<11.02.99 Bosnie, terre de contrastes

L'Evêque Henri Bolleter de la «Conférence Centrale du Centre et du Sud de l'Europe» de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) répond aussi du travail de l'Eglise en Bosnie-Herzégovine. Il rend compte dans les colonnes du journal "Kirche+Welt" d'une visite qu'il a faite dans ce pays: «dans la deuxième partie de janvier, j'ai voyagé avec mon épouse en Bosnie, une terre de contrastes. Les quartiers toujours encore détruits et totalement inhabités de Sarajevo et de Mostar de même que les nombreux villages abandonnés, à l'état de «terre brûlée» et de ruines constituent la face problématique du pays. Le grand nombre d'usines détruites nous indique que la reprise économique n'est possible que de façon limitée ou exige de très gros investissements. Nous avons pris alors conscience des raisons pour lesquelles le retour des réfugiés s'opère très lentement. Le point critique, ce sont aussi de problèmes humains: le défaut de réconciliation, une méfiance fortement ancrée et la peur. Le côté positif, ce sont les programmes «intégrés» visant la reconstruction des villages. L'UMCOR, notre oeuvre humanitaire méthodiste, est fortement impliquée dans ces programmes. Les maisons sont reconstruites, l'adduction d'eau et l'électricité sont rétablis, des écoles sont pourvues de l'équipement le plus élémentaire. Une collaboratrice coordonne le retour des gens. En collaboration avec l'HEKS, des animaux sont fournis ainsi que des prêts pour le redémarrage de l'agriculture. Autre élément positif, la mise en oeuvre d'un projet de réconciliation par notre pasteur Zvonimir Vojtulek: à la frontière entre le territoire croate et musulman et au centre de la ville de Mostar, il ouvre un local chaque semaine pour permettre aux couples mixtes et à leurs familles, qui vivent séparés des deux côtés de la frontière, de se rencontrer. Ces personnes craignent de se rendre mutuellement visite, mais elles sont prêtes à se rencontrer dans un endroit «sécurisé». Un autre jour de la semaine, les locaux sont souvent laissés ouverts pour les parents d'handicapés, mais aussi aux enfants blessés de guerre. Le contexte culturel est tel là-bas qu'on souhaite cacher ses enfants infirmes du regard des autres. Nous pouvons aider à faire avancer les choses. L'UMCOR cherche par exemple du mobilier et du matériel pour la réouverture des écoles. Pour de courts engagements sont recherchés des paysans expérimentés, mais aussi des assistants pour le travail au bureau (par exemple en informatique). Il vaut mieux connaître l'anglais ou une des langues parlées localement. Notre témoignage vise à rétablir les conditions de vie normales. Partout où l'on nous demande nos raisons d'espérer, nous n'avons pas de honte à en parler.»


>Source: Kirche+Welt