14/03/2000 France: Libération titre : "Bush, favori des chrétiens ultras". La droite religieuse mise sur le candidat républicain pour propager ses idées

 

George W. Bush et Al Gore sont désormais assurés de l'investiture de leur parti respectif pour la présidentielle de novembre. RICK WILKING. de l'agence REUTERS rend compte dans les colonnes du quotidien parisien LIBERATION de la visite que George Bush Jr, a rendue le 2 février à l'université Bob-Jones, bastion ultra-religieux et conservateur. Il explique aussi l'influence que joue la droite religieuse dans le jeu électoral du candidat républicain Georges Bush Jr, méthodiste de surcroît. En voici un extrait significatif:

«Au Texas, au cÏur de la «Bible belt» (la «ceinture biblique» qui comprend les Etats du Sud très religieux), Bush a fait depuis longtemps de la droite chrétienne l'un de ses principaux alliés. La raison en est simple: depuis six ans, celle-ci a pris le contrôle du Parti républicain de l'Etat, et représente environ 70 % de ses membres. Sans son soutien, Bush ne serait jamais devenu gouverneur en 1994 ni réélu en 1998. Tout cela pourtant avec une plate-forme jugée plutôt modérée, dont le message centré sur un «conservatisme de compassion» reste au cÏurde sa campagne présidentielle.

Sur ses terres, Bush, un méthodiste qui a «redécouvert» la religion en 1985, joue un drôle de jeu avec la droite chrétienne. Dans un livre qui vient de paraître (Shrub: the short but happy political life of George W Bush. Random House), la journaliste Molly Ivins évoque ainsi «la danse» du gouverneur avec les religieux, assurant que ce dernier «a donné suffisamment à manger aux lions pour qu'ils ne l'attaquent pas», sans cependant aller assez loin pour devenir le candidat des ultras. Sur le sujet très sensible de l'avortement par exemple, il n'a jamais assuré qu'il ferait de convictions anti-IVG une condition obligatoire à la nomination d'un nouveau juge à la Cour suprême. Au grand dam des intégristes.

Toutefois, selon Charlotte Coffelt, de l'association Americans United, qui combat l'influence de la religion en politique, «le danger aujourd'hui est réel». «Certes, Bush ne peut pas se permettre de perdre les républicains modérés s'il veut décrocher la Maison Blanche, poursuit-elle, mais il sait ce qu'il doit à la droite chrétienne texane, et le mouvement attend quelque chose en retour.» Au Texas, Bush n'a pas pu éviter de faire des concessions aux «extrêmes». Plusieurs des membres de son administration appartiennent à la droite chrétienne. Devant la législature de l'Etat, le gouverneur a soutenu une loi qui interdit aux médecins de pratiquer un avortement sur une mineure sans autorisation parentale. Il s'est également battu pour empêcher l'adoption par les couples homosexuels, ou pour tenter d'imposer la prière dans les écoles publiques.»

>Source: Libération 14 mars 2000