale sur le racisme, qui doit être entérinée à la fin de la réunion et envoyée dans les communautés.

Dieu conduit par des détours

Photo: © Klaus Ulrich Ruof, EmK-relations publiques

Il a été question de détours et de raccourcis dans le message de Walter Klaiber, l’ancien évêque de l’Église évangélique méthodiste en Allemagne (UMC/EMU), qui a pris sa retraite à Tübingen.

L'exode des Israélites hors d’Egypte (Exode 13,17-22) a été à la base de la méditation matinale apportée par l’évêque retraité Walter Klaiber aux évêques méthodistes réunis dans leur session annuelle à Berlin. Cette histoire de l'Ancien Testament montre que, s’il est tentant de prendre des raccourcis, cela demeure pour le moins dangereux et souvent trompeur.

Autre leçon qui se dégage de ce texte, l'histoire passée ne peut pas être facilement mise de côté. Il ne peut pas non plus question seulement de glorifier le passé, il s’agit plutôt de promouvoir une culture du souvenir. Une telle culture du souvenir pointe du doigt également ce qui était erroné dans le passé et notre part de culpabilité. Il y a aussi lieu ici de louer Dieu, le louer de ce qui sait écrire droit sur des lignes courbes.

Au siècle du GPS qui permet de circuler d’un lieu à l’autre avec une certaine facilité, il serait tentant d’en transposer le principe sur le plan spirituel. Mais Walter Klaiber met en garde contre une telle conduite « automatique ». Il recommande plutôt le retour et l’apprentissage tout à nouveau d’une « lecture de cartes avec carte et compas ». « Je suis convaincu », a-t-il dit, « si nous suivons Jésus et écoutons le message de la Bible, nous aurons alors des indications claires du chemin à suivre ».

Tout comme les Israélites pendant l'Exode hors d'Egypte, ont disposé de la colonne de feu, les chrétiens ont aussi disposé de leur « colonne de feu », qui « prend les contours de la croix ». Cela leur donne le sens de l’orientation, l’orientation de l ‘«amour au milieu de l'obscurité, de la haine et de la culpabilité, de la souffrance et du désespoir humains ».Tous les problèmes ne vont pas se résoudre sur le champ. Les prochaines étapes seront évidentes, « même si tout ne se passe pas selon nos attentes ». « Mais », dit Klaiber pour finir, «Dieu conduit parfois par des détours ! »

Vaincre le racisme et défendre la diversité

La session du Conseil international des évêques de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) à Berlin s’est achevée avec un appel pressant contre le racisme en pleine recrudescence dans le monde.


Le Conseil international des évêques de l'Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) a eu lieu du 1er mai au 7 pour la première fois en Europe. Nous avons délibérément choisi Berlin, a dit le chef du bureau du Conseil des évêques, l’évêque Peter Weaver. « La ville est un symbole de l'unité et de la réconciliation après une période de division et de souffrance ». C’est aussi la raison pour laquelle les évêques ont réfléchi pour l’essentiel au cours de leur session à la nécessité de s’engager à l’échelle du monde pour les peuples opprimés et en faveur de la réconciliation.

« Nous avons affaire ici avec la puissance des ténèbres », expliquait  le président du Conseil des évêques, l’ évêque Warner Brown, compte tenu de la violence raciale aux États-Unis et ailleurs. « Voilà pourquoi nous ne pouvons plus garder le silence ». Aux États-Unis, un certain nombre de jeunes afro-américains non armés ont trouvé la mort au cours des derniers mois venir suite à l'intervention violente de la police. Habituellement sans conséquences pour les policiers.

De nombreux évêques de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) ont déjà publiquement appelé à des manifestations pacifiques. Mais quand l'ensemble des évêques publient une déclaration, c’est autrement plus efficace, a déclaré l'évêque Gregory W. Palmer de l'Ohio. Le Conseil partage sa conviction que le silence face au racisme et à la peur ne fait qu’empirer la situation.

Dans leur Déclaration contre le racisme, les évêques exhortent tous les membres de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) du monde entier à se repentir « de leurs propres préjugés raciaux et de leurs utilisation abusive d’avantages »". Il est également précisé dans la déclaration: « En tant qu'église, nous réitérons notre engagement à lutter contre le racisme et pour l’humanité ». On ne peut parvenir à « vivre ensemble, tant qu’on demeure aveugle aux différences culturelles et ethniques », mais le vivre ensemble n’est possible que s’il y a respect de la diversité et  estime de chacun ».

L’immigration, un autre sacré défi pour l’Europe

«La violence et les troubles sont le langage des sans-voix », déclare l’évêque Julius Calvin Trimble (Iowa). Dans de nombreuses villes américaines, les relations entre la police et les jeunes noirs sont depuis longtemps perturbées. Les églises locales ont dû intervenir et servir de médiation pour que les uns et les autres se parlent. L’Europe est confrontée aux mêmes défis que les Etats-Unis. « Il y a de plus en plus d'immigrants, et cela fait peur aux gens ». « Ici, les églises devraient aider les gens à comprendre les différences », pense Trimble.

Les évêques ont également abordé quatre domaines sur lesquels l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) concentrera ses efforts dans les prochaines années:

  • l’implantation de nouvelles communautés et
  • la revitalisation des communautés existantes,
  • la formation des responsables,
  • la promotion de programmes sanitaires mondiaus et
  • la lutte contre la pauvreté.

Les évêques ont discuté et développé ces plans d’action.

S’engager pour l’unité dans la diversité

L’évêque Wenner a dressé un bilan positif de la première réunion du Conseil épiscopal de l’Église évangélique méthodiste (UMC/EMU) en Allemagne. Elle s’est présentée très différente des précédentes réunions, « parce que la plupart des évêques étaient dans un autre continent que le leur et dans une zone linguistique qui leur était étrangère ». Les rencontres avec les églises de Berlin et les partenaires œcuméniques ont été tout particulièrement « très enrichissantes », et notamment la commémoration de la fin de la guerre il y a 70 ans, qui « nous a rappelé la division de l'Allemagne, mais aussi la réussite des processus de réconciliation ».

« Tout cela a contribué à des changements positifs et nous porte à lutter avec détermination contre le racisme et pour l'unité dans la diversité. « C’est ainsi que notre Église par ses communautés locales peut-elle appeler le monde à suivre le Christ et contribuer à des changements pour le mieux ».


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