ETATS-UNIS, WASHINGTON: la commission de bioéthique recueille le témoignage d'experts

Par Ciona Rouse*


Une commission évangélique méthodiste chargée des questions de bioéthique étudie la question de l'usage des embryons humains pour la recherche. A cet effet, elle a interrogé des spécialistes de la fécondation in vitro.


Dans sa rencontre du 1-2 février à l'"United Methodist Building" sur le Capitole, la commission a poursuivi le travail entamé en octobre; elle vise à formuler une recommandation à l'adresse de l'Eglise quant à la recherche sur les cellules souche. La Commission évangélique méthodiste Église et Société a constitué cette commission sur une recommandation de la Conférence Générale (CG) 2000, l'instance législative la plus haute de la dénomination. La commission spéciale rendra compte de ses travaux à la Commission Eglise et Société et une proposition finale ira à la Conférence Générale (CG) de 2004.


Pendant sa première réunion l'automne dernier, l'équipe spéciale a convenu qu'il serait difficile de rédiger à l'adresse de l'Eglise un rapport bien documenté sur l'éthique relative aux technologies embryonnaires sans aussi étudier le processus de fécondation in vitro. La fécondation in vitro est une méthode de procréation assistée: les ovocytes d'une femme sont enlevés de l'uterus et combinés avec le sperme. On place alors les embryons ainsi formés (de deux à quatre) dans l'utérus pour féconder ainsi une femme stérile.


Les embryons qui ne sont pas implantés dans l'utérus de la femme sont considérés comme un surplus et souvent congelés pour un usage futur. Mais si un couple décide de ne pas retenter l'opération une nouvelle fois, les embryons sont alors détruits ou employés pour la recherche scientifique. 


Plus de 200,000 embryons sont actuellement congelés aux Etats-Unis, selon l'experte légale Nanette Elster, professeur adjoint à l'"Institute for Bioethics, Health Policy and Law" à l'Université de Louisville (Ky). École de Médecine.


Seulement 35 Etats comptent des lois sur la procréation assistée et ces lois ne sont pas cohérentes, déclarait Elster.


L'équipe spéciale s'interroge sur la nécessité de mettre en place des règlements pour limiter la production d'embryons au nombre d'embryons susceptibles d'être implantés.


L'expert des cellules souche Dan Perry, directeur de l'"Alliance for Aging Research", a dit au groupe qu'il soutenait l'utilisation d'embryons congelés à des fins de recherche à cause du bénéfice potentiel que les malades pourrait en tirer.


Des cellules souche embryonnaires ont le potentiel voulu pour développer presque tous les tissus du corps humain. La plupart des scientifiques croient que les cellules souches adultes prises de tissu déjà formés ne peuvent pas avoir le même potentiel.


Pour cela, Perry soutient que les recherches limitées aux cellules souche adultes ralentiront les avancées médicales potentielles possibles. Parmi de telles avancées, on peut inclure des médicaments thérapeutiques rapides et moins coûteux et des traitements médicaux pour des patients frappés par le diabète et par la Maladie de Parkinson, a-t-il dit.


Perry ne croit pas que l'accès aux embryons pour la recherche doive être limité.


Le Président George W. Bush a annoncé en août dernier que le financement fédéral serait limité aux recherches des seules cellules souches déjà existantes.


Perry soutient l'idée que des fonds publics aident la recherche sur les embryons, parce que cela augmenterait la part de responsabilité des autorités dans un secteur qui pourrait vite devenir l'objet d'un trafic et d'abus. Le financement public de ces recherches tiendrait aussi compte de résultats médicaux plus rapides, a-t-il dit.


Kevin Wilson, directeur de politique publique au sein de la Société américaine de la Biologie Cellulaire, a été d'accord avec Perry. La recherche embryonnaire a le potentiel voulu pour permettre beaucoup d'avancées médicales significatives, a-t-il dit. Les autorités ne doivent pas entraver le cours des recherches et la découverte d'avancées bénéfiques, a-t-il dit.


"Il y a énormément de choses que nous ne connaissons pas, ne prenons donc pas la décision de nous retirer," a dit Wilson.


Perry considère comme étant moral le fait d'employer des embryons pour la recherche parce que cela améliorera la situation de vie des patients. Il a reconnu, cependant, que la question de l'usage d'embryons humains dans le cadre de la recherche est moralement ambiguë et il a exprimé le souhait que l'Eglise s'exprime à ce sujet. 


Après avoir dialogué avec les experts, deux membres de l'équipe spéciale, la pasteure Amy Laura Hall, professeur adjointe d'éthique théologique au "Duke Divinity School" et Sondra Wheeler, professeur d'éthique chrétienne au "Wesley Theological Seminary" , a mené une discussion sur les implications morales de la fécondation in vitro.


Deux membres de l'équipe spéciale provenant de Conférences Centrales de l'Eglise à l'extérieur des Etats-Unis ont fait remarquer que la procréation assistée n'était pas une question morale urgente dans leurs pays.


Djumba Mamba, un généticien agricole de la République Démocratique du Congo (RDC), a dit par le biais d'un interprète que son pays avait beaucoup d'enfants vivant dans les rues et une grande pauvreté suite à la guerre et à la maladie.


"Nous avons tant à faire que la fécondation in vitro est le moindre de nos soucis," a dit Mamba.


Le pasteur Ray Sison, aumônier et ancien professeur de physique à l'Université des Philippines, a dit que son pays faisait face à des soucis plus urgents comme le grand nombre de gamins dans la rue, les mauvais traitements infligés aux enfants de la famille sont aussi en hausse et puis il y a la question du travail imposé aux enfants.


Et Mamba et Sison ont reconnu que l'Eglise a bel et bien raison de traiter de la question de l'utilisation des embryons, bien que ce soit sans rapport avec leurs pays du Tiers-Monde.


Hall a dit que l'Eglise devait relever combien d'argent est dépensé pour aider des couples stériles à avoir un enfant aux Etats-Unis en proportion de l'argent dépensé à soutenir des enfants pauvres. ...


L'équipe spéciale se rencontrera de nouveau en mai.


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*Rouse est chargée de la communication au sein de la Conférence Annuelle de Washington-Baltimore. 

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)