France: 3 questions au pasteur Jean-Arnold de Clermont président de la Fédération protestante de France

<1. Que faut-il retenir des cent premières années de la Fédération protestante de France? 

En cent ans, la Fédération protestante a su construire une image de dialogue et d'ouverture: le dialogue interne a permis de rassembler les protestants des familles luthérienne, réformée, baptiste, évangélique et pentecôtiste autour d'un projet associatif qui les laisse autonomes dans leur identité théologique et spirituelle, mais qui, simultanément, les engage à l'interpellation réciproque et au témoignage commun dans la société. Cette exigence du débat interne au protestantisme conduit à une participation active aux débats de société dès lors que des questions touchant à la justice et à la place de la personne humaine dans les projets sociaux, économiques et politiques sont en jeu. 

<2. Quels sont les enjeux actuels de la FPF ? 

Les enjeux actuels de la FPF sont liés en grande partie à la pérennité de son témoignage, l'image qu'elle donne du débat interne et de la participation aux débats de société est soumise au double défi « évangélique» et « laïque ». J'appelle défi évangélique le poids des caricatures développées sous ce terme. 

L'évangélique ne serait-il pas ce protestant borné, soumis aux idéologies importées des USA et qui, à terme, voudrait implanter un magistère du religieux sur le politique? C'est à l'opposé de ce que nous vivons et croyons; précisément parce que le débat interne est privilégié, et que les « évangéliques» qui ont rejoint la FPF l'ont fait pour cela, et pour l'ouverture qu'elle offrait. À l'opposé, le défi laïque serait aujourd'hui de vouloir cantonner le religieux dans la sphère privée, comprise comme confinée entre les murs d'une Église et ayant le moins possible une expression publique. L'enjeu majeur pour la FPF, attachée au témoignage commun et public de la foi, est d'encourager les protestants à être des témoins de l'Évangile qui façonne leur identité, témoins actifs au sein d'un débat public dont ils ne sont que des acteurs parmi d'autres, en débat avec d'autres. 

<3. Comment voyez-vous l'avenir de la Fédération? 

Les prochaines années exigeront de la FPF une grande vigilance pour que le protestantisme ne soit pas marginalisé, alors même que la place du religieux dans la société française est en question. Le renforcement du pacte fédératif, en relation avec l'élargissement de la FPF, de même que l'expression publique, devront être au coeur des engagements de la Fédération. 

Mais en définitive, la Fédération protestante de France ne sera jamais que ce que les Églises et associations auront souhaité en faire. 


Propos recueillis par Myriam Delarbre, responsable du service info-com-doc de la FPF

Source: BIP 1613-15 octobre 2005