11.09.98 La situation au Congo du point de vue de deux collaboratrices suisses 

Dans le périodique "Kirche und Welt N° 18", Christine Schneider-Oesch a interviewé la sage-femme Elisabeth Guldener et le médecin Ruth Zolliker rapatriées en Suisse en raison de la guerre. Les deux femmes sont des collaboratrices à l'Hôpital de l'Eglise Évangélique Méthodiste à Kabongo, au Nord-Katanga. Nous vous donnons quelques extraits de cet interview: 

Question (F): Quelle était l'ambiance à Kabongo au moment de votre départ? 

Elisabeth Guldener (EG): Depuis un certain temps, il y avait déjà davantage de soldats à Kabongo, ce qui était inquiétant en soi. L'Agence Nationale de Renseignements (ANR) commençait à serrer les vis. Les vols devaient ainsi être signalés deux jours à l'avance et à chaque fois le pilote était accompagné d'un fonctionnaire de l'ANR. A d'autres endroits de la région, les radios avaient été confisquées par l'ANR. Néanmoins, la situation était restée calme. Les habitants de Kabongo avaient été du côté de Kabila et espéraient que les troupes gouvernementales réussiraient à mater la rébellion aussi vite que possible. 

F: Quel a été ensuite le déclic pour votre
rapatriement?
Ruth Zolliker (RZ): Toujours plus de nouvelles inquiétantes commencèrent à nous parvenir, comme Elisabeth venait de le rapporter. Et quand les Services secrets ont commencé à nous confisquer les radios, notre situation en pleine brousse est devenue toujours plus incertaine. Privés de radio, nous n'avions plus de contact avec le monde extérieur et nous n'avions également plus de liaisons aériennes. C'est ainsi que nous avons pris la décision de partir, la mort dans l'âme. 

F: Quelles précautions avez-vous prises pour votre rapatriement? 

EG: Nous avons eu cette fois non pas un jour mais trois jours pour tout organiser. Et comme les précautions que nous avons prises la dernière fois ont porté leurs fruits, nous avons pris les devants. Les mêmes personnes ont pris de nouveau la responsabilité de secteurs précis. Par ailleurs, le fait que Sabin Kapemba, notre nouvel administrateur ait été présent, a changé grandement les choses. Il s'est très bien adapté à son travail et assume là beaucoup de responsabilité. Nous sommes très heureux de l'avoir dans notre équipe. Nos propres affaires, nous les avons seulement bien rangées, sans 

chercher à tout cacher. Si jamais la situation devait s'aggraver, ceux-là qui sont chargés de veiller sur la maison, mettraient ces quelques affaires en sécurité. Les autres collaborateurs de Suisse et de France, qui exerçaient leur ministère au Congo, ont quitté également le pays. Béatrice Wittlinger reste pour l'instant en séjour en Zambie avec le collaborateur danois Claus Nielsen. Le lieu où ils étaient en poste, Mulungwishi, n'est de loin pas aussi exposé que Kabongo, en sorte que leur retour sur place devrait avoir lieu avant le nôtre. Eric et Céline Immer avec leur fille Clara, passaient leurs vacances en France, au moment où les troubles se sont déclenchés; ils devraient encore y rester dans la suite. 

Source: Kirche und Welt - Christine Schneider-Oesch