Le "Lindenpark" est une discothèque populaire à Potsdam, fréquentée surtout par les jeunes, entre 15 et 21 ans. Maintenant, cette boîte au bord de l'Havel veut devenir la boîte N°1 pour la musique black.
Par musique black, on entend moins la Soul ou le Hip-Hop que la musique agressive du Black Metal, Trash et Death que l'on croyait morte.
Une fois par mois a lieu le "vendredi Noir". Kai B., Gruftie, de la ville de Brandebourg, appartient déjà aux vieux avec ses 20 ans. Son credo : ne crois pas en Dieu, ne laisse personne te dicter quoi que ce soit. Kai ne se laque les ongles en noir que le week-end, il est justement à l'armée. Il aime s'affubler de bijoux et affectionne naturellement la couleur noire. A son majeur, il a placé une sorte de dé, un long objet pointu en argent - un truc menaçant qui n'a aucune signification particulière pour lui, assure mystérieusement Kai.
Comme son modèle, le Gothic-Heroe et chanteur américain Marilyn Manson, Kai prône l'"individualisme absolu".
Il refuse l'esprit bourgeois, le goût de la masse, le normal, les peurs de quotidien et avant tout l'Eglise. Il veut être différent à tout prix.
Aussi vénère-t-il le diable. Cependant les sectes et les messes noires lui sont suspectes. Il porte une croix renversée, signe caractéristique des adorateurs du diable, "parce qu'il ne veut pas remettre sa vie entre les mains de Dieu mais ne jure que par soi.".
Comme Kai, beaucoup de jeunes jouent avec le feu et seulement pour des raisons de mode. Mais certains satanistes entrent directement en conflit avec l'Eglise comme admirateur de l'anti-christ, du diable, - comme cela s'est passé à Oranienburg.
Sur le mobil-home de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), ont été posés des tags et en grands caractères l'expression "A mort le damné christianisme!" et en plus un pentagramme, le symbole des satanistes.
La police a pris contact avec le pasteur Meinhardt, qui poursuit un travail social auprès des jeunes dans un quartier populaire aux prises avec le chômage.
Le satanisme est avant tout un mouvement de jeunesse et l'occasion pour les jeunes de tester leur courage. Celui qui veut être enrôlé dans un cercle satanique d'adorateurs de diable, doit souvent passer avec succès des épreuves de courage et d'aptitude: parmi ces épreuves initiatiques figurent le vol, des actes de vandalisme, le fait de dormir dans des cercueils.
Manger des vers de terre ou boire de l'urine constituent un rituel. Ce rituel vise à s'entraîner au dégoût" et doit aider à surmonter les inhibitions. Chaque sataniste doit perdre toute réticence à blesser et à tourmenter les autres. Une seule devise porteuse, "fais ce que tu veux".
Daniela Weber, spécialiste des questions religieuses et responsable de formation en philosophie et religion, apporte une information sur le satanisme dans les écoles du Brandebourg. ....
Quand Weber finit son cours, les élèves viennent souvent la trouver pour lui parler confidentiellement. "Plusieurs ont peur et sont heureux de pouvoir en parler confidentiellement avec quelqu'un."
Les rapports évoquent la célébration de messes noires comprenant la mort rituelle d'animaux. "Le sexe joue un rôle important dans le satanisme", dit Daniela Weber. Le viol de femmes et d'hommes est même chose habituelle pendant les messes noires.
Un point inquiète particulièrement les Eglises et les experts religieux: la connexion croissante de l'extrême droite avec les satanistes du pays. Daniela Weber: "Il y a dans le Brandebourg de plus en plus de groupes qui servent et l'un et l'autre: le satanisme et le néo-fascisme." Ce qui relie les deux courants, c'est la protestation toujours plus vive contre la société établie qu'il s'agit de libérer d'une domination judéo-chrétienne prétendue étrangère.
Le plus souvent, ce son les groupes de Rock Black-Metal ou Death-Metal qui font le lien entre eux. Pour ces jeunes, les symboles martiaux sont populaires, la glorification des signes raciaux aussi de même que la vénération du mal comme pouvoir et non en dernier lieu le darwinisme social élitiste qui refuse la compassion et l'acceptation des faibles dans la société. Orienbourg et Koenigs Wusterhausen constitueraient le centre de tels groupes selon des observateurs.
A ce jour, la police ne veut pas croire à la généralisation du satanisme dans le pays. La profanation et la dévastatation des cimetières sont imputés le plus souvent à l''extrême-droite. Ulf Lange, commissaire en chef chargé de la jeunesse dans la Brigade criminelle de Basdorf, est l'un de trois fonctionnaires qui combattent le satanisme et les sectes.
La police ne peut parler de satanisme que dans des cas précis, rappelle Lange: uniquement quand un hexagramme ou que le terme de "Satan" ou encore que des symboles anti-chrétiens apparaîssent ou que des pierres tombales soient retournées. Le commissaire Lange met en garde contre l'influence dangereuse des groupes sataniques, quand bien même il ne tient pas à confirmer le lien toujours plus étroit entre les groupes d'extrême droite et les satanistes.
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07.05.2001
Source: Berliner Morgenpost - Luise Wagner