Etats Unis, Dallas : Reproduire la Bible à la main - un travail d’amour et de foi par un homme de Dallas

 Par Steve Smith*


Le résultat concret de la vie de James Pepper pendant 18 dernières années est étalé sur le sol et les tables de son appartement et dans une pièce qui lui est réservée à l’église évangélique méthodiste Highland Park, où il travaille en tant que bénévole.


Depuis 1987, Pepper, courtier en investissements, a minutieusement copié mot à mot des portions de la Bible ; il le fait à l’ancienne, de la même manière que les scribes des siècles passés : avec un stylo à plume et de l’encre noire sur de simples feuilles de papier à dessin et en utilisant des caractères calligraphiques anciens. Il répugne à utiliser un ordinateur.


Après avoir consacré jusqu’à 16 heures par jour à copier à la main le Nouveau Testament en entier – un tâche achevée en 1995, Pepper arrive maintenant au terme d’une autre étape : un manuscrit enluminé des Evangiles – 304 pages magnifiquement illustrées entièrement réalisées à la main dans le cadre d’un projet de 550 pages accompli en quatre ans.


Comme les anciens scribes qui faisaient figurer dans leurs Bibles des objets de leur époque, Pepper a ajouté des représentations multicolores de la navette spatiale, de Skylab, de la flore et la faune du Texas, du Titanic et des tours jumelles du World Trade Center, où quatre de ses amis sont morts lors de l’attaque terroriste du 11 septembre 2001.


Il dit que la « Bible de Pepper », comme il l’appelle, est l’une des très rares Bibles manuscrites illustrées réalisées au cours des derniers 500 ans. 


« Rien ne vaut la confiance en Dieu pour que la page soit belle, que l’on soit inspiré au moment où la plume touche la page ; ce n’est qu’à ce moment-là que vous savez comment faire lorsque vous écrivez l’Ecriture », note Pepper sur son site www.hometown.aol.com/biblescribe1/index.htm. « Vous devez avoir confiance en votre foi et en l’inspiration divine pour faire en sorte que les pages deviennent aussi belles que possible »


Un manuscrit enluminé est un livre assemblé à la main et écrit à la main, décoré de lettrines et de dessins en couleurs, sans utilisation d’imprimantes ni d’ordinateurs. Les Bibles enluminées étaient courantes au Moyen Âge, mais la technique de l’imprimerie a fini par les rendre obsolètes.


Des moines bénédictins de l’Université de St Jean à Collegeville, Minnesota, ont récemment réalisé 1'150 pages enluminées pour leur propre Bible, dont ils estiment la valeur à plus de 3 millions de dollars. Mais ils ont utilisé des ordinateurs pour la mis en pages, encore que la majeure partie du travail d’écriture ait été faite à la main. Ils collaborent avec Donald Jackson, scribe de la reine d’Angleterre et l’un des meilleurs calligraphe au monde.


A la recherche d’un éditeur


Pepper est à la recherche d’une compagnie qui pourrait publier et imprimer sa Bible en tant qu’ « édition haut de gamme », dans le style de la Bible Pennyroyal Caxton, une version King James réalisée et illustrée par Barry Moser ; le produit des ventes pourrait contribuer à rebâtir des églises détruites par les ouragans Katrina et Rita. Pepper dit qu’il ne sait pas combien sa Bible coûtera, mais il aimerait au moins récupérer son investissement, ajoutant toutefois qu’il n’a encore aucune idée de l’argent qu’il a mis dans ce projet.


Bien que n’utilisant pas lui-même un ordinateur, il étudie la possibilité de transférer son œuvre finale sur DVD de manière que tout le monde puisse voir sa Bible.


Pepper a fait l’objet d’une abondante couverture médiatique dans la presse locale. Ses travaux ont été présentés au Biblical Arts Center, un musée non-dénominationnel de Dallas, ainsi qu’aux Congrès de la Ville et du Livre à Florence, Italie. 


Scott Peck, directeur du Biblical Arts Center, a déclaré en 2005 au Dallas Morning News que l’œuvre de Pepper est une rarité. « J’ai libéré la galerie pour cela », a-t-il affirmé en rapport avec l’exposition qui a eu lieu en mars et avril dernier. « Personne d’autre ne fait ce genre de travail. Le seul autre projet de ce type que je connaisse est celui de la Bible de St Jean au Minnesota ».


Des responsables ecclésiastiques du monde entier ont marqué leur appréciation pour ce travail.


