Zimbabwe, Harare : un pays en pleine détresse : le dictateur exige des solutions de la part des églises

Les responsables d'église très critiques à l'issue de leur rencontre avec Mugabe


Au Zimbabwe, les responsables d'église protestants et catholiques se sont heurtés à un mur d'incompréhension, parce que, lors d'une rencontre avec le président de la République Robert Mugabe, ils étaient restés critiques à l'égard de son régime. Au monarque de 82 ans, il est reproché d'avoir conduit à la ruine ce pays sud-africain autrefois florissant. En outre, il est rendu responsable de la mauvaise gestion et d'atteintes aux droits de l'homme. Selon l'agence de presse œcuménique ENI, les représentants du Conseil National des Eglises, de l'Alliance Evangélique et de la Conférence des évêques catholique participaient à la discussion dans la résidence de Mugabe le 25 mai à Harare. L'évêque Trevor Manhanga de l'Alliance disait qu'on avait parlé de la situation politique ainsi que de l'économie, de la formation et du programme de redistribution de terres. Le président de consistoire du Conseil Peter Nemapare se montrait "enthousiasmé" par la rencontre. La discussion aurait porté sur la manière dont les églises pourraient aider le pays à sortir de l'impasse à laquelle "des forces du dehors" l'auraient acculé. Selon la télévision d'État, Mugabe aurait demandé aux églises de présenter des solutions aux problèmes que connaît le Zimbabwe.


Le taux de l'inflation dépasse 1 000 %


La situation s'aggrave d'année en année : la pauvreté s'étend, ainsi que la faim et le nombre des sans-abri. L'inflation galopante a dépassé les 1 000 % en avril selon ENI. Selon des experts économiques, 85 % de la population vivent dans la pauvreté extrême. Tandis que les opposants tiennent Mugabe et son parti ZANU pour responsables de cette déconvenue, son gouvernement renvoie la responsabilité de la crise à la sécheresse et aux sanctions que les USA et l'Union européenne ont prises après les élections présidentielles contestables de 2002.


Eglise Méthodiste : les gens souffrent à cause du gouvernement


Jonah Gokova de la conférence nationale des pasteurs disait qu'il aurait souhaité une critique encore plus acerbe de la politique de Mugabe. "Les responsables d'église ont manqué l'occasion de montrer leur solidarité avec le peuple pauvre et souffrant du Zimbabwe", cité par le journal indépendant Sunday Standard. "Les gens souffrent à cause de la politique du gouvernement ; c'est cela même que les responsables d'église auraient dû dire au président Mugabe", expliquait l'évêque évangélique méthodiste Levee Kandenge.


Mugabe assassinait ses adversaires


Le vieux communiste était venu au pouvoir en 1980 dans l'ancienne Rhodésie. Jusqu'à 1987, il faisait tuer ses adversaires par des unités spéciales. Le Zimbabwe était considéré comme le grenier de l'Afrique avant que le gouvernement de Mugabe ne chasse presque tous les 4 500 fermiers blancs de leur pays en l'an 2000 pour le remettre aux mains de 130 000 noirs sans terre. En 2005, le régime a démarré l'épuration des bidonvilles. Les bulldozers ont détruit les huttes et les étals ; environ un million de gens ont été amenés dans un camp. Environ 71 % sur les 13 millions d'habitants que compte le Zimbabwe font partie des églises, 26 % se réclament de religions tribales, et le reste de la population se compose des non religieux et des adhérents à d'autres religions.


(N° 149 / 31.05.06 / 16 h 28)

Source: IDEA ALLEMAGNE