France: «De Charisma aux méthodistes - L'évangélique, un missionnaire moderne» Un article du Monde des Religions

A côté d’un portrait d’une communauté charismatique de la région charismatique, les chroniqueurs du Monde des Religions du mois de septembre 07 dresse le portrait de la communauté méthodiste de Montélimar. Nous le publions ici.


«Bienvenue ma soeur!» C'est plus qu'un cri d'accueil, c'est un élan. Et l'on est à peine arrivé à Charisma Eglise Chrétienne, ce dimanche matin, onze heures, à Saint-Denis, en banlieue parisienne, qu'un tourbillon d'adeptes souriants et chaleureux nous entoure, quasiment tous d'origine africaine ou caribéenne - cravates et tenues d'apparat - et nous conduit dans un ancien entrepôt de trois étages, bondé. «Applaudissez Jésus! Applaudissez les nouveaux!», hurle le pasteur Ayo sous les acclamations. Sur l'estrade, un orchestre se produit. Karaoké dans toutes les pièces. «J'intensifie mes récoltes, je récolte lourd, ma vie financière commence à prospérer», s'époumone le prédicateur, tandis que circulent les enveloppes des offrandes, « semence d'amour ». Il introduit l'invité d'honneur, son homologue new-yorkais Bill Wilson. « Oubliez tout ce que les autres pasteurs ont dit! Écoutez-moi! attaque celui-ci, la voix déjà cassée, une traductrice s'efforçant de suivre ses décibels. Pourquoi dois-je passer par toutes ces difficultés? Pour me blinder!» S'appuyant sur son expérience d'ancien enfant des rues, Wilson appelle à l'engagement, au gré des illustrations choc qui défilent sur l'écran. Force qui donne et qui reçoit, le Saint-Esprit est l'autre star du jour. On invoque sa bénédiction sur le réseau caritatif créé par Wilson, Metro Ministries International, avec un but avoué: des vies transformées par Dieu. Les « nouveaux» sont pris à part, leurs noms et coordonnées sont notés, un rendez-vous pris avec eux dans la semaine. Charisma revendique 7 000 fidèles et en accueille 80 nouveaux en moyenne chaque dimanche.


Cap sur Montélimar, dans l'église évangélique méthodiste conduite par le pasteur Grégoire Chahinian. Quart d'heure provençal oblige, le culte commence en retard. Dans l'entrée à droite, une affiche de l'Alliance biblique française titre: « La Bible, un livre à découvrir ». Sur la gauche, des livres sur six rangées d'étagères. Des versets décorent les locaux, jusque dans les toilettes, où des mains pieuses ont écrit en feutre noir sur papier jaune: «Même si les collines venaient à s'ébranler, mon amour pour toi ne changera pas» (Isaïe 54, 10). Quant aux mauvaises langues, elles sont mises en garde à gauche du lavabo: « Qu'aucune parole mauvaise ne sorte de votre bouche» (Éphésiens 4,29).


Mais voilà le culte qui commence. Mélange de décontraction et de recueillement, la première partie alterne cantiques (que beaucoup chantent assis) et lectures bibliques. Vient ensuite la prédication, assurée par une missionnaire du cru, Nathalie Saint-André. Cette institutrice revient du Cameroun, où elle a oeuvré durant deux ans auprès du peuple Kwanja. Sa tâche? Contribuer à la traduction et à la diffusion de la Bible en langue locale, au service de la mission protestante Wycliffe. Nathalie Saint-André détaille son expérience mais n'oublie pas ses 70 auditeurs. Elle conclut: «On est aussi missionnaire dans sa famille, dans son voisinage, dans sa commune.» Après son exhortation, illustrée par une projection Powerpoint, l'assemblée partage jus de fruits et parts de tarte.


Enthousiasme à Charisma, piété biblique à l'église méthodiste. Deux cultures, deux sensibilités, mais un même mot d'ordre: actualiser le témoignage missionnaire évangélique.

Sébastien Fath et Gaëtane de Lansalut


septembre-octobre 2007

Source: Le Monde des Religions