Suisse, Bâle: retour sur la Journée du Christ 2004

 Un succès sans précédent


Le dimanche 13 se clôturait en beauté la Conférence Annuelle de l’EEM Suisse/France à Thoune, tandis qu’à Bâle se déroulait dans un stade bondé de monde la Journée du Christ 2004, jour de prière et de jeûne traditionnelle en faveur de la Confédération Helvétique. Deux mois se sont déjà écoulés, EEMNI entend y revenir, car c’est inconstablement un événement de premier plan.


Les participants étaient finalement 40'000. Le plus grand stade de football de Suisse avec ses 31'000 places, auquel s'est ajoutée la patinoire de 9'000 places avec grand écran, était finalement trop petit pour accueillir l'ensemble des participants au Jour du Christ 2004. Plusieurs milliers de personne n'ont pu y accéder faute de place et sont repartis, soulignent les organisateurs. 


Les prédicateurs se sont succédés durant la matinée. Le président de l'Eglise réformée de Bâle-Ville, Georg Vischer, a insisté sur l'amour de Dieu manifesté à chacune et chacun. Le pasteur évangélique Karl Albietz, de Wetzikon dans le canton de Zurich, a prêché quant à lui sur le thème "Si Dieu donnait encore une chance à notre pays". Il a appelé les protestants à témoigner plus activement de leur foi dans la société. 


Elan de prière pour chaque ville de Suisse


Le point d'orgue de la manifestation a été le défilé des drapeaux des quelque 2'800 communes de Suisse, des cantons, et de 117 nations de provenance des habitants du pays. Les porteurs se sont rassemblés sur la pelouse, formant une croix au centre. Ils ont baissé leurs drapeaux durant la lecture d'un texte biblique. Par ce défilé des drapeaux, les Eglises organisatrices ont manifesté un élan de prière pour chaque ville de Suisse, en particulier pour ses autorités et ses habitants. La fête s'est poursuivie dans l'après-midi par des chants et des temps de prière. 


Le Jour du Christ a eu lieu pour la sixième fois depuis 1980. Il a notamment attiré 30'000 participants en 1991 au Wankdorf à Berne, et plus de 20'000 lors de la dernière édition, en 1996 au Stade de la Pontaise à Lausanne. La manifestation est organisé par le "Verband evangelischer Freikirchen und Gemeinden" (VFG), l'Alliance Evangélique Suisse, la Fédération Romande des Eglises et Oeuvres Evangéliques (FREOE), ainsi que la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS).


Nous relevons aussi le reportage signé Pierre Chambonnet, “Les fans de Jésus mettent le feu au stade” et publié au lendemain de cette célébration unique en son genre dans le quotidien LE TEMPS ; cet article n’a pas perdu de sa pertinence.


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Ils étaient 40 000 fidèles, dimanche au stade Saint-Jacques à Bâle, pour la sixième édition du Jour du Christ. Pour la deuxième fois, l'Eglise protestante a officiellement participé à une manifestation initiée par les communautés évangéliques. Les participants ont prié pour la Confédération et beaucoup chanté 


«Vous êtes de quelle communauté?» Au départ de Genève, dans le train spécial affrété par les CFF à destination de Bâle, la question s'adresse à un jeune évangélique valaisan. «Espace plénitude», répond l'intéressé en partance pour le plus grand rassemblement protestant de Suisse. «On démarre sur un mi?» s'enquiert un autre passager, avant de déclencher deux heures ininterrompues de chants de louange, savamment entrecoupés de «youhou» et d'alléluias retentissants. «Seigneur, cette journée est à toi», lance une fidèle avant d'entonner «L'Eternel est un papa pour moi.» 


A l'heure du coup d'envoi de l'Euro 2004, la grand-messe européenne du football, évangéliques et réformés de Suisse se sont réunis dimanche à Bâle, où ils ont investi l'un des temples helvétiques du ballon rond. Pour une fois, les fidèles ont afflué au stade Saint-Jacques non pour sacrifier aux dieux du foot mais pour dire leur foi en Jésus-Christ et témoigner de leur unité: chrétiens en provenance des Eglises libres, évangéliques et réformées ont rempli ensemble un stade transformé en lieu de culte géant. Pas moins de 40 000 fidèles ont répondu présent pour le Jour du Christ 2004, la grande kermesse de la foi protestante. Comme lors de la précédente édition, en 1996 à Lausanne, l'Eglise protestante était officiellement présente au milieu des nombreuses communautés évangéliques, au cours de cette journée de prière collective. La rencontre s'est déroulée à guichets fermés, dans un stade bondé où la ferveur des participants n'avait rien à envier à celle des occupants traditionnels des tribunes. Selon les organisateurs, plusieurs milliers de personnes ont dû rebrousser chemin, faute d'avoir pu entrer. 