« Il a été donné à très peu de gens d’entreprendre, ni même d’envisager, un travail de proportions aussi herculéennes », à écrit l’archevêque anglican de New York dans une lettre à Pepper datée de 2001. « Ce que vous avez fait est une œuvre qui, pour autant que je sache, est sans parallèle dans les temps modernes. C’est un témoignage très fort au Dieu vivant ».


Et ceci, venu en 2002 de responsables catholiques romains du Vatican : « Sa Sainteté prie pour que votre labeur vous aide chaque jour à découvrir dans les écrits inspirés de l’Ancien et du Nouveau Testament un support pour la foi, une nourriture pour l’âme et une source permanente de vie spirituelle ».


Pepper a déclaré au Service de presse evangélique méthodiste qu’il pensait entreprendre un projet semblable consacré à l’Apocalypse, comprenant des enluminures représentant des dragons et d’autres monstres décrits dans le dernier livre du Nouveau Testament. « C’est une vocation, pas un passe-temps », dit-il. « C’est l’aspect religieux de la chose qui m’amène à affirmer que c’est une vocation. Cela reflète qui je suis. On peut toujours changer de passe-temps, mais je préfère faire ceci pour le reste de ma vie. C’est simplement quelque chose que je dois faire ».


Une passion de toute une vie


La »vocation » est venue très tôt, à l’âge de cinq ans, lorsque son père, qui travaillait dans l’édition, l’emmenait dans les musées municipaux de New York, où l’enfant regardait avec admiration les anciennes Bibles qui y étaient exposées.


« Chaque fois que je les voyais, je savais que je pourrais le faire, que c’est quelque chose que j’avais à faire », raconte Pepper.


Il a commencé son projet de Nouveau Testament lorsque sa grand-mère fut victime d’une attaque. Après la mort de sa grand-mère, neuf ans plus tard, Pepper commença à soigner sa mère, atteinte d’un cancer. Il termina son Nouveau Testament de 677 pages et 110 dessins en 1995, juste à temps pour que sa mère puisse le voir avant de décéder.


Pepper avait terminé quelques livres de l’Ancien Testament lorsque eut lieu l’attentat du 11 septembre, qui tua quatre de ses amis. Pour rappeler cette tragédie et honorer la mémoire de ses amis, Pepper créa un livre des Evangiles semblable au Book of Kells, le vieux recueil des Evangiles de Dublin, Irlande, avant de s’attaquer à son projet des Evangiles.


Autre œuvre de Pepper : un Polyglotte interlinéaire en grec, anglais et latin qu’il a réalisé en traduisant le Polyglote compultésien d’Alcala, Espagne, datant du début du XVe siècle. « Polyglotte » signifie des traductions en plusieurs langues et « interlinéaire » indique que chaque ligne du texte original est suivie de lignes présentant son équivalent dans les autres langues.


« Quand vous écrivez une page, il faut vous laisser aller et vous laisser guider par le Saint Esprit », relate Pepper sur son site. « C’est quelque chose que vous ne pouvez pas planifier. Vous devez suivre le flux de l’Ecriture, votre inspiration et l’œuvre du Seigneur. Le résultat est l’expression tangible de la foi d’une personne ».


Pepper a dit au Service de presse évangélique méthodiste qu’il espérait que ses réalisations lui permettraient de « ramener les gens à l’Eglise », compte tenu notamment du fait de la vénération qu’ont beaucoup de gens pour les Bibles anciennes, même s’ils ne sont plus allés dans un lieu de culte depuis des années.


« Il est bon de savoir que cela inspire des personnes qui se sont éloignées de l’Eglise à y retourner, parce qu’elles voient quelque chose qu’elles estiment impossible et qu’elles se disent : « Bon, ce type a assez de foi pour faire cela…tout ce que j’ai à faire est d’y aller et de passer la porte », dit Pepper.


Il raconte qu’il a vécu l’un des ses « grands moments » au Biblical Arts Center, lorsque son œuvre y était exposée. Des classes entières d’élèves des écoles ont passé une matinée à dessiner des pages de la Bible sur le sol de la galerie. Leur assiduité au travail rappela à Pepper la raison pour laquelle il s’impose une tâche si ardue et fastidieuse.


« Ils écrivaient sans relâche et certains d’entre eux avaient choisi quelque chose de personnel, copiant un verset biblique et se l’appropriant. C’est justement de cela qu’il s’agit : encourager les gens à sortir de la routine et à exprimer leur passion pour Dieu dans des formes auxquelles ils n’auraient jamais pensé auparavant ».


« J’encourage chacun à prendre une plume et écrire un passage, à le décorer et à le faire sien».


*Smith est un auteur indépendant basé à Dallas


7 février 2006


Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)