Après la législation, adoptée le 30 mai 2001, sur la «prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales», la France se prépareraitelle à adopter une législation interdisant les signes religieux à l'école?
C'est la question que l'on peut se poser puisque Jack Lang, ancien ministre socialiste de l'Éducation nationale, vient de déposer une telle proposition de loi à l'assemblée nationale.
Pour Émile Poulat, historien, interrogé par le journal La Croix, «La circulaire Jean Zay, de 1936, n'a toujours pas été abrogée, et elle règle le problème des signes religieux et politiques ostentatoires. À l'époque, il s'agissait des signes affichés par les groupes d'extrême droite, mais aussi par les mouvements catholiques de jeunesse. Concernant précisément le foulard, l'arrêt du Conseil d'État de novembre 1992 est très précis. Il renvoie à une gestion négociée et proche du terrain de ce problème.»
Le problème de la laïcité, c'est en réalité que les élèves, étudiants et enseignants d'appartenances religieuses et communautaires diverses, acceptent de vivre ensemble dans le respect et la paix. La laïcité reste avant tout un état d'esprit même si les revendications religieuses se font sentir. C'est précisément ces revendications que ron doit savoir gérer à différents niveaux. Une nouvelle législation contribuera t-elle à maîtriser ces situations?
Émile Poulat rappelle que, «depuis des années, les juifs pratiquants refusent que leurs enfants passent des examens le samedi, jour de shabbat, et que ces problèmes sont réglés au cas par cas sans faire la une des journaux.»
Interrogé par le même journal, Jean Baubérot, spécialiste de la laïcité, affirme de son côté que la «laïcité française a beaucoup à apprendre de ce qui se pratique hors de nos frontières». Il ajoute que «nous sommes dans une société mondialisée, où la laïcité ne peut plus être française comme si les frontières étaient étanches et comme si l'État nation disait l'universel. Aujourd'hui, la laïcité doit se vivre à plus grande échelle. Cela ne veut pas dire que la France renonce à ses valeurs mais qu'elle les propose aux autres, qu'elle reçoit également des autres et qu'elle invente dans le partage et le dialogue, voire la confrontation.»
Dans un rapport remis récemment au Président de la République, le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, appelle à un «nouveau dialogue État-religions». Contrairement à la Fédération protestante de France qui, elle, est favorable à un toilettage de la loi de 1905, le grand rabbin ne demande ni révision ni abrogation de la loi de 1905. Il prône une nouvelle logique où elle ne serait plus à chercher dans ce que l'État doit donner aux religions mais dans ce que les religions peuvent apporter à la société et donc à l'État.
Source: BIA