«Nous sommes réunis ici grâce à Jésus, nous voulons remplir le stade de la louange de Dieu, remplir notre mission d'apporter la parole de Jésus dans ce pays, et prier pour la Suisse et son gouvernement.» Max Schläpfer, le chef d'orchestre de la manifestation de foi, annonce d'emblée la couleur dans son message d'accueil. Celle d'une foi partagée par les protestants, évangéliques ou non, au-delà des querelles de clocher. Entrecoupé d'intermèdes musicaux répercutés dans les gradins par une puissante sono, le culte géant peut alors démarrer. «Tu es une personne aimée», martèle de son côté le pasteur de l'Eglise réformée de Bâle-Ville, Georg Vischer, dans son message aux fidèles. Durant sa prédication, Karl Albietz, pasteur d'une Eglise évangélique libre à Wetzikon et l'un des initiateurs historiques du Jour du Christ, dépeint la Suisse comme un pays presque déchristianisé: «La Suisse est dans un coma spirituel. Qui peut s'y retrouver dans la jungle des idéologies et des philosophies? Notre pays souffre de cette situation, le désarroi du peuple est palpable et révèle une crise profonde.» Et le pasteur d'en appeler à «la force divine» qui doit aider les foules à résister aux puissants du pays. 


De la fanfare de l'Armée du Salut au hip-hop en passant par le cor des Alpes et le jodel, les instruments au service de la foi proclamée au stade Saint-Jacques se succèdent, dans une mise en scène parfaitement orchestrée. Savamment mis en valeur à grand renfort de synthé et de saxophone, les chants sont particulièrement soignés, au point de faire vibrer le stade tout entier. Çà et là, des gestuelles inspirées soulignent cette mise en scène de la foi. Certaines participantes se balancent d'une jambe sur l'autre, les yeux fermés, bras tendus et paumes ouvertes, sans doute pour capter toutes les vibrations. D'autres vivent plus discrètement leurs émotions. 


Pour véhiculer une image vivante et chaleureuse, une manière ostensible d'exprimer leur foi, les organisateurs ont en tout cas privilégié la corde émotionnelle. Mais pas de transes spectaculaires, seule la chaleur communautaire est perceptible. Issue d'un millier de communautés différentes en provenance de toute la Suisse, représentée par des participants de tous âges et souvent en famille, la vitrine du protestantisme évangélique helvétique vibre. En habitués de ces regroupements festifs de partage, les participants à ce spectacle de la foi donnent une image chaleureuse. Danses, chants, reportages vidéo se succèdent. Orateurs, prédicateurs et autres vedettes de la foi assurent le show. Tous les ingrédients sont réunis pour donner une dimension spectaculaire à la réunion de prière, un véritable culte festif et animé à la manière américaine. 


Mais au-delà du spectacle, la mosaïque protestante semble poursuivre à Bâle son unification, car les différentes communautés qui la composent se retrouvent sur l'essentiel: le témoignage de leur foi chrétienne et la promesse de s'engager concrètement aux côtés du Christ. Le Jour du Christ tient en effet ses promesses. Avec la constitution d'un réseau de prière basé sur les communes helvétiques, les croyants réunis à Bâle se promettent de continuer leurs prières pour tous les habitants et les autorités du pays. Un engagement symboliquement représenté par un défilé des 2800 drapeaux communaux, regroupés en une croix chrétienne sur la pelouse du stade. Mais pour se démarquer d'une manifestation à caractère nationaliste, le défilé a invité 117 étrangers – qui croient en Jésus-Christ et qui habitent la Suisse –, à mêler leur drapeau national à ceux des localités suisses. Suivant le rite emprunté à la liturgie footballistique, le public de fidèles salue l'entrée des drapeaux par des «olas». L'émotion est palpable dans les tribunes, à l'entame du chant «Grand Dieu nous te bénissons», l'hymne à cette super prière nationale.

Source: EEMNI/APIC/LE TEMPS